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De l’internationale du capitalisme au patriotisme économique (arch 2006)

Ce printemps 2006 est encore plus marqué que les précédents par une accélération des fusions, acquisitions et autres OPA transfrontalières impliquant des entreprises géantes. Une véritable frénésie touche l’’ensemble de la planète et semble sans limite. Certaines opérations plus médiatiques que les autres servent de révélateurs à un capitalisme sans complexe et sans repères nationaux.
Finance cosmopolite
Le lancement imminent d’’une OPA de Mittal Steel sur Arcelor reste à bien des égards le symbole de cette mondialisation qui caractérise la civilisation capitaliste. Un groupe coté à Londres, fondé par un ressortissant britannique d’’origine indienne et présent dans une vingtaine de pays, tente de prendre le contrôle d’’une société de droit luxembourgeois, installée principalement en France et en Espagne. L’’Inde à la conquête de l’’Europe !
La plus vieille civilisation de l’’histoire à l’abordage de la plus vieille industrie inventée par l’’homme !
Le même Arcelor venait, lui, de réussir l’acquisition d’un autre sidérurgiste, Dofasco, une société québécoise, au nez et à la barbe d’un assaillant germanique. Le vieux continent à l’’assaut de l’’Amérique.
Par ailleurs, les “lobbies” pro-mondialisation de l’’Italie à la sauce Prodi ayant obtenu la chute de l’ancien président de la banque d’Italie, parce qu’il défendait “l’’italianité des banques de la péninsule”, plus rien ne s’’opposait à la prise de contrôle de la Banca Nazionale del Lavoro par la BNP. La “furia francese à l’’assaut des Lombards, initiateurs au Moyen-Âge du système bancaire moderne !
Pendant ce temps-là, Saint-Gobain, entreprise fondée sous le règne de Louis XIV, “vengeait” Jeanne d’’Arc en prenant possession de BPB, l’’inventeur britannique du placo-plâtre, et Pernod-Ricard, à l’origine du “51”, s’’emparait d’’Alied Domecq. Le pastis plus fort que le whisky !
Etc.
Erreur de diagnostic
Les chantres du déclin de la France se trompent comme souvent de diagnostic. Le déclin concerne le régime qui a déjà épuisé “cinq souffles”...
Les forces vives de la nation ne sont pas à bout de souffle, elles peuvent encore s’’emparer d’’entreprises à l’’étranger. La médiatisation ne doit pas rester à sens unique, la France dynamique existe, et elle le prouve, son génie ne demande qu’’à s’exprimer quand le régime le permet.
Mais pourra-t-elle participer encore longtemps aux échanges mondiaux alors que sa base arrière est minée par ce système en fin de parcours ? Si les transactions capitalistes semblent toutes identiques à première vue, les fondements de ces opérations peuvent très bien cacher des objectifs divergents.
Les assauts de Mittal visent avant tout à griller les étapes de l’’histoire de la sidérurgie, en achetant une société comme Arcelor qui possède un savoir-faire et des brevets sans pareil dans sa branche. Si cette opération réussit, une partie de notre patrimoine économique sera perdu au profit d’’industriels qui utiliseront ces technologies sous d’’autres latitudes, où la main d’’oeuvre est moins coûteuse.
Quant aux investissements français à l’’extérieur, ils cherchent de plus en plus à contourner les impasses de notre système juridique et social, qui ne favorise que faiblement la compétitivité de nos entreprises. La fuite des capitaux participe à cette logique en se drapant dans les plis de l’expansion économique de la nation, mais elle se traduit en définitive par des délocalisations. La pression concurrentielle est telle que notre économie pourrait subir dans les années qui viennent une série impressionnante de départs d’entreprises, si nos gouvernants ne témoignent pas de patriotisme économique, incitant nos sociétés à rester en France ou à revenir sur le sol national.
La situation de la Grande-Bretagne devrait servir d’exemple : elle annonce les risques que prend la France, en laissant le capitalisme sans cadre national, comme le préconisent et l’’appliquent la Commission européenne et les instances de l’OMC.
Exemple annonciateur
Alors qu’’il triomphait auprès du CIO pour obtenir les Jeux olympiques en 2012, le Royaume-Uni perdait définitivement toute son industrie automobile. La Mini, Bentley et Rolls-Royce étaient déjà, comme Jaguar et Range Rover, aux mains de firmes étrangères, quand la faillite de Rover en 2005 entraîna sa prise de contrôle par une entreprise chinoise. En 2006, la saignée de la construction automobile anglaise se confirmait : PSA annonçait la fermeture de son usine britannique, quelques mois à peine après l’ouverture de son nouveau site en Slovaquie.
Le message est clair. Sans effort pour accroître la productivité de nos industries, les firmes internationales (la holding du groupe Renault est installée à Rotterdam) n’hésiteront plus à fermer nos usines pour en ouvrir sous d’’autres cieux.
Le patriotisme économique passe par une ferme volonté d’’appuyer nos industriels pour qu’’ils continuent à défendre nos intérêts économiques à partir de la France.
Si nos gouvernants ne le font pas, personne ne le fera à leur place. Le maintien en France de nos sociétés est vital pour l’’emploi de demain. Un éloignement géographique des centres de décision et de recherche est toujours le signe précurseur du déclin de l’industrie concernée. Le drame de Péchiney, racheté par un canadien et en phase active de dépeçage depuis lors, n’’est pas la vue d’’un esprit au nationalisme étroit, mais la simple réalité de l’internationale du capitalisme vécue au quotidien. L’’inventeur de l’’aluminium victime du recyclage des capitaux flottants internationaux !
Henri LETIGRE L’’Action Française 2000 du 4 au 17 mai 2006

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