La grande mobilisation qui, loin d’avoir faibli durant ces six mois, n’a fait, comme une mer immense de colère contenue, que grossir semaine après semaine en réponse aux provocations gouvernementales, n’était malheureusement pas destinée à devenir ce raz-de-marée qui eût tout emporté sur son passage, et en premier lieu ce désordre établi que le président normal cherche à garantir par tous les moyens, même et surtout illégaux.
Les jeux sont toujours faits à l’avance dans ce régime républicain où les rôles sont prudemment répartis entre une majorité et une opposition parlementaires dont la hantise commune est de devoir un jour abandonner le monopole du pouvoir. Non, cette grande mobilisation, que d’aucuns ont jugée inespérée, fut avant tout l’expression d’une résurrection, celle du pays réel.
Aussi, cette mobilisation laissera-t-elle des traces. Pas seulement celles des coups de matraques, des gaz cancérigènes et des interpellations arbitraires. Elle laissera aussi des traces dans les esprits et dans les cœurs. Des familles françaises, qui paient leurs impôts en France, dont les enfants ne sont ni trafiquants de drogue ni casseurs et dont le seul crime est de vouloir vivre librement dans une société respectueuse des droits fondamentaux de la personne humaine — le droit de l’enfant à avoir un père et une mère, le droit à la différence sexuelle, le droit d’afficher son opinion sans être arrêté —, ces familles françaises ont vu qu’un ministre de l’intérieur pouvait ordonner, en toute impunité, du moins jusqu’à aujourd’hui, le viol brutal et répété des libertés publiques et qu’il y avait des policiers pour exécuter avec le plus grand zèle ces ordres déshonorants. Elles ont vu que des media, ceux de l’Etat comme ceux de la finance — car les journalistes des chaînes privées et publiques ont rivalisé dans l’absence de déontologie — pouvaient mentir effrontément sur les motifs et la nature d’une mobilisation, ...et se taire sur des violences policières et des abus de pouvoir qui, commis en Russie, eussent provoqué l’hystérie de nos chiens de garde. Elles ont vu comment des barbouzes, qu’on croyait appartenir à une époque révolue, pouvaient frapper et provoquer des manifestants pacifiques... avant de les enlever pour les séquestrer plusieurs jours dans les différents commissariats de police de Paris, sans que cela suscite la réprobation d’une opposition complice, par son silence, de ce détournement de la mission régalienne de la police au grand soulagement des délinquants. Oui, ces familles françaises, d’ordinaire si tranquilles et si sages que le pays légal les croyait réfugiées dans les catacombes de l’histoire, ont vu de quels forfaits ou de quelle compromission étaient capables la majorité et l’opposition parlementaires, au nom, bien sûr, des sacro-saintes valeurs républicaines.
Or c’est précisément aux institutions républicaines qu’on nous avait demandé de faire confiance. Si l’Assemblée nationale était évidemment perdue, tout pouvait encore se jouer au Conseil économique, social et environnemental, qui s’autosaisirait si on lui présentait 700 000 pétitions, au Sénat, où la majorité était incertaine, voire au Conseil constitutionnel, qui ne pourrait pas laisser passer cette loi contraire aux fondements du « mariage républicain » — objet conceptuel non identifié mais qu’il s’agissait de défendre à tout prix contre la loi Taubira. Las ! L’une après l’autre ces vénérables institutions se sont piteusement dérobées, confortant jusqu’à la caricature l’imposture du pays légal. Oui, les « valeurs républicaines » n’engagent, à l’image des promesses électorales, que ceux qui sont assez naïfs pour y croire. Et ce sont les mêmes qui défendaient avec les plus mâles accents le « mariage républicain » contre Taubira qui, parce qu’ils sont ...de « bons républicains », procéderont « maintenant que la loi est promulguée » à des parodies de mariage. Ou comment avouer que république et liberté de conscience ne sauraient faire bon ménage. Quelle que soit la forme qu’elle prend, la république est et restera toujours le régime de Créon, et ce n’est pas pour rien que, pour s’opposer aux Femen, ces idiotes utiles de la police politique, des jeunes femmes libres que, pour cette raison, le pouvoir n’hésitera sans doute pas à persécuter, ont récemment décidé de se regrouper sous le nom d’ « Antigones ».
Oui, cette mobilisation a ceci d’historique qu’elle a « révélé », au sens chimique du terme, la République : pas une institution « républicaine » qui, aujourd’hui, ne soit discréditée aux yeux de Français, lesquels assistent, en direct, à la décomposition d’un régime qui, tout en recourant au mensonge institutionnel pour imposer le mensonge anthropologique, est parallèlement devenu incapable de dissimuler les pratiques mafieuses qui n’ont cessé d’alimenter ses profiteurs, droite et gauche confondues. C’est désormais à la page des faits divers qu’il faut prendre connaissance de la vie politique française, et ce, comble de l’indécence ou de l’insouciance, alors que le chômage touche désormais de plein fouet 5 millions de nos compatriotes ! Ô certes, le pays légal peut respirer ! Paris ne vaut plus une messe puisque NKM a été élue candidate de la droite parlementaire aux municipales parisiennes et que le prochain maire sera de toute façon sociétaliste. Hollande peut continuer en toute tranquillité à racketter les familles pour rééquilibrer une branche famille qui n’est en déséquilibre que parce que l’Etat la pille allègrement, puisque l’opposition, d’accord sur le fond, fait le service minimum. L’Europe peut continuer à faire semblant de nous donner des leçons et de vouloir nous imposer ses « réformes », puisque nos élites dénationalisées ont déjà tout abdiqué ! N’empêche, retourner à ses occupations comme si rien ne s’était passé, ce serait ignorer ce qui frappe les observateurs les plus impartiaux : à savoir que ce n’est pas un pays réel vieilli et fatigué qui s’est levé et s’est mobilisé, et ne cesse désormais de veiller, mais la jeunesse même du pays, celle qui, assurément, ne vole, ne casse ni n’organise de tournantes — c’est pour ça qu’elle n’intéresse pas Taubira — mais qui, en revanche, est destinée, demain, à prendre les rênes du pouvoir. A côté de cette jeunesse-là, la quadra NKM paraît d’un autre siècle — d’un vingtième qui n’en finit plus de se liquéfier dans ses utopies permissives.
Tous les espoirs sont permis. Ils le sont parce que ces jeunes ont eu, finalement, la chance à leur premier engagement d’être confronté au vrai visage de Marianne. Ils ont en même temps appris et compris que les fameuses valeurs républicaines dont ils étaient bassinés depuis l’enfance dissimulaient un mensonge et une compromission, bref, une imposture de tous les instants, sur fond de corruption et d’indifférence aux malheurs réels des Français. Oui, ce qui s’est levé depuis six mois finira bien par croître et produire ses fruits car cette espérance repose sur des racines solides : celle d’un peuple qui, en dépit des attaques de toutes sortes — morales, intellectuelles, démographiques, sociales et avant tout spirituelles — dont il est l’objet depuis tant de décennies, continue de résister. C’est à cette résistance du peuple français contre la tyrannie de l’imposture qu’il convient de consacrer toutes ses forces. La résurrection est à ce prix.
François Marcilihac - L’AF n° 2864 http://www.actionfrancaise.net