Ce mardi soir sur France 2, un « docu-fiction » sur Edouard Drumont. Cette propagande est bien sûr payée avec nos impôts.
Drumont est une figure de l’histoire du nationalisme français, et la critique de l’influence juive qu’il mena était à l’époque populaire, largement répandue par delà un clivage « droite-gauche » flou.
De celui qui est aujourd’hui vu avec des lunettes du 21e siècle comme un monstre, Charles Maurras disait :
« la formule nationaliste est ainsi née presque tout entière de lui ; et Daudet, Barrès, nous tous, avons commencé notre ouvrage dans sa lumière. » Plus loin dans son Dictionnaire politique et critique, Maurras ajoutait : « Chroniqueur merveilleux, historien voyant et prophète, cet esprit original et libre s’échappait aussi à lui-même. Il ne vit point tout son succès. »
Denis Podalydès, l’acteur qui incarne de façon très partiale Drumont dans cette daube de la chaîne publique, raconte dans un entretien ce qu’il pense du personnage :
« ce personnage est passionnant. Pas tellement par lui-même – c’est vraiment une crevure –, mais par son époque, le succès invraisemblable de ses écrits infâmes, l’antisémitisme français dans toute sa puissance. [...] Tous les acteurs habitués à incarner des êtres sympathiques ne rêvent que d’une chose : jouer des ordures.[...] Finalement, elle [sa barbe] m’a aidé à trouver la virulence du personnage, son acrimonie, son regard torve. [...] C’est un homme de lettres, mais profondément raté et profondément petit. Il avait une expression toujours faussement grandiose, un vocabulaire excessif, une rhétorique ampoulée pour dire les choses les plus basses. Il s’enivrait de ça. C’était un poète raté [...] Comme il a échoué, il s’est reconverti dans la calomnie et l’antisémitisme.
Il y a des gens comme ça, qui ratent dans le chemin du bien et réussissent dans le chemin du mal. [...] Ce qui est hallucinant – et c’est là que le film pose les bonnes questions –, c’est que ce personnage, antipathique, médiocre, sûrement d’une intelligence très moyenne, ait pu remporter un tel succès avec le livre La France juive, une espèce de ramassis que j’ai essayé de lire, mais qui est illisible. Ce n’est qu’un répertoire de calomnies, de sinistres anecdotes et d’invectives. C’est fascinant que ce livre ait pu être vendu à 500 000 exemplaires [pas mal pour un raté - NDCI] et loué par les frères Goncourt par exemple, qui lui disent, à l’époque : « Vous dites tout haut ce que beaucoup de gens pensent tout bas. » [...] Il fait partie de ces petites boursouflures que le monde médiatique peut créer, et d’ailleurs après « J’accuse », il disparaît, il est fini. Zola l’a tué ! C’était presque un homme d’affaires, sauf que les affaires qu’il brassait étaient des affaires veules, minables. Il ne faut pas hésiter à l’enfoncer, ce personnage.
Vous ne lui trouvez aucune circonstance atténuante…
Non, il n’en a vraiment aucune. On pourrait peut-être en trouver sur le terrain de la psychanalyse, parce qu’il est frappé par la folie de son père. [...] »