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Entreprise, emploi : les deux difficultés de l'économie socialiste

Le chômage s'envole, et les entreprises, inquiètes, peinent à embaucher. Le discours de François Hollande, façon méthode Coué, promettant l'accalmie, voire mieux, pour la fin de l'année ne convainc pas. Or, il n'y a pas de croissance sans confiance. Et il ne suffit pas, pour cela, de voter une loi sur l'emploi, ni de la faire valider par le Conseil constitutionnel. Encore moins, sans doute, de convoquer une nouvelle Conférence sociale.
La loi sur l'emploi accorde plus de flexibilité aux entreprises - enfin, aux entreprises en « graves difficultés ». C'est-à-dire aménagement du temps de travail et salaires pendant deux ans maximum, accord de maintien dans l'emploi, mobilité interne, refonte des procédures de licenciement, etc. En échange, si l'on peut dire, de nouveaux droits sont accordés aux salariés (accès élargi aux mutuelles, droits rechargeables au chômage, compte individuel formation, encadrement des temps partiels, etc.).
En présentant ce texte, le ministre du Travail Michel Sapin vantait « un grand texte de progrès social qui sécurise et qui permettra à la France d'être prête demain à saisir la croissance qui repartira ». C'est là le hic : il n'y a rien à l'horizon. Et les chiffres de l'Insee ne sont guère faits pour rassurer. Comme le soulignaient Marion Le Pen et Gilbert Collard à l'Assemblée nationale : « Pour nous, la sécurisation de l'emploi passe d'abord par une reconstruction de nos industries à l'intérieur de frontières nationales ou européennes. » Discours inaudible...
Un gâchis
Ouvrant la deuxième Conférence sociale de son quinquennat, François Hollande est donc remonté au créneau, en ressortant la boite à outils. En réaffirmant haut et fort que « le sérieux budgétaire ne sera pas en France l'austérité ». Et en pointant deux urgences : le retour de la croissance et le désendettement. Parce que « plus de 10% de la population active privée d'emploi, (...) c'est un gâchis pour l'économie. » À qui le dit-il ! Mais le constat, bien que juste, ne suffira pas, même renforcé de sa conviction, à « inverser durablement la courbe du chômage à la fin de l'année ». Les partenaires sociaux, et les Français en général, ne se sont pas privés de le lui dire.
D'abord, parce que la désindustrialisation de la France est une réalité. En 1975, l'industrie française employait 40 % des actifs, 23 % seulement en 2009. C'est peu ! Et toute tentative de renforcer l'industrie, de simplifier les démarches des créateurs d'entreprise se heurte immanquablement à l'idéologie socialiste.
L'exemple récent du couac gouvernemental sur l'auto-entreprenariat le confirme. À peine Jean-Marc Ayrault avait-il tenté de calmer le jeu en affirmant que la menace d'une limitation dans le temps de ce système ne se concrétiserait pas que Sylvia Pinel, son ministre de l'Artisanat, prétendait le contraire, en affirmant son intention de placer une limitation très précise, à savoir « de un à cinq ans ».
Depuis, au grand dam des intéressés, le débat s'enlise. Ce qui ne manifeste que trop combien le gouvernement socialiste se méfie d'un statut où une certaine liberté ne peut que dissimuler, dans son esprit, du travail illégal.
Prendre la mesure ?
François Hollande préfère, pour sa part, proposer des mesurettes. Telles qu'un « contrat d'apprentissage avec engagement d'embauché », qui ne peut qu'indisposer un entrepreneur ; ou les fameux emplois d'avenir, spécialement destinés aux non qualifiés, et payés en conséquence, qui ne peuvent satisfaire personne.
On pourrait multiplier les exemples de mesures ainsi prises et dont l'impact, tant qualitatif que quantitatif, est faible.
Mais, une fois de plus, le chef de l’État est dans la péroraison de conviction. Posant, mi-juin, sur le plateau de Capital (M6), la question : « Vous croyez que je ne l'ai pas vue, la crise ? », Hollande a entrepris d'y répondre lui-même : « Je l’ai prise cette crise en pleine face pendant la campagne présidentielle, ensuite le vent a soufflé plus fort. » Et d'affirmer que, dès son arrivée au pouvoir, le gouvernement en avait pris la mesure, et pris les mesures.
À ceux qui rétorquent que, à cette aune, le résultat est encore plus accablant, le président rétorque, en une espèce de Pilate de l'économie : « Ce n 'est pas le rythme des réformes qui est jugé trop lent, ce sont les résultats qui tardent. »
Au « travailler plus pour gagner plus » de Sarkozy, les socialistes prétendaient opposer un « travailler mieux pour vivre mieux ». On n'aura finalement ni l'un ni l'autre...
Olivier Figueras monde & vie 2 juillet 2013

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