La réponse des communicants ne se fait pas attendre. Ils prétendent que le postérieur présidentiel a victorieusement résisté au pied de l'agresseur. Une telle rhétorique ne peut guère être tenue pour nouvelle. On la retrouve depuis deux siècles dans toutes les situations analogues où l'incompétence de la gauche à gouverner la France a mis le pays tout entier dans la dépendance des interlocuteurs étrangers.
Or depuis les accords de Maastricht, rédigés eux-mêmes à Bruxelles par des technocrates issus de la gauche française, le glorieux Delors et l'illustrissime Lamy, depuis leur signature en 1991 par ces deux grands dirigeants politiques socialistes hexagonaux nommés Mitterrand et Bérégovoy les impératifs issus des traités ont vocation à contraindre le gouvernement de Paris à s'aligner sur les normes communes convenues entre les États-Membres de l'Union européenne.
Il existe certes plusieurs manières de regarder les situations qui en résultent.
On entend de bons esprits regrettant que les rapaces financiers internationaux puissent un jour refuser de prêter de l'argent à un pays, à son gouvernement central, à des collectivités locales ou à des entreprises publiques qui ne les rembourseront pas. Le camarade Mélenchon confirme d'ailleurs que, s'il accédait au pouvoir, demain on prêterait gratis. Alléchant programme pour les débiteurs, un peu moins pour les créanciers.
Certains peuvent déplorer que l'existence d'une monnaie commune empêche désormais de financer les déficits de l'État par l'inflation et par une spoliation des épargnants français.
D'autres imaginent volontiers vendre demain nos biens et services, nos produits fabriqués en France à des pays qui cesseront de pouvoir leur faire sur notre territoire une concurrence par définition déloyale.
Jacques Rueff disait aux uns et aux autres : "Soyez libéraux ou soyez socialistes mais ne soyez pas menteurs".
Il convient donc de dire la vérité, les faits tels qu'ils se présentent et non comme la propagande gouvernementale voudrait nous en faire avaler la présentation, les ayant dissimulés sous des enjoliveurs mensongers.
Le 3 mai, on apprenait qu'un délai supplémentaire de deux ans était donné à Paris pour redresser ses comptes publics. "Divine surprise" commentait la presse hexagonale.
Le 4 mai, commençaient à percer quelques protestations au sein de la droite allemande.
Le 5 mai, le ministre Moscovici au cœur même de la négociation poussait un cocorico sur le thème "les thèses françaises l'ont emporté, l'austérité en Europe c'est fini".
Le 7 mai, cette affirmation nous semblait, déjà, suffisamment grotesque en elle-même pour que nous en décortiquions l'imposture dans notre chronique du jour (1)⇓.
Or, depuis, on a appris pas mal de choses qui soulignent à quel point on avait déformé les faits.
Le 9 mai, on découvrait sur quelles bases l'interlocuteur à Bruxelles de nos ministres intègres, le commissaire Olli Rehn avait conçu l'octroi de ces fameux délais : certes l'État central parisien dispose de deux années supplémentaires, mais cela lui a été accordé en échange d'un engagement de réformes dites structurelles, lesquelles nous semblent dans l'intérêt sinon de notre classe politique dépensière, du moins des Français en général : assouplissement du marché du travail, meilleure concurrence sur le marché des biens et des services et réforme tendant à pérenniser le financement des retraites, donc pas seulement colmatage des brèches…
Le ministre Moscovici a entendu tout cela sans broncher le 3 mai : il ne peut certainement pas prétendre, par conséquent, qu'il s'agit d'une victoire des thèses de nos socialistes.
Le 11 mai, piqûre de rappel : Si un doute avait subsisté au sujet du cocorico de Moscou, il a une nouvelle fois été levé lors de la réunion du G7 sous présidence britannique à Hartwell House, ne serait-ce qu'en écoutant les propos du ministre canadien, représentant du pays le meilleur performant du groupe en terme de croissance depuis 2007. Jim Flaherty déclare en effet : "Ce qui m'inquiète, c'est d'entendre d'aucuns suggérer que l'austérité devrait être abandonnée, je crois franchement que c'est la voie vers la ruine".
JG Malliarakis http://www.insolent.fr/Apostilles
- cf. L'Insolent du 7 mai ⇑