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Cameron : un « référendum » en forme de promesse électorale

Parce que David Cameron a promis à la fraction la plus conservatrice de ses concitoyens d'envisager la possibilité d'un référendum d'ici la fin de l'année 2017 sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne, ses partenaires européens poussent des cris d'orfraie. Pourtant, où est la surprise ?
Les déclarations du Premier ministre britannique du 23 janvier, concernant l'éventuelle organisation d'un référendum sur les liens qui doivent unir ou séparer le Royaume-Uni de l'Union européenne, aurait d'autant moins dû surprendre ses « partenaires européens » que ce discours était prévu - et reporté régulièrement - depuis plus de six mois. Sa teneur, confirmée notamment par ces reports successifs, était un secret de Polichinelle.
Dernier report en date, le 18 janvier. Alors que David Cameron devait s'exprimer, à Amsterdam, devant un parterre d'hommes d'affaires et de diplomates européens, son déplacement est annulé au dernier moment en raison de la prise d'otages qui se déroule en Algérie. Manifestement, c'est là une opportunité pour le Premier ministre britannique. Son entourage annonce en effet un report sine die, précisant que les date et lieu de la prochaine occasion seront annoncés « au moment opportun. »
Or, cinq jours plus tard, David Cameron prend de court ses partenaires européens en prononçant finalement son discours depuis le centre de la City. D'un exposé sur la scène européenne, le Premier ministre a fait un programme national ; ce qui constitue, pour lesdits partenaires, un véritable pied de nez !
A mieux y regarder, pourtant, David Cameron, au-delà du projet de référendum, s'est en réalité pleinement déclaré en faveur de l'Europe, dont il souhaite qu'elle soit un « succès », et a dénoncé la velléité d'« isolationnisme » que d'aucuns croient pouvoir lui prêter. À rebours des inquiétudes qui se font jour ici et là, la Commission européenne a d'ailleurs bien compris le message, et applaudit « la déclaration sans équivoque du Premier ministre indiquant qu'il veut maintenir la Grande Bretagne dans l'Union européenne ».
Pour quelles raisons David Cameron envi-sage-t-il, dès lors, de proposer un référendum?
Tout d'abord, sous la pression eurosceptique qui, depuis des mois, gagne l'opinion publique chez nos voisins britanniques.
Sous la pression des eurosceptiques
Ensuite, et surtout, parce que Cameron dénonce, avec des accents qui ne sont pourtant que de pâles échos de ceux de Margaret Thatcher, le fossé qui se creuse toujours davantage entre l'Europe et ses « citoyens ». C'est là, bien sûr, que réside le principal écueil du système européen, qui ne conçoit la démocratie que comme un totalitarisme. Mais on ne va quand même pas l'admettre devant le peuple !
Sitôt posée la délicate question de ce référendum, le Premier ministre britannique s'ingénie d'ailleurs à en supprimer tous les risques éventuels. Tout d'abord, en le reportant, sinon aux calendes grecques, du moins à la fin de l'année 2017.
Cette date a une raison électorale. D'ici là, aura eu lieu le référendum sur l'indépendance de l'Ecosse, dont le résultat pourrait bien affaiblir la politique du Royaume-Uni. Mais aussi, en 2015 prochaines élections, aux termes desquelles David Cameron espère bien conserver Downing Srteet. En promettant la lune à sa droite eurosceptique, il espère élargir ainsi sa base électorale. Non qu’elle soit si naïve... Mais il est le seul, aujourd’hui, à envisager un référendum...
Entre-temps, le Premier ministre réussira bien quelque tour de passe-passe qui, en rendant l’Europe plus acceptable, supprimera tout risque référendaire. Passe-passe, parce qu'il est impossible d'obtenir les « rapatriements de compétences » qu'il promet. Tout au plus peut-il envisager d’obtenir de nouvelles exceptions britanniques, lesquelles, depuis l'origine, Londres a construit sa politique européenne - qui se réduit au marché unique. Comme cela a été fait début janvier, par exemple, lorsque son Parlement a rejeté, au nom du principe de subsidiarité, le projet de directive européenne sur les quotas de femmes dans les conseils d'administration.
Après cela, David Cameron n'a plus qu’aller se faire applaudir à Davos, en déclarant : « Il ne s'agit pas de tourner le dos à l’Europe bien au contraire. »
Olivier Figueras monde & vie 5 février 2013

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