Il a bon dos, le malheureux dormeur du dimanche matin à qui la justice donne raison aujourd’hui.
Pour faire un village (« faire village », diraient les ineptes adeptes de la novlangue), il ne suffit pas d’aligner des pavillons bien proprets, de planter un rond-point européen à chaque entrée et d’installer en plein milieu une agence bancaire pour ménages surendettés. Pour faire un village, il faut aussi beaucoup de temps, des histoires de familles, de clochers. Un village, c’est construit sur des fondations datant souvent du Moyen Âge, parfois de l’Antiquité. Pour faire un village, il faut surtout une âme.
Et cette âme en France, elle a un son, une voix presque, celle des cloches de nos églises. Elles ont leurs ennemis, aujourd’hui. Passons sur les quelques citadins exilés en cambrousse, lève-tard qui ne supportent pas d’être dérangés pendant leur câlin dominical. La campagne est, pour eux, ce qu’elle était pour la malheureuse Marie-Antoinette dans son hameau : un charmant décor où l’on ne doit pas marcher sur une bouse de vache. La bêtise pouvant franchir les portes du prétoire, ils gagnent parfois au tribunal. On l’a vu récemment.