"Paris, 26 janvier : 250 personnes en garde à vue. Comment la police en est-elle venue à opérer des arrestations massives après une manifestation autorisée ? Enquête d'un journaliste qui a eu le tort d'oublier sa carte de presse...
« C'est une rafle ». L'officier de police qui marche dans le couloir du commissariat ne mâche pas ses mots. Il fait écho à plusieurs agents croisés avant lui, qui ne trouvaient d'autres termes pour désigner l'arrestation massive survenue hier, dans le 7ème arrondissement de Paris. Dimanche soir, près de deux-cents cinquante personnes ont été interpellées, fouillées puis placées en garde à vue pour une nuit ou plus, suite à la manifestation organisée par le collectif "Jour de colère". Pour combien de condamnations ? On ne le sait encore.
Dimanche, 17 h 30, à l'arrivée de la manifestation.
Les organisateurs n'ont pas fini de crier leurs revendications au micro que, au loin, des dizaines de cars de CRS sont prêts à intervenir. Toutes les issues menant à la place Vauban, où se trouvent l'estrade et la sono, sont bouclées. Pour y parvenir, on est obligé de palabrer devant un barrage de CRS. Sur scène, les intervenants égrènent leurs reproches et demandent la démission du gouvernement. Béatrice Bourges, du "Printemps français", annonce un « jeûne ». Une partie de la foule présente - quelques dizaines de milliers de personnes - commence à se disperser. La journée explosive qu'attendaient certains observateurs n'a pas eu lieu.
Très vite, quelques pétards éclatent. Un fumigène est allumé. Une trentaine d'ultras tentent d'enflammer la soirée [des témoignages faisant état d'agents provocateurs déguisés commencent à circuler sur le net - NDLR]. Mais la pluie tombe, il n'y a plus grande affluence et l'ambiance est à la discussion. Jets de gros pétards et (sans doute) de quelques bouteilles constitueront l'essentiel des échauffourées, qui dureront une grosse demi-heure. Les agitateurs, peu nombreux, sont concentrés sur un seul barrage de police. Quelques barrières mobiles sont déplacées. A cinquante mètres de là, un vendeur ambulant de sandwiches continue de faire tourner ses saucisses. Des sorties violentes d'agents en civil ramènent définitivement le calme.
L'étau impressionnant de CRS se referme sur ceux qui n'ont pu ou n'ont pas osé sortir de la place. « Pu..., c'est quoi ce guet-apens ?! », s'exclame un manifestant quand il découvre qu'il est encerclé. La soirée ne fait que commencer..." (suite).