Monsieur le président de la République,
Dimanche 24 mars, manifestation contre le mariage et l’adoption par les personnes de même sexe. Que dire Monsieur le président devant un tel mépris de la part de votre gouvernement ? Que dire devant ce silence radio de la République française que vous représentez, face aux Français descendus massivement, et pour la deuxième fois, dans les rues de la capitale exprimer leur désaccord sur le projet de loi Taubira ? Dois-je vous apprendre monsieur le président, qu’une masse volontairement stigmatisée, volontairement méprisée et volontairement refoulée avec une violence inappropriée, ne peut souffrir une telle déconsidération inique de la part du gouvernement de son pays ? Dois-je vous apprendre qu’une exaspération légitime était inévitable ?
Ou sans doute le saviez-vous trop bien ?
Volontairement stigmatisée. Nous serions « une pluie de déjections homophobes » d’après le vice-président de l’Assemblée nationale Denis Baupin (à ce propos, la LMPT peut vous fournir en parapluies). Le 13 janvier vous aviez « normalisé » à l’avance le chiffre de 340 000 personnes. Pour le 24 mars, les médias et votre gouvernement avaient grassement répandu l’idée que ce mouvement homophobe contre l’égalité des droits pour les homosexuels s’étouffait dans ses drapeaux roses. Par conséquent, vous ne pouviez avancer un chiffre supérieur à 340 000 pour des raisons purement symboliques, aussi vous êtes-vous entendus collégialement selon la bonne coutume républicaine, sur un ridicule et vexant 300 000. Humilier quelqu’un n’est jamais sans conséquences, monsieur le président, et par ce choix délibéré vous avez humilié et stigmatisé chaque Français et Française présents ce dimanche. Le chiffre de la LMPT est légèrement supérieur : 1 400 000 personnes. Peut-importe le nombre exact, toujours est-il que la différence est de 1,1 millions de manifestants. Où sont-ils passés ? Je n’ai jamais été bon en calcul, monsieur le président, pourtant c’est bien ce que m’assure ma calculatrice. Mais peut-être est-elle homophobe ?
Volontairement méprisée. Les Français présents ce dimanche et le 13 janvier dernier ont un message à vous communiquer monsieur le président. La moindre des choses quand on représente le peuple français et que l’on respecte un tantinet sa fonction de chef d’Etat, était d’écouter les raisons de ce déplacement impressionnant des Français. Face à une forte présence vous avez répondu par une molle absence. Que faisiez-vous ce dimanche ? Vous étiez à je ne sais quelle réunion concernant les intérêts français en République Centrafricaine. Quelle belle leçon de démocratie vous donnez là monsieur le chef d’Etat ! Avez-vous entendu les clameurs des Français juste derrière vos grilles ? Avez-vous ressenti l’exaspération palpable de dizaine de milliers de familles ? Notre message rayonne de la clarté de la vérité ! Mais nous n’étions « qu’une poignée » selon Arnaud Montebourg, réclamant débat et référendum alors que nous aurions tout simplement « perdu la bataille » ricanait le sénateur Jean-Pierre Michel… C’est tellement plaisant de savoir notre pays en de si bonnes mains ! Quelle beauté dans ce message démocratique ! Quelle richesse ! Quelle superbe preuve de tolérance républicaine ! Monsieur le président, nous ne vous le répèterons pas cent fois : faites taire ce silence méprisant !
Volontairement refoulée avec une violence inappropriée. Peut-on considérer, monsieur le président, les familles présentes ce jour-là comme de dangereux militants surentraînés, armés de barres de fers, lançant pavés et verres, construisant barricades, détruisant magasins, voitures, espaces publics, cassant avec rage et violence du CRS ? Une promenade de santé, monsieur le président, une promenade du dimanche qu’ont effectuées les forces de l’ordre le 24 par rapport à ce qu’on connu leurs collègues durant les incidents du CPE. J’ai du mal à croire, monsieur le président, quand j’entends une foule de manifestants scander « CRS avec nous » assis devant un barrage, ou même quand l’on surprend certains représentants des forces de l’ordre esquisser un sourire et plaisanter entre eux ; j’ai du mal à croire qu’ils aient été soumis au même état de stress et d’oppression que durant les manifestations du CPE ou encore les échauffourées dans les banlieues. Mais sans sommations, et sur un ordre évident du ministre de l’Intérieur, ces familles extrémistes homophobes ont essuyé des jets de gaz lacrymogènes. Je fais partie, monsieur le président, de ces gens qui n’ont pas eu le droit de recevoir ces jets de gaz. Aussi je demande solennellement (et selon la logique de M. Valls, qui a considéré chaque manifestant comme attentant à l’ordre public) à pouvoir participer, pour des raisons égalitaires, à ce formidable exercice démocratique qu’a été ce gazage pour tous. Non, monsieur le président, ces gens-là avaient pour seule motivation, aiguillonnée encore une fois par une profonde exaspération, d’accéder aux Champs-Élysées ! Car c’est symbolique, monsieur le président, et lorsque l’on refuse le dialogue, lorsque délibérément on rend les gens muets, lorsque l’on choisit de les parquer comme des bœufs, sachez alors que tout symbole devient combat ! Veuillez prendre note, monsieur le président, qu’une fois dans la plus belle avenue du monde, l’ambiance est restée pacifique et bon enfant. Il n’y a guère que monsieur Manuel Valls pour parler d’ « agressions physiques contre les forces de l’ordre, dégradations de biens publics, jets de boulons ». Que voulions-nous, monsieur le président, si ce n’est prendre la clé des champs pour la remettre symboliquement aux générations futures ; car c’est là tout notre combat : la protection de l’enfant. Ce devrait aussi être le vôtre…
Place aux excuses maintenant monsieur le président de la République. Excuses pour qui, excuses pour quoi.
Si les Femens avaient été gazées, il est probable que le gouvernement se serait platement excusé. Celles présentes ce dimanche n’ont étonnamment pas eu besoin de sortir de mouchoir pour essuyer leurs yeux. Ne vous mentez pas à vous-même monsieur le président, les excuses, vous savez fort bien les présenter! Comment se fait-il que vous ne vous soyez pas encore exprimé au sujet d’une manifestation d’une telle ampleur ? Personne ne connait mieux les chiffres que vous ! Si tant est bien sûr, que vous portez toujours quelques regards sur ce peuple ! Comment se fait-il, monsieur le président, que vous ne vous soyez pas encore manifesté sur les comportements violents de certains CRS (plus de la part des policiers il faut le souligner) : ceux qui ont gazé sans sommation et sans distinction de sexe ni d’âge, des pères, des mères ou des enfants et qui en ont molestés allègrement certains ?
Monsieur Hollande, monsieur Valls, vous avez à rendre des comptes par rapport à l’utilisation abusive et volontaire de gaz lacrymogène sur des familles françaises ; par rapport à une estimation convenue par avance et volontairement vicieuse du nombre de manifestants ; tout cela dans le but de créer une colère générale. Vous espériez des personnes violentes, vous n’avez eu affaire qu’à des gens déterminés. Vous avez par de nombreux moyens tenté d’attiser la colère des manifestants, vous n’avez eu en retour que des débordements pacifiques et des jeunes exaspérés.
Quant à nous, monsieur le président, nous nous excusons : c’est vrai, nous avons tout de même eu le culot d’être nombreux à montrer que nous ne partagions pas votre pensée unique ! Excusez-nous de nous préoccuper du bien-être et de l’avenir des enfants ! Excusez-nous de leur vouloir un père et une mère ! Excusez-nous de considérer que l’enfant n’est pas une marchandise ! Excusez-nous de considérer avec réalisme la théorie du genre comme contre-nature ! Et enfin, monsieur le président, veuillez-nous absoudre de ne pas partager la même vision de l’homme que vous.
Aymeric, 18 ans http://www.printempsfrancais.fr