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Ce qu’une loi a fait, une autre peut le défaire

Editorial d'Aymeric Pourbaix dans Famille chrétienne :

E"Ce qu’une loi a fait, une autre peut le défaire, même trente ans après. Pour la première fois en Europe, la loi espagnole s’apprête ainsi à restreindre l’accès à l’avortement. Preuve que le sens du mot « progrès » peut être inversé…  Car l’avenir n’est pas écrit. Il n’y a pas de fatalité pour que, en France, soient votées en 2014 d’autres lois qui transforment la civilisation, parce qu’elles boule­versent la vie et la mort.

Il ne s’agit pas pour autant de retourner à un âge d’or. Nous ne sommes pas les gardiens d’une société idéalisée, nous voulons construire celle de demain, et sur du roc. Mais pour susciter la confiance dans une société qui en manque tant, il faut nous appuyer sur ce qui demeure, sur ce qui a résisté à l’usure du temps, en définitive, sur ce qui est éternel.

L’Église croit au progrès pour les sociétés humaines, elle y a même contribué plus que quiconque depuis deux mille ans. Mais il faut rompre avec la croyance révolutionnaire et magique en un progrès linéaire, ce qui reviendrait à « demander au temps de tenir les promesses de l’éternel » (Gustave Thibon). Après la Première Guerre mondiale, dont nous célébrerons le centenaire cette année, Paul Valéry avait eu ce mot révélateur : « nous autres, civilisations, savons maintenant que nous sommes mortelles  ». C’est toujours vrai. Ce dont il s’agit, c’est désormais de nous élever contre la régression qui menace, comme l’affirmait récemment un philosophe tirant les leçons du vaste mouvement social et familial né il y a un an.

Tout cela ne dépend pas du hasard, mais de chacun de nous. Et également d’avoir la sagesse d’accepter que le redressement de notre pays demandera du temps, de la patience. Comme l’ont montré les moines, qui ont façonné nos paysages et notre civilisation à travers les siècles, même les plus troublés, au prix d’efforts répétés. Et toujours en donnant la première place à la recherche de Dieu.

Si le temps est bien « un messager de Dieu » , comme le soulignait saint Pierre Favre, fraîchement canonisé par le pape, cela suppose de nous arracher à nos désirs d’efficacité immédiate et de connexion permanente, pour nous attacher à des joies plus profondes et durables : la véritable culture, qui se traduit par la lente élévation de l’âme, de l’esprit et du cœur. En 2013, la France a montré qu’elle possédait un terreau fertile : sa jeunesse. Il reste à cultiver ce germe de renaissance. Aujourd’hui, ce sont les âmes qui sont en friche, comme autrefois les terres.

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