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Le Téléthon et la langue de bois (archive 2006)

L’’affaire commence il y a trois ans. Auparavant, cette œœuvre caritative avait acquis un rythme de croisière, et progressait régulièrement, notamment par l’’aide fournie aux myopathes eux-mêmes. Tout au plus —et ce n’’était pas rien — pouvait-on reprocher au Téléthon ce qu’’il faut dire du bout des lèvres car susceptible d’’inquiéter la vache à lait contribuable et bénévole.
« En jouant le jeu des prophéties, pour attirer les donateurs, les chercheurs sont assez éloignés du cheminement scientifique classique » comme il est écrit dans le dernier Science et Vie de décembre 2006. Ce qui, traduit en français, signifie que l’’orientation des recherches vers la génétique a fait un bide complet. On faisait prendre des vessies pour des lanternes, au nom de la recherche sur le gène et ce qui se nomme les sciences fondamentales a été exalté. Mais au niveau des traitements, rien ne progressait. Ceci a duré vingt ans. Entre temps mon fils myopathe était mort à l’’instar de milliers d’’entre eux. Il n’’a pas été le seul.
Tuer la maladie ou le malade ?
La grande escroquerie commença il y a deux ans. La propulsion à la tête du conseil scientifique du Pr Peschanski bouleversera toutes les données. Ceci se résumant d’une simple manière : puisque nous n’’arrivons pas à tuer la maladie, tuons donc le malade, c’’est plus simple.
Certes il n’’est pas encore question d’’euthanasie les nouveaux-nés myopathes. Seront alors dégagés trois axes dont la progression est rendue possible par les lois d’’avortement Veil, puis par la loi Mattei de 2004 permettant les expérimentations sur les embryons abandonnés par leurs parents au décours d’’une fécondation in vitro.
—- Premier axe : affiner les armes pour diagnostiquer les myopathies in utero (DPN ou diagnostic prénatal). La principale étant la ponction de liquide amniotique. 100 % de morts des enfants à naître. Quand un tel diagnostic est posé, c’’est l’’avortement dit “médical”. Il peut y être procédé la veille même de l’’accouchement. Injecter dans le cœœur ou le cordon ombilical de l’’enfant du potassium hyperconcentré . Une agonie plus ou moins longue et affreuse. L’’accouchement se met en route. Et si l’’enfant a la prétention de respirer encore à la naissance il est achevé par du curare ou d’’autres substances chimiques : l’’horreur absolue. Or lors de la dernière émission du Téléthon, si cette technique a été évoquée, il n’’a pas été précisé que de tels diagnostics aboutissaient à l’’avortement dans 100 % des cas. Le mot n’’a pas été prononcé pour ne pas effrayer le bon peuple et les myopathes.

La langue de bois.
—- Deuxième axe : la sélection eugénique par le diagnostic pré-implantatoire. Des embryons sont créés par la fécondation in vitro. Quand ils sont un peu développés, leur sont ponctionnées des cellules. Si le diagnostic génétique de myopathie est établi, ils vont à la poubelle, sans compter la “casse” liée à la technique de la fécondation in vitro. Le premier rescapé, le survivor, est alors présenté comme le premier bébéthon. Cela étant présenté comme un grand succès. Or cet enfant n’’a jamais été guéri de rien car il n’’était pas malade. Escroquerie morale pure et simple.
-— Troisième axe ; Peschanski qui dirige une partie des recherches financées par le Téléthon et travaille à l’’Inserm pense qu’’en développant des cellules souches embryonnaires il pourra renouveler le tissu musculaire. Ce professeur s’’est fait intoxiquer par le fameux escroc coréen Hwang qui prétendait avoir cloné un être humain. Il devait même introniser l’’aigrefin “homme de l’’année” à Paris il y a deux ans. Peschanski a à son actif réussi à faire voter l’’autorisation et le remboursement du diagnostic pré-implantatoire. Il récupère aussi des morceaux de cerveau de fœœtus vivants avortés, et cela « dans les conditions éthiques » précise-t-il, pour guérir la maladie de Huntington.
On voudrait savoir lesquelles. Nous lui devons une phrase sublime qui montre à quel point un scientifique de haut niveau peut tromper. Dans le numéro de septembre 2004 de Science et Avenir  il déclare par exemple, après avoir estimé que la technique de Hwang était connue : « Que nous manque-t-il alors ? De pouvoir démontrer l’’utilité du clonage ? Mais ça, je suis capable de le faire sur le champ. » On voudrait bien savoir comment ?
Des évêques brisent l’’omerta
Dans tous les cas les trois axes du Téléthon arrivent à tuer des embryons, notamment par tamisage, et aussi des fœœtus. Et quand ceux-ci auront tous été tamisés ou tués, dans quelques années ne naîtra plus vivant aucun myopathe. Les médecins biologistes auront tué la maladie en tuant les malades : c’’est ce qui s’est produit déjà avec la trisomie.
Or les pauvres myopathes servent de canard d’appel pour obtenir de l’argent qui, à terme, sert à tuer les enfants myopathes non nés. Dans vingt ans, ils seront tellement peu nombreux qu’’ils n’intéresseront plus personne. Et ceux qui ont figuré sur le plateau de télévision seront tous morts.
Il faut ajouter à cela que toutes ces expériences dignes de Frankenstein sont tout à fait légales. Elles résultent entre autres du fameux arrêt Grand-mangin. Cette femme avait perdu son enfant lors d’un accident causé par un chauffard et n’’avait pas reçu d’’indemnité pour lui. La Cour de cassation avait en effet décidé dans sa grande mansuétude et contre tout bon sens que l’’enfant non-né n’’était ni une personne, ni un objet de droit, donc une abstraction pure. Et la loi considère effectivement l’’enfant à naître comme un matériau dont il est possible de disposer à sa guise. Chirac, signataire de la loi Veil, a été là pour nous le rappeler.
Cela dit, il est bon de voir que cette année le lièvre a été soulevé par Mgr Rey de Toulon, qui le premier a osé briser l’’omerta du politiquement et du biologiquement correct en disant qu’’il ne pouvait en conscience soutenir une telle entreprise. Mais d’autres évêques dirent le contraire tout en émettant des réserves. Un autre, Mgr Dubosc, était pour au nom de la non-ingérence dans l’’État laïque. Bref la cacophonie totale. Au moins le mérite de la polémique est qu’’enfin plusieurs évêques ont osé parler fermement, ce à quoi nous n’’étions plus habitués depuis quarante ans.
La polémique va reprendre l’’an prochain. En attendant il est indispensable d’’écrire à l’’Association de la lutte contre la myopathie pour protester du mauvais usage qui est fait de l’’argent des donateurs. La présidente, Mme Laurence Tiennot-Hermant a été piquée au vif et déstabilisée complètement par ces oppositions inattendues : elle a interdit à la Fondation Lejeune de mentionner le mot de Téléthon sur Internet, ce qui est contraire à la loi et une atteinte à ce qui reste de liberté dans notre pays. Enfin, l’’Église fait résistance à la débandade morale. Il est grand temps.
Dr Jean-Pierre Dikès✫ L’’Action Française 2000– du 21 décembre 2006 au 3 janvier 2007
✫ Président de l’’Association catholique des infirmières, médecins et professionnels de la Santé

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