Le Figaro sur les veilleurs debout :
"Ils ne scandent aucun slogan, ne déploient aucune banderole, n'arborent aucun signe de ralliement. Ils n'ont l'air de rien comme cela, impassibles, les mains dans les poches, une cigarette aux lèvres ou un livre sous le bras. Mais contre la loi Taubira, contre la «justice à deux vitesses» qui a envoyé l'un des leurs en prison, ils sont vent debout. Depuis une semaine, des dizaines d'opposants au mariage gay se relaient place Vendôme ou devant le palais de justice de Paris. Ils ne manifestent pas ; ils «veillent» tout simplement. Debout. C'est place Taksim, à Istanbul, où un jeune chorégraphe a inventé il y a quelques jours cette forme de contestation, que le premier «veilleur debout» a puisé son inspiration. Il a vite été rejoint par de nombreux anonymes. [...]
Pour les autorités, voilà qui est très irritant: impossible de disperser ce qui n'est pas un «attroupement non autorisé», puisque les veilleurs restent toujours espacés de plusieurs mètres! «J'avoue que ça a de la gueule!» sourit un policier.
Intrigués, de nombreux passants s'arrêtent. [...] «En première ligne, on met les bilingues, pour répondre aux touristes», raconte Olivia, 15 ans, qui profite de ses veilles pour lire Le Discours de la méthode. Au pied d'un réverbère, des sympathisants ont déposé des sacs remplis de victuailles: des madeleines, de la tapenade, des bouteilles d'eau… et même des petites plantes, offertes par un fleuriste. «Hier à l'aube, des éboueurs nous ont apporté une boîte de chocolats!» s'émeut Jean. Une moto passe en klaxonnant au rythme du fameux slogan «Hollande! Ta loi, on n'en veut pas!». Jusqu'à quand comptent-ils «veiller debout»? «Au moins jusqu'à la libération de Nicolas, répond Pierre, lycéen. Mais après, si ça se trouve, ils mettront quelqu'un d'autre en prison!»
En province, les «veilleurs debout» se multiplient: ils sont déjà apparus à Lyon, Caen ou Strasbourg… [...]"