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Avant-garde ou contre-culture ?

La révolution est-elle possible ? La réponse à cette question, celle de la croyance calculée en la réussite ou l’échec d’un projet gouverne le choix de cette alternative : avant-garde ou contre-culture ?

Voilà les deux formes que peuvent prendre une communauté de combat. L’avant-garde défriche ; la contre-culture bâtit en parallèle. L’avant-garde incarne les soucis de son temps et des temps à venir, vit dans le peuple, au milieu du peuple, puis s’élance pour le précéder ; la contre-culture construit une communauté avec ses propres normes, son propre mode de vie, qui lui permet certes d’être exempt de ce qu’elle considère comme une corruption généralisée, mais qui engendre aussi le risque d’une coupure complète du peuple et donc d’une incompréhension des représentations collectives et des enjeux réels.

L’avant-garde est révolutionnaire ; la contre-culture bâtit un espace de liberté face et à côté du système. Si une communauté révolutionnaire réelle peut construire ses propres normes de fonctionnement, celles-ci doivent incarner la substance d’un peuple, la sublimer et lui permettre de porter la voix cachée qui sourd en son sein. Notre pire ennemi est donc l’enfermement dans une contre-culture stérile, et en particulier le folklore.

En effet, qu’est-ce que le folklore ? Un ensemble de pratiques momifiées, répétées et incapables de fécondité, d’innovation et de création, donc tout le contraire d’une tradition vivante. Le folklore politique est donc une chose à éviter, car il entraîne :
-la coupure et l’éloignement radical du peuple que nous sommes censés défendre ;
-la stérilité engendrée par l’enfermement dans des pratiques révolues.

Cette dichotomie est valable partout : dans l’esthétique, l’éthique, mais aussi les théories et les modèles fondamentaux à l’aide desquels nous lisons le monde. Si les modèles (marxistes, culturels, techniques…) que nous utilisons doivent être croisés, ils doivent être aussi profondément rénovés, comme le fait couramment la méthode historique ou la littérature marxiste. Est-il toujours pertinent d’embrasser une perspective ouvriériste ? Quelle lecture de classe faut-il proposer face au mouvement qui se lève en France aujourd’hui ? La crise d’un certain capitalisme financier correspond-il à la crise du capitalisme en général ? Du libéralisme ? Quel socialisme écologique pour demain ?  Voici un ensemble de questions brûlantes qui ne peuvent se satisfaire de l’application mécanique au mieux de vieux modèles, au pire de schémas abstraits confortables mais découplés de toute réalité concrète.

Il convient donc non pas de créer la rupture, mais de fonder. Cela doit se faire immédiatement, par l’abandon des lubies historiques, par la rénovation d’une lecture de classe en prise avec son époque et la praxis révolutionnaire, mais aussi dans le discours, les symboles et l’esthétique générale. Nous sommes le XXIème siècle, le IIIème millénaire. Le XXème siècle est révolu.
Le geste de l’un de nos grands anciens appelle à une fondation. Cette fondation demande inspiration mais aussi dépassement dans la fécondité et la vitalité supérieure d’une civilisation à assumer, régénérer et surtout dépasser.

Ad augusta per angusta.

Ulysse Girard http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

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