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Dieudonné, ange déchu du système

Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’emballement médiatique et politique autour de Dieudonné ne peut pas passer inaperçu. Pas un jour sans une déclaration tonitruante, une menace ou un reportage, mais comment en est-on arrivé là ?

Dieudonné, icône de l’anti-racisme

Jadis Dieudonné, comme tout le monde le sait, était l’acolyte d’Elie Semoun. Il pourfendait le racisme et œuvrait pour la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité. Dieudonné, c’est celui qui est en première ligne à Dreux, lorsque le FN commence à faire des scores qui inquiètent la nomenklatura, Dieudonné s’oppose à Haider, Dieudonné est favorable aux sans-papiers. Dieudonné est alors plus proche des positions de Christiane Taubira que de celles de Jean-Marie Le Pen. Dieudonné est à l’époque à mettre dans le même panier qu’un Jamel Debbouze, avec lequel il joue d’ailleurs dans Astérix.

Mais comment une telle icône de l’anti-racisme peut se voir accusée aujourd’hui de faire le jeu de la "bête immonde" ? C’est délirant n’est-ce pas ? Oui mais voila, Dieudonné va mettre le doigt là où ça fait mal.

Dieudonné et le sionisme, une rencontre électrique

Il est impossible de comprendre le parcours de Dieudonné, sans comprendre ce qu’on peut nommer en France la compétition victimaire, que se mènent autour des années 2000 les associations noires et les associations juives. Dieudonné estime alors que la question de l’esclavage est largement sous traitée, comparativement à celle de la Shoah. Aussi, Dieudonné fait parti de cette gauche pro-palestinienne, très hostile à la politique de l'Etat d'Israël. Il se fera désavouer par l’Inquisiteur officiel de la République, BHL, après un sketch sur un colon israélien. Il commence alors à critiquer l’omniprésence des « sionistes », c'est-à-dire les nationalistes juifs, dans les rouages de la culture française, mais aussi des médias et de la politique. Nous sommes en 2004, Dieudonné se regroupe alors autour de ses fidèles dans son théâtre et prépare un certains nombres de salves dévastatrices, dont la première sera le spectacle « Mes excuses ».

Dieudonné, la quenelle et le combat par l’humour

Très rapidement, Dieudonné va prolonger son combat par l’humour, il invente (ou pas ?) le geste de la quenelle, qui est une sorte de « fist fucking », de bras d’honneur assez scato. Il fait une chanson, « shoananas », qui cherche à dénoncer un « chantage mémoriel ». Enfin, une expression perce : « au dessus c’est le soleil » (avec le doigt en l'air) pour signifier qu’une personnalité est très importante. Il raconte dans ses sketchs ses déboires mais dépeint aussi un certains nombres de situations inventées ou non, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est drôle et parvient à réunir autour de lui un public nombreux et diversifié. Il crée une véritable communauté qui attend avec impatience ses vidéos et envoie des photos où chacun fait « la quenelle ». Ses propos corrosifs sur le sionisme, les négriers juifs, les hommes politiques (qu’il appelle clairement à faire dégager), ses rencontres avec Ahmadinejad, Le Pen (qui devient le parrain de sa fille), Faurrisson (à qui il décerne le prix de l’infréquentabilité) et son association avec Alain Soral poursuivent de le marginaliser.

Dieudonné, un cas d’école

L’histoire de Dieudonné, c’est donc au fond l’histoire de tous les résistants à l’Empire. C'est à dire de tous ceux qui à un moment donné se posent des questions sur certaines orientations géopolitiques, sur la version officielle de certains événements ou cherchent à briser des tabous médiatiques. D’abord on condamne moralement, de façon à rappeler la ligne à ne pas franchir aux braves gens, ensuite on diabolise, de façon à rendre le personnage infréquentable, à l’isoler, à le couper de tout soutien, à rendre sa promotion en public impossible et enfin on condamne judiciairement pour endetter le trublion, le mauvais farceur et le tuer par le porte-feuille. En périphérie, on menace, on agresse, de façon à diminuer et à désarçonner les troupes. C’est exactement la stratégie employée jadis contre Le Pen et le FN, stratégie à laquelle se joignait Dieudonné. Son histoire prouve, comme celle de Soral d’ailleurs, que même une personne bien introduite dans les rouages médiatiques et le système peut se faire excommunier en place publique. Dieudonné, c’est celui qui aurait pu finir saint de la religion mondialiste mais en devient un hérétique. Dieudonné est un ange déchu.

Dieudonné, "montée aux extrêmes" et "stratégie du choc" ?

Ce qui est évident, c’est une montée aux extrêmes (au sens Clausewitzien du terme) de la part de la dieudosphère comme de ses ennemis. D’un côté certains font la quenelle devant des synagogues, la rue des juifs ou tout ce qui concerne les juifs (on est plus simplement dans l’anti-sionisme, à moins de considérer que tous les juifs sont sionistes, ce qui est faux), et de l’autre, on parle de salut nazi inversé, d’interdire la quenelle, on agresse des « quenelliers », bref, du gros délire. Cette montée aux extrêmes pourrait tout aussi bien être une stratégie du choc et doit être analysée avec distance. Par « stratégie du choc » on peut entendre ce qui est écrit dans Gouverner par le chaos, c'est à dire un conditionnement de l'esprit des masses par des chocs successifs, tout comme on peut entendre par « choc » l’idée du « choc des civilisations ». Ce sont ici deux concepts différents mais qui dans les deux cas permettent au système de prospérer.

Dieudonné, Robin des bois de la banlieue ?

Je ne gloserai pas sur la « stratégie du choc », laissant cela à ceux qui maîtrisent mieux que moi les stratégies de conditionnement du système, en revanche, si on fait exception des quelques « nationalistes » qui se rendent à ses spectacles, le public de Dieudonné est un public plutôt issu des banlieues. Ce qui rend aujourd’hui Dieudonné « dangereux », c’est qu’il est en train, par internet et par ses relais associatifs, de détourner peu à peu la rébellion d’une partie des populations des banlieues vers le « Système » et non plus vers le Français moyen, l’électeur du FN. Il porte une voix totalement différente de celle que nous avons l'habitude d'entendre. C’est une véritable « révolution », car si des gens comme BHL ont récupéré la Marche des Beurs, c’était pour fédérer les « minorités opprimés » (juifs, noirs, arabes), qui n'avaient en commun que d'être des minorités, contre ce Français moyen fantasmé en gros beauf raciste votant FN. Une question pourrait dès lors se poser, cela ne fait-il pas qu'illustrer une fois de plus qu'une société multi-ethnique devient une société « multi-raciste »? Les différentes communautés, quand elles prennent conscience d'être autre chose que de simples "minorités" manifestent des intérêts et des aspirations qui peuvent devenir antagonistes. Au fond les tensions actuelles entre dieudonistes et sionistes ne sont que l'importation du conflit israélo-palestinien en France et les préoccupations d'une partie de l'opinion publique autour de cette question. Et puis comment être à la fois anti-raciste « ici », tout en fermant les yeux sur l’apartheid « là-bas » ? Un gamin de Trappes aura vite compris qu’il n’a pas grand-chose à partager avec l’UEJF, la LICRA et le CRIF… n'en déplaise aux chantres de l’anti-racisme institutionnel comme BHL. Ainsi, peut-on voir dans l'agitation du gouvernement la volonté de recadrer le champs d'action de l'anti-racisme autorisé et subventionné. Cela explique aussi l'offensive de la quatrième chaîne, celle du foot, du porno et de l'anti-racisme bobo.

Dieudonné et la division de « l’extrême-droite »

De fait, contrairement à une idée reçue, l’extrême-droite (définie par le Système) n’est pas unanime sur la personnalité de Dieudonné. Les anti-sionistes auront tendance à le soutenir, les suprématistes blancs ne voient qu’un « nègre », et les diverses formes de « néo-patriotes » ne l’apprécient pas vraiment, d’autant qu’il reçoit le soutien de quelqu’un comme Anelka, qui n’a pas vraiment bonne presse chez les patriotes (antillais banlieusard converti à l’islam, qui insulte son entraîneur et provoque la France) et de nombreux banlieusards et autres femmes voilées. La quenelle devant le panneau de la bataille de Poitiers par 3 musulmans en djellaba n’arrangeant pas les choses. Du coup, encore une fois, cette histoire contribue à fragiliser un prétendu « camp national », à radicaliser les discours dans un sens (patriote anti-sioniste) ou dans l’autre (patriote pro-sioniste anti-islam). Ici encore, l’absence d’une doctrine claire, la monomanie des uns et des autres, la position d’éternels spectateurs, empêche le « camp national » d’avoir une quelconque prise sur les événements. Même Alain Soral est un peu l’ami malheureux, ses videos sont moins regardées que celles de Dieudonné, son analyse sociologique est résumée à la question juive et à la quenelle alors que sa pensée est nettement plus complexe, fine et en un mot : politique.

Dieudonné et nous

Pour notre part, nous convenons que c’est un humoriste doté d’un grand talent et de nombreux sketchs nous font rire. Nous sommes assez consternés, pour ne pas dire scandalisés, par la cabbale médiatique qu’il subit, mais au fond, cela ne nous étonne pas, il y a des sujets avec lesquels on ne plaisante pas, et beaucoup sont en train de le découvrir.

Nous ne partageons pas le fond idéologique de Dieudonné, la cause noire n’étant pas directement la nôtre, nous n’avons pas vraiment comme référence Mandela ou Farrakhan… et n'approuvons pas le métissage. En revanche, nous ne pouvons qu’approuver sa dénonciation de la LICRA. Dieudonné à clairement levé le lièvre. En effet, à aucun moment de son parcours, Dieudonné n’a été condamné ou inquiété pour ses positions sur la France ou les blancs, mais il l'est désormais pour ses positions sur Israël. Ainsi la justice française se montre tendre avec tous ceux qui sont hostiles à la France mais se révèle impitoyable avec les positions anti-sioniste de Dieudonné, comme de Soral d'ailleurs.

Il nous faudra surtout être attentif à la tournure des événements, à la façon dont cette hystérie collective va tenter d’augmenter d’un cran le contrôle de l’opinion. Ne perdons pas non plus de vue que derrière la quenelle, il n'y a aucun projet politique.

Conclusion :

Quelles sont les hypothèses sur le sens de cette affaire ?

- permettre à Manuel Valls d’affirmer l’autorité de l’Etat, particulièrement malmenée, on est dans la continuation de « l’affaire Méric », de l’arrestation de Varg Vikernes et des dissolutions.

- faire éclater des troubles civils entre les banlieusards et le reste de la population, faire monter la tension, autour des salles de spectacle, dans la rue, en banlieue.

- obliger la droite à se positionner pour accentuer la fracture entre l’UMP (hostile) et le FN (neutre)

- mettre l’extrême-gauche pro-palestinienne face à ses responsabilités en matière d’anti-racisme et d’anti-sionisme.

- faire disparaître le duo Dieudonné-Soral avant qu'il y ait véritablement un enjeu populaire induit par les effets de la crise et que les deux hommes deviennent les porte-voix d’un grand mouvement populaire anti-système.

- ostraciser l’anti-sionisme pour empêcher que toute critique du système liée à la crise conduise à une critique des intérêts sionistes.

Jean

http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2014/01/02/dieudonne-ange-dechu-du-systeme-5260471.html

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