Ils seraient cent vingt, selon le ministre de l’Intérieur, cent vingt Français, apprentis djihadistes, partis faire leurs classes en Syrie, dans les forces armées hostiles au régime de M. Assad. Cent vingt, dont M. Valls vient d’expliquer que « la plupart convertis à un islam radical ont un passé de délinquance […] de drogue […] de grand banditisme ». Voilà qui est clair.
Djishadistes" français" (Agence Reuters). Français ? Mon oeil !...
Pendant ce temps-là, peut-être pour profiter de l’occasion de façonner son image de grand ministre des Affaires étrangères, M. Fabius continue de manifester une grande animosité à l’égard de M. Assad. Avec et autour de lui, tous ces penseurs et journalistes « engagés », moins soucieux de l’intérêt national que de leurs fantasmes idéologiques. C’est qu’encore et toujours la bêtise le dispute, ici, à l’aveuglement. M. Filiu, professeur à Sciences Po Paris, vient ainsi d’affirmer que « le peuple syrien est prié de se laisser massacrer ». Donc, d’un côté « le peuple », de l’autre « les massacreurs ». Niaiserie d’intellectuel fatigué ou mensonge délibéré du militant droits-de-l’hommiste ?
Mais le verbiage enragé des interventionnistes et va-t-en-guerre se heurte aux réalités. Leur dernier argument en date - l’utilisation présumée d’armes chimiques par les troupes du régime – devrait faire long feu puisque même (et surtout) les États-Unis d’Amérique semblent y rester insensibles. Pour ces derniers, sans doute échaudés par les aventures d’Irak et d’Afghanistan, mais plus sûrement encore soucieux de leurs intérêts planétaires, la Syrie n’est qu’une carte dans le jeu qui les oppose aux autres grandes puissances, notamment à la Russie : elle s’inscrit dans leur stratégie mondiale et les bêlements humanitaires des Français et des Britanniques doivent bien les amuser, d’autant que la tournure prise par les événements justifie amplement l’attentisme voire l’inavouable décision de non-intervention.
Le constat est clair : la Syrie n’est pas le théâtre d’une lutte entre le Bien et le Mal ; s’y affrontent plus prosaïquement des Syriens - les uns, aidés par leurs alliés de toujours (Russie, Iran, Hezbollah), détenant le pouvoir légal ; les autres, armés par l’étranger (Arabie saoudite, Qatar) et soutenus par la « conscience universelle », voulant s’emparer de ce pouvoir. Ne pas admettre cette évidence a pour conséquence de dresser un écran de fumée qui occulte la seule chose qui devrait pour l’instant compter à nos yeux dans cette affaire, à savoir l’enrôlement (et donc le retour prévisible au « pays ») des cent vingt islamo-terroristes français (six cents pour l’ensemble de l’Europe !).
Ces cent vingt sont connus des services de M. Valls. Plutôt que de se préoccuper de M. Assad, ne vaudrait-il pas mieux se prémunir contre ces assassins potentiels ? Une fois en prison, ils pourront toujours lire la prose de M. Filiu. A condition de savoir lire, bien entendu.
Louis-Joseph Delanglade http://lafautearousseau.hautetfort.com/