Le visage avenant du polygame Liès Hebbadj, propriétaire d'une boucherie hallal et mari de l'automobiliste verbalisée pour avoir conduit enfouie dans son niqab, est-ce le probable profil du Français moyen dans un futur désormais proche ? Si d'aventure la réponse est oui, la question se pose alors : comment en est-on arrivé là ?
Le président Pompidou, peu avant sa mort, avoua à ses proches qu'il avait ouvert les vannes de l'immigration en France à la demande des grands patrons désireux de pouvoir bénéficier d'une main-d'œuvre bon marché, cela aux fins de contenir les exigences des travailleurs français - n'oublions pas que c'est Mai 68 puis les accords de Grenelle qui firent roi l'ancien Premier ministre, après l'exil irlandais et la sortie sans gloire du bradeur d'Alger, désavoué en 1969 par un référendum perdu.
Trente-six ans ont passé depuis la mort de Georges Pompidou en cours de mandat. Et le même patronat avide renouvelle ad vitam aeternam ses demandes : les appels à l'immigration ne cessent pas, la soif de profits est inextinguible. Les secteurs économiques concernés sont désormais plus nombreux, dépassant le cercle du BTP ou de la restauration pour atteindre des professions autrefois épargnées telles que les ingénieurs ou les informaticiens. Il faut du reste noter que les rapports de la Commission européenne, du Medef ou du Business Europe (le Medef européen) n'ont jamais abandonné, depuis plusieurs décennies, la philosophie consistant à favoriser le « toujours plus » d'immigration. En 2008, le rapport Attali, commandé à l'ancien gourou de Mitterrand par Nicolas Sarkozy, dressait un tableau de plus de 300 mesures (catalogue de la Redoute du Politiquement Correct) parmi lesquelles une accélération au pas de l'oie de l'immigration. C'est d'ailleurs cette pente que suit religieusement le petit-fils du Dr Mallah depuis son élection, à travers le concept bidon de « l'immigration choisie ».
La thèse de l'immigration encouragée par des capitalistes manipulateurs pour faire pression à la baisse sur les salaires avait toujours été raillée par l'Establishment : c'était, assurait-il, un fantasme du FN.
Las ! pour la première fois, un rapport tout à fait officiel confirme cette intuition, émise par Jean-Marie Le Pen dès 1973 et qu'il a renouvelée le 1er mai dernier - cela dit, le doute n'était pas permis sur ce chapitre : depuis 1983, l'Insee évalue à 9,3 % du PIB les richesses qui ont glissé de la poche des salariés dans celle des actionnaires.
Jamais les bénéfices n'ont en effet été aussi hauts et les salaires aussi bas, un déséquilibre inédit depuis au moins un demi-siècle pour l'ensemble des pays industrialisés. D'après le Fonds Monétaire International, le FMI de M. Strauss-Kahn, la part des salaires dans le PIB des pays membres du G7 a baissé de 5,8 % entre 1983 et 2006. D'après la Commission européenne, au sein de la seule Europe celle fois, la part de la masse salariale a chuté de 8,6 % en moyenne ! Dans le même temps, la part des dividendes versés aux actionnaires est passé de 3,2 % à 8,5 % ...
Revenons au rapport confidentiel dont la teneur a été révélée fin avril par l'hebdomadaire Marianne, et qui date en réalité de 2009. Il émane du Conseil d'Analyse Economique, collectif placé sous l'autorité du Premier ministre, réputé fort sérieux et qui regroupe tout le gratin des économistes français reconnus, ceux que les télévisions et les journaux écoutent pieusement à longueur d'années.
Le texte explique en préambule qu'en économie, la notion de «pénurie» pour trouver des volontaires dans un secteur d'activité donné n'a pas de sens en période de chômage : à croire que nos experts sont des lecteurs assidus de RIVAROL ! C'est pourtant ce facteur qui est mis en avant par les Diafoirus de l'UMPS pour justifier le recours à l'immigration : ainsi, le bâtiment peinerait à recruter des dizaines de milliers de travailleurs en France, et il faudrait donc aller en chercher ailleurs, entend-on souvent dans les rangs de la gauche ou de la prétendue droite.
Malheureusement, rien n'est plus inexact. Répétant que « du point de vue de la science économique, la notion de pénurie n'est pas évidente », le rapport ajoute que le « fait que certains natifs rejettent certains types d'emplois peut simplement signifier que les travailleurs ont de meilleures opportunités que d'occuper ces emplois, et donc que les salaires correspondants devraient augmenter pour qu'ils soient pourvus ». Si l'on traduit ce charabia, on comprend que les auteurs pensent qu'une pénurie se forme lorsqu'un secteur n'offre pas de salaires attractifs.
En poursuivant ce raisonnement de bon sens, on comprend qu'au lieu d'augmenter les salaires, un certain patronat a tout intérêt à créer un manque, qu'il comblera en allant chercher outre-Méditerranée ou dans l'aride Afrique une main-d'œuvre prête à accepter au moins provisoirement des salaires plus faibles et des conditions de travail peu agréables. C'est d'ailleurs la conclusion à laquelle le rapport parvient, au terme de raisonnements charpentés et de chiffres : « Dans le cas du marché du travail, cela signifie qu'à la place de l'immigration des années soixante, on aurait pu envisager une hausse du salaire des moins qualifiés. »
Le rapport du Conseil d'Analyse Economique recense avec pertinence une série d'études françaises et étrangères qui ont tenté de chiffrer l'impact de l'immigration sur les salaires : « Atlonji et Card [NB : deux économistes reconnus] ont calculé qu'une hausse de la proportion d'immigrés d'un point de pourcentage réduit les salaires de 1,2 %. » « Hunt [NB : une autre économiste] trouve qu'une hausse de la proportion d'immigrés d'un point de pourcentage a réduit le salaire d'environ 0,8 %. » Le phénomène est planétaire, et les mêmes causes produisent les mêmes effets : concernant les États-Unis par exemple, « Borjas [NB : un célèbre économiste enseignant à Cambridge] conclut son étude en affirmant qu'entre 1980 et 2000, l'immigration aurait accueilli l'offre de travail d'environ 11 %, ce qui aurait réduit le salaire des natifs d'environ 3,2 %, et que cette réduction frappe la plupart des catégories d'expérience et d'éducation, mais de manière inégale ». Dans son article, le journal de gauche Marianne, pour une fois lucide, conclut avec raison : « Il est regrettable que dans notre pays une chape de plomb irrationnelle rende toute discussion sur ce sujet quasiment impossible, ce qui a le précieux avantage de permettre aux gouvernements de gauche comme de droite de continuer à mener la même politique (...). »
On le voit donc, la déferlante mahométane (voulue par des individus dont l'identité est obscure, mais les intentions bien réelles) et ses problèmes insolubles d' intégration dans le modèle français finissent par effrayer jusqu'aux Bobos de Saint-Germain-des-Prés !
Ceci, joint aux récents scores électoraux d'une droite nationale ragaillardie, sonnerait-il le réveil du peuple gaulois ?
Les prochaines années vont nous le dire, en espérant que la prophétie du grand Gustave Flaubert (« L'avenir est ce qu'il y a de pire dans le présent ») ne se réalisera pas...
Grégoire DUHAMEL. RIVAROL 14 MAI 2010