Les gens du commun soupçonnent rarement jusqu’où peut aller le machiavélisme de certains hommes politiques.
Le retournement récent de l’opinion, en tous les cas de ceux qui l’inspirent, en faveur de Christiane Taubira à la suite des injures à caractère raciste qui lui ont été adressées, en offre l’exemple.
Que le lynchage médiatique d’une gamine de 11 ans, visiblement pas inspirée par ses parents, soit inacceptable — et, comme d’habitude, il n’aurait pas eu lieu si les positions avaient été inversées ! —, il faut le dire clairement. Mais que le même thème, dit « de la banane », ait été enfourché par une candidate aux élections passant sur France 2 ou par un hebdomadaire partisan, tous deux situés à la droite extrême, est le révélateur de ce qu’il faut bien appeler une immense bêtise. D’autant plus inquiétante qu’on suppose que ce qui a ainsi fortuitement transpiré en public est habituel en privé.
Pourquoi bêtise ? Parce que le racisme, le vrai, est bête. Sans doute. Mais surtout parce que ce qui est reproché, à juste titre, à Mme Taubira, tant sur la question du mariage homosexuel que sur celle de la réforme de la justice, est peut-être ce qu’il y a de plus éloigné de toute considération raciale.