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La chasse au Delon est ouverte

J’ai redécouvert à Trevelez cet été qu’il y avait une vie hors de la matrice ; et que pour sortir corps et âme de la matrice techno et culturelle, il me fallait ne plus écrire de chroniques en français. Il ne faut plus être français du tout ; il me semble d’ailleurs que la France hollandaise, même mécontente dans les sondages, mérite ce qu’elle a, et qu’elle en redemande. Les chroniques, souvent incomprises, que j’ai faites depuis deux ans sur son histoire intellectuelle ne l’auront que trop confirmé : après 1870 les jeux sont faits en France pour le pire et l’encore plus pire. La France aime l’étranger, les droits de l’homme, le socialisme, le métissage, l’universalisme et l’Amérique post-WASP en guerre éternelle et inutile. C’est BHL qui a raison, BHL son saigneur et mentor officiel. La France postmoderne adore encore plus l’interventionnisme, le fun, les surgelés Picard et la fiscalité. Jules Verne même, ai-je appris récemment dans son excellent "Clovis Dardentor" explique que l’on perdra l’Algérie à cause de l’absence de vrais colons et de la sur-présence du fonctionnaire. Le dernier coup de grâce - ou de race - aura été donné en Mai 68 par le petit peuple néanderthalien, guidé par ses instits’ festifs et nihilistes, et toujours si soucieux de donner la chasse au restant des germains épargnés en 1789 ou sur les charniers républicains (pour 89 ce n’est pas de moi, c’est de Renan). Le mauvais pli pris par la droite molle ou faussement dure suit logiquement l’involution de cette terre fatiguée - et fatigante à plus d’un trait.

Pour le reste, comme me le recommande un commentateur désagréable à souhait (Jaurès, je crois, qui semble payé pour ça), je vais me consacrer de plus près à la grande littérature ou à quelque essai ambitieux ; je l’ai pourtant déjà fait, voyez mon catalogue, mais parfois en pure perte car les temps et les lieux ne s’y prêtaient pas. Mais j’ai été heureusement traduit en russe (mon "Tolkien" - ce n’est pas le seul traduit de mes opus), ce qui m’a permis de rencontrer ma merveilleuse femme. J’ai depuis viré à l’orthodoxie, laissant aux cathos réacs le soin de conspuer leur pape comme à l’époque de Léon Bloy.

Mes amitiés à mes rares mais suffisants lecteurs, mes Happy Few, comme disait l’Autre. Je leur recommande de réapprendre le latin pour lire les vrais classiques dans le texte, rien n’est meilleur pour l’esprit et sa santé. Virgile ou bien Tacite, quel pied de nez au système social ; quelle lumière aussi pour se préparer à la vieillesse et au sommeil éternel qui nous attend bien plus sûrement que la faillite de la presque Hollande ou la baisse des actions Facebook.

La - dernière - chronique que l’on va lire est donc pour la presse russe et elle traite de l’affaire Alain Delon pour mon public russe. Si on ne l’aime pas, on pourra toujours en relire de précédentes ! J’en ai eu de bien notées par mes impavides examinateurs !

France : la chasse à Alain Delon est ouverte

La France n’est certes plus le grand pays rayonnant qu’il a été au temps du général de Gaulle, quand le monde entier respectait son prestige, ses armes, sa diplomatie, mais aussi ses chanteurs et ses artistes de cinéma. Petite colonie américaine aigrie, la France est aujourd’hui un pays néo-totalitaire (comme dit le journaliste d’extrême-gauche Halimi) où la chasse aux sorcières est tout le temps ouverte. Le récent scandale et la diabolisation soulevée par les propos politiquement incorrects d’Alain Delon en matière homosexuelle (matière la plus redoutable de toutes, Vladimir Poutine et la Russie, toujours en position d’accusés ici, en savent quelque chose) sont là pour en témoigner.

Alain Delon a donc déclaré à la télé française qu’il était opposé à la cause homosexuelle, cause qui commence à casser les pieds de presque tous les Français ici, et il a même ajouté sans doute un peu trop lyrique, que l’homosexualité était contre nature ; mais comme on sait la science moderne a beaucoup fait reculé les limites de cette pauvre nature ! Immédiatement il a eu droit à ce que nous appelons en français une levée de boucliers, et notre dernière star internationale - tout aussi diabolisée et marginalisée que notre légendaire Brigitte Bardot, qui préfère s’occuper des animaux que des Français, et comme on la comprend ! - a été donc dénoncé, marginalisé, critiqué, houspillé, diabolisé, etc. Comme Delon a plus de soixante-dix ans, on l’a aussi traité de gâteux, de papy car ce racisme antivieux est lui très bien toléré en France maintenant (la plupart des vieux étant des blancs et des chrétiens, il est donc légitime et moral de les insulter dans ce malheureux pays).

Je dois dire maintenant que j’ai mal compris la sortie de notre ami Delon, si j’ai très bien compris la réaction satanique de nos médias de masse. Je me suis demandé en effet comme Molière ce qu’il allait faire dans cette galère. Pourquoi parler des sujets qui brûlent dans un pays dégénéré, devenu dangereux (les touristes en savent quelque chose !) et surtout habité par les démons de la chasse aux sorcières ? Le grand cinéaste Annaud que j’ai interviewé pour La Pravda m’a plusieurs fois dit en privé qu’il était très prudent au moment des interviews, et que la langue de bois était faite pour les médias de masse occidentaux, qui poussent de plus en plus à la création orwellienne d’une novlangue, d’une pensée unique et d’une police de la pensée. Alain Delon aurait donc dû savoir ce qui allait lui tomber dessus.

On me dira que ce guerrier et samouraï du cinéma en a vu d’autres (il avait même confessé à la BBC que les expériences homosexuelles n’avaient rien de déshonorant - c’était en jouant au billard, et en répondant en anglais il y a cinquante déjà...) et qu’il a peut-être voulu une fois nouvelle faire parler de lui en termes polémiques. La polémique n’a jamais nui à son personnage bien au contraire. Mais cette fois-ci sa fille Anouchka a tenu à se désolidariser des propos de son père. Trahison filiale bien venue : car cette société ouverte, tolérante et démocratique ne trouve rien de mieux que de faire dénoncer les parents par leurs enfants comme aux temps les moins ragoûtants du totalitarisme du siècle dernier.

L’affaire Delon nous rappelle une chose ; qu’il s’agisse de la bourse folle et de l’économie en chute libre, de l’immigration, de la Syrie, du contrôle mental et social des populations, l’occident est tombé sur la tête et devrait faire fuir ceux qui ont encore le sens de l’honneur et de la justice. Merci au grand acteur exilé en Suisse de nous l’avoir rappelé.

Nicolas Bonnal http://www.france-courtoise.info/?p=1499#suite

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