Lu dans Minute :
"Si l’on veut savoir à quoi pourrait ressembler une France politique dans laquelle la recomposition de la droite deviendrait réalité, c’est à Orange et dans sa circonscription qu’il faut aller. C’est là que, en vingt ans, un homme a bâti patiemment, à force de travail et d’habileté, un empire local. Elu en 1995 au hasard d’une triangulaire, Jacques Bompard et ses alliés gèrent désormais trois des cinq principales villes de la circonscription. L’appareil FN, absent, a choisi de le soutenir. L’appareil de l’UMP, qui ne s’est pas remis du départ de Thierry Mariani, n’existe presque plus. Tant et si bien qu’il pourrait n’y avoir qu’une seule liste estampillée clairement UMP en 2014 sur la quarantaine de communes du Nord-Vaucluse! [...]
Dans le Nord-Vaucluse, la droite parlementaire est un astre mort, satellisé par la planète Bompard. Mais qu’est-ce au juste que le système Bompard ? D’abord du travail, ensuite du travail, toujours du travail. Une présence permanente sur le terrain. [...] Sa ligne politique est simple, mais efficace : de droite. Sans excès mais sans complexe. Favorable à une vraie Europe, sans concession sur l’immigration, Bompard se situe à la confluence de l’UMP dure et du FN. La compétence gestionnaire en plus. La gestion de la ville d’Orange est souvent arrivée en tête de classements spécialisés. [...]
La droite s’est recomposée autour de Bompard. Des élus UMP qui, hier encore, n’hésitaient pas à réclamer un front républicain en leur faveur travaillent aujourd’hui avec l’homme fort de la circonscription. Loin de violer leurs consciences, il s’agit, bien souvent, d’une libération de leurs vraies convictions. [...]
L’exemple nord-vauclusien devrait faire tache d’huile en mars prochain. A Carpentras, l’avocat Hervé de Lépinau, bras droit de Jacques Bompard à la Ligue du Sud et suppléant de Marion Maréchal-Le Pen, a été investi par le Rassemblement Bleu Marine. [...] Marion Maréchal Le Pen est elle-même candidate à Sorgues, petite commune de 18000 habitants entre Avignon et Orange, sur la liste d’un élu UMP dissident et depuis exclu. Face à eux, le maire sortant et secrétaire départemental de l’UMP. Que Carpentras et Sorgues tombent et c’est la moitié du Vaucluse qui passerait à la droite nationale. A terme, c’est la direction du conseil général, socialiste depuis 2011, qui devrait échapper à la gauche. Si l’UMP n’est pas encore prête à accepter un accord avec le FN, Jacques Bompard a toutes les cartes pour faire le joint. Le fait vauclusien ne répond pas au schéma mariniste du « seul contre tous » et du « ni droite ni gauche ». Il démontre que dans les terres du sud, la « porosité », pour parler comme un sociologue, des droites est telle qu’une fois créé un rapport de force favorable, la droite parlementaire explose et que ses élus locaux peuvent se « frontiser ». [...]"