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Pour Monsanto et ses semblables le Forum de Davos, c'est le pactole (2011)

« Ceux qui parmi nous ont eu affaire au Forum pendant quelques années savent quel formidable effet de levier est exercé par cette puissante plateforme » Muthar A. Kent, président de Coca-Cola.
« Il y aura une autre crise », prophétisait à Davos Robert Zoellick, ancien dirigeant de Gold-man-Sachs et président de la Banque Mondiale. Jetant ainsi un froid sur une assemblée qui depuis trois jours tentait de se persuader que le pire était passé. Si toutefois nul ne cachait l'inquiétude suscitée par la flambée des prix alimentaires due au coût du baril de pétrole et à la boulimie des pays en développement. Avec, faute d'une extension des productions et des stocks, cette épée de Damoclès des colères sociales allumées par l'explosion du prix des denrées de base.
Lors de sa précédente édition, le Forum Economique de Davos (WEF), convaincu que le projet mondialiste pourrait être mis en péril par la colère des populations affamées, un nouveau et ambitieux programme baptisé « Une nouvelle Vision pour l'Agriculture » avait été mis sur les rails. Le maître d'œuvre en est la Communauté des Industries de Consommation qui est un appendice du WEF. Outre l'agriculture, cette communauté supervise trois domaines : la consommation dite durable, l'aménagement des futurs besoins hydrauliques et la santé dans le monde. Lesquels se déclinent en six agendas essentiels à l'avenir de nos sociétés : maladies chroniques, sécurité alimentaire, nutrition, sécurité de l'accès à l'eau, consommation durable et gouvernance des océans. 26 des plus grosses multinationales de l'alimentation, de l'agro-alimentaire, de la grande distribution, de la chimie et des bio-technologies, c'est-à-dire toutes celles qui ont un intérêt financier et économique majeur dans les opérations menées par la Communauté des Industries de Consommation, sont ses partenaires.
La moitié de ces multinationales se sont par ailleurs investies dans la « Nouvelle Vision pour l'Agriculture » et au cours de l'année 2010 ont participé activement à l'élaboration de ce programme. Ces 17 sociétés méritent d'être citées, ne serait-ce que pour mieux préciser les contours de l'opération en train de se dérouler sous les grandes envolées lyriques et les promesses d'un « monde meilleur »... et durable ! Il s'agit donc de Archer Daniels Midlands (ADM), Bunge et Cargill, les principaux conglomérats céréaliers américains, BASF, DuPont, Monsanto, Syngenta, géants agro-chimiques, Yara International, premier distributeur mondial de nutriments et engrais azotés, Métro AG, Wal Mart pour la grande distribution, et les géants de l'alimentation industrielle Nestlé, Coca-Cola, Pepsi-Cola, Kraft, General Mills, Unilever, SAB Miller, le Sud-Africain, deuxième brassier du monde.
Cette Nouvelle Vision pour l'Agriculture, qui prétend doubler la production agricole mondiale dans les quarante prochaines années afin de satisfaire la demande de 9 milliards de tubes digestifs et les intérêts bien compris des humanistes cités plus haut, est probablement une des plus belles fumisteries que la Mondialisation ait produite à ce jour. Ses promoteurs ne faisant pas mystère d'y parvenir par une « seconde révolution verte » en tout point aussi néfaste que la première, la seule différence étant que les OGM remplaceront l'hybridation.
Une stratégie à trois "piliers", supposés être menés de front, permet de satisfaire tout le monde. Le premier traite de la sécurité alimentaire et des besoins nutritionnels du monde. Le second du respect de l'environnement. Le troisième de l'accession au pouvoir économique, notamment dans les pays pauvres.
LA NOUVELLE VISION POUR L'AGRICULTURE DE MONSANTO
L'homme qui a été désigné pour présider Nouvelle Vision pour l'Agriculture s'appelle Jerry Steiner. Il est président exécutif de Monsanto, chargé du Développement Durable. Ancien vice-président de Celera Genomics, spécialisée dans le séquençage du génome, il préside également le Conseil Stratégique Biotechnique de Croplife International, qui regroupe 7 sociétés, les « Big Ag » : BASF, Bayer, Dow AgroSciences, DuPont, FMC, géant de la chimie, Monsanto, Sumitomo, conglomérat industriel japonais majeur, Syngenta, spécialiste des OGM. Successivement appelé Groupement International des Associations Nationales de Fabricants de Produits Agrochimiques, puis Fédération en Charge de la Protection des Récoltes, Croplife affirme « se consacrer à la défense de l'agriculture durable par l'innovation dans la protection des récoltes, la biotechnologie des plantes et la production de semences ».
Jerry Steiner est également président du Council of Biotechnology Information (CBI) composé de BASF, Bayer, Dow, DuPont, Monsanto et Syngenta. Le CBI dispense « une information scientifique sur les avantages et la sécurité offerts par les biotechnologies agricoles et leurs contributions au développement durable ». En réalité une rapide visite sur son site Internet montre qu'il se consacre à peu près exclusivement à la défense des OGM.
Présidant donc aux destinées de Vision d'Avenir pour l'Agriculture, il explique sur le site de Monsanto Produire plus pour Conserver plus : « Ce sur quoi nous avons travaillé en prévision de Davos est la mise au point d'une stratégie qui permettrait de répondre aux défis associés au doublement de la demande prévu pour 2050. Et le faire de manière... que l'agriculture satisfasse les besoins de sécurité alimentaire et nutritionnelle du monde, ce qui signifie à la fois produire suffisamment globalement tout en augmentant la production là où elle n'est pas suffisante. On atteindra ces 80 à 100 % d'augmentation d'ici 2050 en accroissant la productivité dans ces lieux où la pénurie se fait dramatiquement sentir ».
C'est ce que ces gens appellent la « seconde révolution verte ». Leur cœur de cible se trouvera en Inde et en Afrique, qui, pour leur plus grand profit, seront appelées à multiplier les apports d'engrais chimiques et de pesticides, à développer l'irrigation et la mécanisation, à généraliser les bio-technologies et singulièrement les OGM.
La « première révolution verte », si elle a fait la fortune de Monsanto et des autres, a abouti au fiasco écologique désormais observable partout dans le monde avec la stérilisation des terres arables par les engrais chimiques, l'empoisonnement par les pesticides des eaux souterraines, la déstructuration des sols par l'irrigation et la mécanisation et les graves atteintes à la biodiversité animale et végétale dont est responsable le développement massif de l'hybridation. Encore cette hybridation faisait-elle appel à des principes respectant l'ordre naturel des choses. Ce qui n'est nullement le cas des Organismes Génétiquement Modifiés, où l'on mélange les gènes des différents règnes et dont en dépit des affirmations des scientifiques non seulement on ne dispose d'aucune preuve de leur innocuité mais on commence à percevoir de mieux en mieux leur dangerosité. D'autant que l'essentiel de la démarche OGM en agriculture consiste à renforcer les auto-défenses de la plante trafiquée afin de permettre un épandage massif des pesticides qui ont, et cela on le sait parfaitement, des effets absolument catastrophiques sur l'environnement.
Ainsi les média peuvent autant qu'ils veulent représenter le Forum de Davos comme une réunion sympathique du Gotha mondial politique et industriel. Il est aussi autre chose : là où ceux qui empestent ce monde se retrouvent dans la clandestinité des cabinets afin de mettre au point leurs petites saloperies.
Petrus Agricola  Rivarol 11 FEVRIER 2011

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