« Les industriels doivent répondre des intoxications causées par les PCB ! », réclame la Coordination contre les méfaits de Bayer, une association allemande qui lutte depuis 35 ans contre les abus de la multinationale chimique. De quoi s’agit-il ? Les PCB – polychlorobiphényles – sont des produits industriels utilisés à partir des années 1930 et jusque dans les années 1980 dans des transformateurs, des joints d’étanchéité, des peintures et des revêtements de sol. Il s’agit de composés organiques fortement chlorés, plus connus sous le nom de pyralènes.
Les PCB sont des produits toxiques. Très peu solubles dans l’eau, ils s’accumulent dans les tissus graisseux tout au long de la chaîne alimentaire, avec des conséquences pour la santé de l’homme : cancers, problèmes de fertilité… Les PCB sont interdits en France depuis 30 ans. Mais des milliers de bâtiments sont toujours contaminés par ces produits. Une directive européenne retranscrite dans le droit français au début des années 2000 oblige à leur élimination.
« Au total, 1,3 million de tonnes de PCB ont été produites dans le monde depuis les années 1930 », rappelle la Coordination contre les méfaits de Bayer. Bayer, le géant allemand de la chimie, était l’un des deux principaux producteurs de ces PCB toxiques, aux côtés de Monsanto. « Environ la moitié de ces 1,3 million de tonnes est sortie des usines de la firme américaine Monsanto. Avec 160.000 tonnes, soit 12% de la production totale, Bayer arrive en second, suivie par des fabricants russes et le français Prodelec », poursuit l’organisation.
Et Bayer a continué à produire et vendre des PCB alors même que le composant était interdit aux États-Unis : « En 1977, lorsque les USA ont interdit la fabrication des PCB, la production annuelle de Bayer est passée de 6.000 à 7.500 tonnes. Ce n’est qu’en 1983 que Bayer a cessé sa production – la dernière de toutes les firmes occidentales. »
Co-responsable de milliers d’intoxications
Aujourd’hui pourtant, la firme allemande ne participe pas aux frais de décontamination. « La décontamination coûtera des milliards d’euros. Les fabricants ont dissimulé les risques pendant des dizaines d’années et maintenant ils se déchargent sur la communauté des coûts d’assainissement », souligne la Coordination contre les méfaits de Bayer.
L’association va donc déposer une contre-proposition (visible ici, en anglais) à ce sujet lors de la prochaine assemblée générale du groupe chimique, le 29 avril. Des représentants de la Coordination présenteront leurs revendications devant les actionnaires.
Cette proposition exige que Bayer participe aux frais de décontamination des bâtiments touchés par le PCB et que l’entreprise crée un fonds en faveur des personnes dont la santé a été atteinte par le produit toxique.« Monsanto, Bayer et Prodelec connaissaient depuis de dizaines d’années les risques présentés par les polychlorobiphényles », souligne Philipp Mimkes, du comité directeur de la Coordination.
« Ils sont donc coresponsables de milliers d’intoxications. Il est plus que temps pour ces firmes de supporter une part des frais de décontamination et de traitements des victimes ».