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La fin du socialisme municipal

D'Antoine Vouillazère dans Minute :

"[...] Au-delà du vote sanction contre la politique menée depuis près de deux ans par le gouvernement, c’est le « socialisme municipal » qui s’effondre, ce système à base de clientélisme qui faisait que, par-delà les aléas des scrutins intermédiaires, le Parti socialiste con servait ses bastions.

Les résultats obtenus par la droite, UMP ou FN, dans les grandes villes, où le vote est le plus politisé, masquent en effet une autre réalité, bien plus profonde. Dans les communes de moins de 10000 habitants, où 80 % des électeurs ont voté en fonction de considérations locales, la gauche a subi des revers tout aussi cinglants comme si la colère avait, enfin, pris le pas sur la peur. [...] Or jusque-là, sur la « politique locale » ou ce qui en tenait lieu, la gauche (socialiste et communiste) avait un avantage certain, constitué de cadeaux en tout genre pour la population la plus défavorisée (ou qui prétend l’être), de discrets règlements de factures d’électricité ou de gaz sur le budget d’aide sociale – quand ce n’est pas le remboursement d’un train de pneus pour la voiture dont le malheureux, au chômage, ne peut se passer pour trouver un emploi… –, et d’emplois dans les différentes collectivités ou organismes publics ou parapublics. Facile, quand on détient la majorité dans la plupart des assemblées régionales, départementales et municipales, et par voie de conséquence dans tous les syndicats mixtes des rivières, des ordures ménagères, de l’électricité, etc. de se livrer à un traitement collectif du chômage avec l’argent de ceux qui payent des impôts… Et bien pratique pour se constituer une clientèle de redevables d’autant plus enclins à voter pour le bienfaiteur qu’ils n’avaient qu’une peur: qu’un successeur vienne faire le ménage en sabrant dans les sureffectifs qui constituent le lot commun des municipalités de gauche. Cette peur-là, qui assurait depuis les années 1970 des majorités toujours plus confortables à la gauche municipale, n’est plus.

Mélange de colère devant la suffisance d’élus qui se croyaient inamovibles et de prise de conscience que la gabegie ne peut plus continuer. La gauche, totalement déconnectée du peuple au niveau national, l’est devenue aussi sur le plan municipal, au point de ne même plus faire campagne – voire de dénoncer ceux qui vont à la rencontre des habitants comme des « commerciaux »! –, au point de négliger, y compris en milieu rural ou périurbain, des quartiers périphériques où l’on n’a pas vu d’élu depuis, au mieux, la campagne électorale… de 2008.

Dans la France de 2014, l’édile socialiste est devenu inaccessible. Vivant en centre ville. Retranchée derrière la secrétaire et les vitres teintées de sa voiture de fonction. Décidant de tout sans rien connaître d’autre que les avis des services techniques départementaux. Allant d’inauguration en vernissage et de réception à la préfecture en assemblée générale des associations. Et paradant, comme si c’était un but en soi d’être maire, une fin, un sommet de sa carrière, et non pas une simple délégation de pouvoirs qui implique bien plus de devoirs que de droits. Bref, des élus qui se servent avant de servir et dont la principale caractéristique est l’inertie, les deux composantes de la rente de situation. [...]"

Michel Janva

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