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Si on se faisait un printemps français ?

 De Me Trémolet de Villers dans Présent :

"Assistons-nous à la venue du blé en herbe ? [...] En tout cas, « l’imagination au pouvoir », l’autogestion de ses forces, la spontanéité éclairée de l’initiative sont des traits qui s’imposent depuis quelques mois et qui, je l’espère, vont s’accentuer dans les semaines qui viennent jusqu’au printemps. Si on se faisait, en France, en 2013, un printemps français ? Comme d’autres se sont fait un printemps arabe ! C’est ça qui serait vraiment déroutant, neuf… la vraie surprise, l’incroyable ?

Toutes les conditions sont réunies : il y a les troupes, qui sont à la fois jeunes et expérimentées. Il y a le nombre, nous l’avons vu et nous le reverrons. Il y a l’intelligence, et, dans cette intelligence celle qui domine les autres facultés : le coup d’œil et le sens du terrain.

Cette guerre est médiatique. Les grands médias nous sont, en majorité, hostiles. Mais les grands médias, plus encore que les autres, sont à la remorque de l’événement. Qui sait créer, intelligemment, l’événement, en surprenant et en se rendant sympathique, occupe, bon gré, mal gré, les médias. La journée des banderoles sur les boulevards périphériques parisiens l’a bien prouvé. Amitié des automobilistes. Surprise amusée et bientôt complice. Alerte des infos, et du coup passage en boucle, qui, en une journée, relance la présence et donc le moral des troupes.

A ce rythme, il importe, bien sûr, de l’emporter et de peser suffisamment sur les pouvoirs publics pour que ce projet soit retiré. Mais le bénéfice est déjà immense de la lutte elle-même, de l’exercice mené, de l’organisation d’une présence politique, sociale du laïcat catholique… alliée à d’autres bien sûr, sinon ce serait la négation même de l’efficacité, mais sachant être moteur, serviteur, et serviteur utile.

Si cette trajectoire se confirme, alors elle ne s’arrêtera pas en chemin. C’est dans ces actions que se révéleront les hommes d’action, et les vraies élites, non celles qui sont ainsi auto-décrétées, ou qui se cooptent parce qu’elles sortent des mêmes écoles et fréquentent les mêmes clubs, ou les mêmes partis (les mêmes loges), mais celles qui ont entraîné les autres et que leurs compagnons ont reconnues comme telles.

Je ne voudrais pas me livrer à ce que Péguy appelait « un enthousiasme qui ne serait pas ceinturé » mais la perspective de voir se dessiner un cursus honorum pour ceux qui ont l’angor patriae (que de latin ! un chemin des honneurs ou des charges pour ceux qui ont l’angoisse de la patrie), autre que les échelons gravis dans un parti pour obtenir l’investiture dans une circonscription, la sortie possible des routines pseudo-démocratiques qui nous ont valu les Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande… et les cliques qui les suivent, font l’effet d’un grand courant d’air frais.

A l’aune de cet espoir, on en viendrait à souhaiter que le pouvoir fasse encore durer, ne serait-ce que pour parfaire l’enchaînement des temps… mais, rassurons-nous le pain ne manquera pas sur la planche. Après le mariage, la famille, et là, il y a du travail pour au moins deux quinquennats.[...]

Restons attentifs aux signes de l’instant. Nous n’en sommes qu’au printemps du printemps."

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