Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

NKM, une bourgeoise sans conviction

Ambitieuse, progressiste : portrait de la probable tête de file de l'UMP à Paris
Quoiqu'elle s'en défende régulièrement, Nathalie Kosciusko-Morizet est d'abord l'héritière d'une véritable dynastie républicaine, de gauche puis gaulliste : fille du maire UMP de Sèvres, petite-fille d'un ambassadeur socialiste devenu maire RPR de Saint-Nom-la-Bretèche, arrière-petite-fille du sénateur-maire communiste, puis socialiste, de Boulogne-Billancourt. Sa mère, de son côté, très engagée auprès des jésuites, est issue d'une famille bourgeoise et catholique du Poitou.
Née en 1973 à Paris, polytechnicienne, ingénieur du génie rural (c'est-à-dire les Eaux et Forêts), c'est à l'amitié de son père avec Jacques Chirac qu'elle doit d'avoir été parachutée en 2002 comme député de l'Essonne avant d'être élue maire de Longjumeau en 2008. C'est Nicolas Sarkozy qui en fera, à partir de 2007, une secrétaire d'Etat puis un ministre, utilisant son image et sa sensibilité écologique. Elle s'est mariée avec un énarque socialiste, dont elle a deux enfants.
Objectif Paris
Comme Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet est emblématique de cette nouvelle générations d'élus UMP qui aspirent aux plus hautes charges de l'Etat tout en reniant conservatisme politique et orientation jugée trop droitière: ils se sont, sans aucun scrupule, abstenus sur le texte concernant le mariage homosexuel, plutôt que de voter contre comme la grande majorité des députés des groupes UMP et UDI. Déjà, en 2011, elle avait écrit un livre assez ridicule sur le FN : Le Front antinational. Elle a récemment fustigé l'influence de Patrick Buisson sur Sarkozy, l'accusant de vouloir la victoire posthume de Charles Maurras...
Si elle est adhérente à l'UMP, c'est par pure stratégie et ambition personnelle, pas par conviction, sinon une vague adhésion aux principes du libéralisme économique... Avoir une étiquette de droite et peur de son ombre : tout un programme, qui est vite devenu celui de ces « quadras » prêts à tout pour réussir.
Voyant qu'aucun de ses aînés ou de ses rivaux
ne concourrait dans la course aux postes de maire de Paris, sur fond de fin de règne de Bertrand Delanoë, NKM n'a pas mis longtemps à délaisser Longjumeau pour se lancer à l'assaut de la capitale à la tête d'une petite bande de fidèles collaborateurs. François Fillon l'a adoubée. Elle est bien décidée à gagner la primaire, à désamorcer une éventuelle candidature de sa rivale Rachida Dati, à s'allier avec l'UDI de Jean-Louis Borloo (qui a désigné le sénateur Yves Pozzo di Borgo comme tête de file dans la capitale) et à disputer la victoire à Anne Hidalgo, dauphine désignée de l'actuel maire de Paris. NKM dispose désormais de son propre courant au sein de l'UMP, la France droite, et s'appuie également sur la vénérable Union des Jeunes pour le Progrès.
Paris ne vaut pas une messe
Au passage, Nathalie Kosciusko-Morizet souhaite soigner sa notoriété et sa stature internationale, encore assez faibles. Du 3 au 5 mars dernier, elle était à Washington où elle a profité du congrès des organisations juives américaines, auquel elle était invitée, pour rencontrer le maire de la capitale des Etats-Unis. Si elle l'emporte en mars 2014 à Paris, elle sait que cette victoire sera un tremplin pour 2017, afin de décrocher Matignon en cas de retour de la droite et sans perdre
de vue son objectif premier : entrer un jour à l'Elysée. S'il le faut, elle abandonnera demain Paris, comme elle vient d'abandonner Longjumeau.
Ainsi se construit une carrière dans notre République : grandes écoles, réseaux et ambition personnelle. Il reste que l'électorat catholique de la capitale pourrait lui faire payer d'une façon ou d'une autre sa véritable trahison politique lors du débat sur le mariage homosexuel. Il est en effet clair que pour elle, Paris ne vaut pas une messe. Les nombreux élus parisiens qui ont manifesté le 13 janvier sont pourtant la preuve que l'on peut être élu dans la capitale sans avoir peur des représailles du lobby gay.
Antoine Ciney monde & vie 19 mars 2013

Les commentaires sont fermés.