Petit souvenir personnel. Mon père, assis derrière son bureau : « Voilà ce que je te laisse en héritage de plus important… Tu n’auras besoin de certains d’entre eux qu’une fois par an seulement, mais ce jour-là, il te faudra l’avoir. »
Il me désignait alors du bras un pan entier de son impressionnante bibliothèque, soit un mur complet de la pièce… Environ une centaine de volumes : les 21 volumes de la Grande Encyclopédie Larousse, les 20 tomes de l’Encyclopædia Universalis, les 4 du Littré, et tant d’autres encore… que j’ai pieusement conservés partout où j’ai vécu, trimballés de déménagement en déménagement, puis finalement de cave en cave en attendant le jour où… mais ce jour n’est jamais venu. Il y en eut un autre, au début du siècle, où quelques clics sur Internet m’ont fait me demander ce que j’allais bien pouvoir faire de cet héritage tellement encombrant. J’ai finalement davantage « imposé » qu’offert à la nourrice d’un de mes enfants les 21 énormes volumes Larousse, « abandonné » ceux de l’Encyclopædia Universalis aux bons soins d’un locataire malchanceux de m’avoir succédé… et dois sans doute posséder encore quelques pièces de « mon héritage le plus important » dans une malle oubliée je ne sais plus où depuis quinze ans maintenant.
Grandeurs et misères des éditions papier de tous les glorieux dictionnaires et encyclopédies dont le prestige, comme le bon vin, n’aura pourtant cessé de s’améliorer, épargné des outrages du temps, mais pas du progrès !
Le « support papier », manipulé à satiété par des générations et des générations successives de 7 à 77 ans, pour rechercher, découvrir ou vérifier tout sur tout, n’est plus adapté à notre vie ; les uns après les autres, ils s’éditent en numérique, où naissent et se développent directement en ligne, telle la désormais incontournable Wikipédia : « Encyclopédie participative lancée en 2001 dont la version française compte aujourd’hui plus de 1,2 million d’articles continuellement mis à jour par plus de 5.000 contributeurs bénévoles », rapportait Le Figaro en mars dernier.
La nouvelle édition du Grand Robert, à son tour, n’est plus que numérique, elle aussi, depuis le 24 octobre dernier. Après le Quid en 2007, après l’Encyclopædia Universalis l’année dernière… et à l’étranger, après Britannica, la plus ancienne encyclopédie en langue anglaise, en 2010.
Certes, les nostalgiques d’une époque que les moins de quinze ans n’auront jamais connue le regretteront. Mais devront s’y mettre, eux aussi, à moins de résister avec leurs anciennes éditions, au fin fond de leur bibliothèque, mais sans plus accéder aux mises à jour…
Certains, butés, s’en passeront… D’autres, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, iront aussi consulter les nouvelles éditions sur le Net, comme la majorité de leurs contemporains, au risque, un jour, d’être à leur tour happés par la Toile… et d’oublier leurs « trésors en papier », simple héritage qui s’avérera alors si encombrant pour leurs enfants.
Il me désignait alors du bras un pan entier de son impressionnante bibliothèque, soit un mur complet de la pièce… Environ une centaine de volumes : les 21 volumes de la Grande Encyclopédie Larousse, les 20 tomes de l’Encyclopædia Universalis, les 4 du Littré, et tant d’autres encore… que j’ai pieusement conservés partout où j’ai vécu, trimballés de déménagement en déménagement, puis finalement de cave en cave en attendant le jour où… mais ce jour n’est jamais venu. Il y en eut un autre, au début du siècle, où quelques clics sur Internet m’ont fait me demander ce que j’allais bien pouvoir faire de cet héritage tellement encombrant. J’ai finalement davantage « imposé » qu’offert à la nourrice d’un de mes enfants les 21 énormes volumes Larousse, « abandonné » ceux de l’Encyclopædia Universalis aux bons soins d’un locataire malchanceux de m’avoir succédé… et dois sans doute posséder encore quelques pièces de « mon héritage le plus important » dans une malle oubliée je ne sais plus où depuis quinze ans maintenant.
Grandeurs et misères des éditions papier de tous les glorieux dictionnaires et encyclopédies dont le prestige, comme le bon vin, n’aura pourtant cessé de s’améliorer, épargné des outrages du temps, mais pas du progrès !
Le « support papier », manipulé à satiété par des générations et des générations successives de 7 à 77 ans, pour rechercher, découvrir ou vérifier tout sur tout, n’est plus adapté à notre vie ; les uns après les autres, ils s’éditent en numérique, où naissent et se développent directement en ligne, telle la désormais incontournable Wikipédia : « Encyclopédie participative lancée en 2001 dont la version française compte aujourd’hui plus de 1,2 million d’articles continuellement mis à jour par plus de 5.000 contributeurs bénévoles », rapportait Le Figaro en mars dernier.
La nouvelle édition du Grand Robert, à son tour, n’est plus que numérique, elle aussi, depuis le 24 octobre dernier. Après le Quid en 2007, après l’Encyclopædia Universalis l’année dernière… et à l’étranger, après Britannica, la plus ancienne encyclopédie en langue anglaise, en 2010.
Certes, les nostalgiques d’une époque que les moins de quinze ans n’auront jamais connue le regretteront. Mais devront s’y mettre, eux aussi, à moins de résister avec leurs anciennes éditions, au fin fond de leur bibliothèque, mais sans plus accéder aux mises à jour…
Certains, butés, s’en passeront… D’autres, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, iront aussi consulter les nouvelles éditions sur le Net, comme la majorité de leurs contemporains, au risque, un jour, d’être à leur tour happés par la Toile… et d’oublier leurs « trésors en papier », simple héritage qui s’avérera alors si encombrant pour leurs enfants.
Philippe Randa http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EFlFuVllpltAHXLDda.shtml