Qu’est-ce que « l’extrême droite » ? La question anime tous les médias en ce moment, à la suite d’une offensive de Marine Le Pen qui considère ce qualificatif comme « un terme volontairement péjoratif ». De fait, l’expression vise bien à discréditer. Son utilisation « a pour objet de clore tout débat avant même que quiconque puisse en ouvrir un », estimait avec raison Jean-Marie Le Pen (1).
D’ailleurs, il est à la fois amusant et révélateur de s’intéresser aux définitions de l’extrême droite données par différents faiseurs d’opinion et maîtres à penser du politiquement correct.
Pour Alexandre Dezé, maître de conférences à Montpellier, cinq critères permettraient le classement à l’extrême droite : « le nationalisme ; la xénophobie ou le racisme ; la préférence nationale ; la demande d’un état fort et l’ »antisystémisme » ».
Quant au politologue Jean-Yves Camus, il voit l’extrême droite chez tous ceux « opposés à toutes formes d’institutions supranationales ; opposés à la société multiculturelle et à l’immigration notamment extra-européenne » et chez ceux qui « veulent remplacer la démocratie représentative par la démocratie directe » (2).
Si l’on s’en tient aux critères de ces deux « spécialistes », l’extrême droite est partout !
Jaurès qui était favorable à la préférence nationale ? D’extrême droite !
De Gaulle qui n’aimait pas les institutions supranationales ? D’extrême droite !
Le peuple suisse adepte du référendum ? D’extrême droite !
Avec des politologues d’une telle érudition, vive les simplismes ! Au fait, une telle démagogie pour analyser la politique selon des schémas aussi grossièrement simplistes, ce ne serait pas un autre signe d’extrême droite ?
Quant à Jean-Luc Mélenchon, il a déclaré à la presse qu’il n’était pas d’extrême gauche…
Pierre-Alain Depauw
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(1) In Le Monde, 20 novembre 1995.
(2) In Le Monde, 5 octobre 2013.