Le quatrième Livre blanc de la défense française (depuis 1972) doit être publié mi-avril. Il dresse le panorama des moyens militaires dont notre nation doit se doter pour faire face aux menaces auxquelles elle est confrontée et assurer normalement la défense de ses intérêts et de ses engagements. Notre outil de défense, avait été très sérieusement abîmé sous les présidences Mitterrand, Chirac, Sarkozy , notre armée étant alors souvent mise au service d’intérêts bien peu nationaux…. En juin 2008 déjà, un collectif baptisé « Surcouf », regroupant sous le sceau de l’anonymat des généraux et des officiers des trois armes, avaient dénoncé les évolutions actées dans le « Livre blanc » du gouvernement Sarkozy. Alors que les dépenses militaires mondiales ont progressé de 45% en dix ans, la France réduisait encore son effort de défense au plus mauvais moment, notait ce collectif, comme l’illustre la fonte drastique des effectifs de nos armées, le report de la décision sur un second porte-avions…
Une France sarkozyste qui renonçait à jouer son rôle de puissance certes moyenne, mais indépendante et au rayonnement international, même si le courage, le professionnalisme, les hautes vertus de nos soldats engagés notamment au Mali parviennent à cacher la paupérisation dramatique de notre outil militaire… A ce sujet, le quotidien Les Echos notait ainsi comme d’autres ainsi que si « l’opération au Mali est un succès, elle n’en a pas moins mis en évidence certaines lacunes de l’armée française, qui manque en particulier de moyens de ravitaillement en vol et d’avions de surveillance sans pilote (drones). Si les trajectoires budgétaires annoncées sont poursuivies, ces manques seront difficiles à combler ».
Sur France 2, le 28 mars le chef de l’Etat a tenté de balayer les rumeurs alarmantes publiées dans la presse et résumées par Patricia Adam, présidente socialiste de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale. Selon Mme Adam, « Le scénario (élaboré par le ministère des Finances) vise à tuer le ministère de la défense, assurait-t-elle. Dès 2015, si on le suit, il ne lui restera que la sécurité nationale (la gendarmerie), les forces spéciales et la dissuasion. Toutes les forces conventionnelles auront disparu. »
M. Hollande s’est voulu rassurant: « il faut maintenir » l’effort de défense,« J’ai pu apprécier la qualité de notre outil », «je sais ce que c’est l’indépendance nationale » a expliqué notre gouverneur de province sous l’égide Bruxelles qui n’a pas voulu sortir la France du commandement intégré de l’Otan comme l’avait voulu Nicolas Sarkozy. Pour asseoir son propos, le président de la République à assurer que « nous dépenserons en 2014 le même montant qu’en 2013 » et que, « après, ce sera la même chose ».
Le scénario retenu est le suivant résume le blog Secret Défense : «en 2014 et 2015, les crédits actuels, soit 31,4 milliards, seront reconduits – c’est le zéro valeur, ce qui signifie qu’ils seront néanmoins rognés par l’inflation. En 2016 et 2017, nous passerons en zéro volume, c’est à dire 31,4 milliards plus l’inflation. Enfin, pour les deux dernières années de la loi de programmation, il y aura une hausse de 1% par an, en plus de l’inflation (…). La défense devient ainsi un ministère prioritaire, dont le budget est de facto sanctuarisé. »
Mais « sanctuariser » notre l’effort de dépense entre 1,5 et 1,6 % du PIB est il suffisant alors même qu’il était encore de 2,5% du PIB en 2002, dans un monde qui de l’aveu même du chef de l’Etat a vu ces dernières années l’émergence de nouvelles menaces ? Cette évolution est-elle légitime au moment ou l’Inde, la Chine, la Russie, les Etats-Unis, les pays arabes ont augmenté considérablement leurs dépenses militaires ?
La France qui a déjà perdu beaucoup de son crédit en ralliant le giron de l’Otan, sera-t-elle encore (un peu) audible sur le plan diplomatique, si elle ne peut s’appuyer sur les instruments de la puissance ?
Le site du magazine Challenges rappelait que « Le contrat opérationnel fixé à l’armée de terre par le Livre blanc de 2008 prévoyait une force projetable (susceptible d’être envoyée à tout moment sur des conflits) de 30 000 hommes pour une durée d’un an, contre 50.000 en 1994. » Or cet « objectif était déjà hors de portée avec les coupes budgétaires récentes et les trous capacitaires. »
«A l’avenir, constate Bruno Gollnisch serons nous encore en capacité de déployer nos forces, en toute autonomie sans avoir recours à quelque pays si nos intérêts stratégiques, économiques, géopolitiques sont en jeu ?
Une France atlantisée qui serai donc soumise encore plus au bon vouloir du grand frère américain pour quémander qui une aide militaire, qui un soutien logistique, en espérant que les intérêts de l’oncle Sam coïncide avec les nôtres, ce qui en Afrique comme ailleurs n’est pas toujours, loin s’en faut, le cas…
Officier supérieur (de réserve) de la Marine nationale, Bruno Gollnisch pointe également les dangers grandissants qui pèsent en matière de liberté des mers, sur le commerce maritime français et européen. Cela nécessite de garder une flotte digne de ce nom, des moyens militaires pour protéger notre espace et nos routes maritimes.
« Car la France note le président de l’AEMN ce sont aussi les ressources d’un territoire qui a ses prolongements dans ce qui nous reste de l’acquis de nos marins, pionniers, découvreurs : les confettis d’un ancien empire répartis encore sur tous les océans : Atlantique, Indien, Pacifique, Mers Australes.
« Le domaine maritime de la France qui, en vertu de la Convention de l’ONU de Montego Bay sur le droit de la mer, évènement majeur mais méconnu, est le troisième du monde. A l’heure où l’avenir de l’humanité se joue davantage dans les mers que dans l’espace, le devoir d’un Etat français digne de ce nom est aussi de ne pas priver les Français de ce formidable atout. »