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Entretien avec Sandrine Picot-Deprez, présidente de l’Alliance Royale.

L’Alliance Royale est un parti royaliste, qui présente des candidats à toutes les élections depuis environ une dizaine d’années avec des fortunes diverses. Autant le dire tout de suite, l’Action française qui milite contre le régime des partis diviseurs de la nation, s’est toujours refusé d’entrer dans cette voie-là.

C’est donc avec une perplexité bienveillante que nous observons cette formation tenter de résoudre la quadrature du cercle en entrant dans le jeu républicain pour défendre des idées qui visent à faire chuter la République. Non pas que nous soyons contre les élections par principe : le" par tous les moyens même légaux" de Maurras s’applique aussi au mode électoral, et nous ne négligeons pas à l’occasion de soutenir tel ou tel candidat qui répond à des critères correspondant à nos attentes. Parmi ces candidats, certains d’entre eux sont des royalistes.

Le seul fait de s’affirmer royaliste ne suffit pas à nos yeux. Notre regard porte aussi sur la nation, les intérêts de la France et le bien commun. Un roi, aussi valeureux et sympathique soit-il, n’ayant pas la capacité de gouverner, nous suffirait d’autant moins qu’une instauration de la monarchie qui n’aurait comme seule perspective que d’accompagner la dégradation du pays sous la férule des sectes mondialistes, nuirait à l’espérance monarchique et nous ferait perdre quelques siècles. L’expérience de l’Alliance Royale nous intéresse néanmoins car elle regroupe des fidèles royalistes qui veulent, envers et contre tous, témoigner de cette fidélité au moment des grandes fêtes républicaines, jouant un peu, ici ou là, mais de façon encore très confidentielle, les trouble-fêtes.

Or à l’Action française nous aimons les trouble-fêtes. C’est pourquoi nous recevons Sandrine Picot-Deprez, énergique présidente de l’Alliance Royale.

Quel bilan tirez-vous des dernières élections municipales ? 

Ces municipales étaient un pari, avec l’élection de cinq d’entre nous c’est notre « Yes we can » ! C’est notre façon de dire :oui les royalistes ne sont pas ces exilés de l’intérieur, étrangers à leur temps et leur mode de gouvernement. Obtenir quelques élus nous permet de rompre le sortilège républicain. L’Alliance royale s’est constituée en appareil politique pour donner une réponse politique à la crise institutionnelle que traverse la France. Elle s’appuie sur un maillage (phase 1) pour ensuite partir à la reconquête et proposer une alternative institutionnelle (phase 2). Quelle meilleure tribune que les élections ? Cette stratégie est conforme au terrain social dans lequel nous recrutons : des hommes en activité professionnelle, stables, formés, qui peuvent apporter leur expertise politique Elles nous donnent des salles, des panneaux, une visibilité médiatique…... Pour prendre un exemple récent, durant notre campagne municipale 40.000 Parisiens du 5°ont reçu dans leur boite aux lettres notre profession de foi royaliste ainsi que les 13 000 habitants de Caudry . Je ne connais pas meilleur vecteur de diffusion que les services de la préfecture républicaine !

Ne pensez-vous pas que choisir précisément les périodes électorales, qui sont des temps de brouhaha, ne risque pas de rendre encore plus inaudible l’idée royale ? N’est-ce pas contreproductif ? 

« Contreproductif » dites-vous ? C’est tout l’inverse. Les sondages indiquent qu’il y aurait un vivier de 20% de royalistes en France, or ceux-ci ne considèrent pas encore que le royalisme soit une alternative crédible. Depuis que nous avons des élus, adjoint au maire, élu intercommunal, le regard change : cela nous crédibilise et renforce notre expérience politique Bien entendu les résultats sont à la mesure de nos moyens qui sont ceux d’un parti dissident, sans subvention : la politique est un sport de riches ! Certes les résultats semblent modestes si on porte un regard quantitatif et ce n’est pas à vous que j’apprendrai qu’il n’y a pas de rapport mécanique entre l’efficacité d’une force et le nombre. Je répète que nous ne pouvons pas toujours fournir de matériel de vote (profession de foi et/ou bulletin), ce que explique les scores. En revanche, la mobilisation en amont, pendant la campagne est intense, la cohésion de groupe est renforcée, les équipes tournent à plein régime et c’est l’occasion de riches rencontres. Je prétends qu’une campagne électorale nous fait plus avancer que des dizaines de conférences dans un cercle d’étude car les militants deviennent des acteurs, la dynamique de l’engagement fonctionne à fond et constitue un excellent exercice d’application dans notre cheminement vers la reconquête du pouvoir car nous capitalisons nos résultats par une organisation structurée et cohérente.

Quelle est votre stratégie pour le prochain scrutin européen et où en êtes-vous de votre préparation ? 

Je ne vous le cache pas : se présenter aux élections c’est attaquer l’Everest par la face Nord, c’est un lourd travail administratif d’une part et c’est une période un peu saturée médiatiquement. C’est aussi là que nous avons un devoir d’intelligence pour savoir nous faire entendre.

Nous sommes cependant portés par la passion des Français pour le jeu politique : il suffit d’observer leur surexcitation à l’heure des résultats. Les élections sont ce moment rare où la conscience politique s’aiguise, c’est là qu’explosent nos scores de fréquentation.

Cette mobilisation ne se réduirait-elle pas à une forme de communication visant à faire connaître l’option royale au plus grand nombre ? 

Notre stratégie est de rendre l’idée monarchiste crédible c’est pourquoi nous travaillons scrupuleusement nos professions de foi. La campagne européenne nous donne des avantages : en terme de propagande, le CSA nous donne un créneau sous forme de clip sur les chaines nationales, nous aurons des milliers de panneaux à coller. En outre c’est la seule élection à la proportionnelle intégrale. Le bémol étant que nous ne pourrons imprimer les 43 millions de bulletins de vote nécessaires : il seront à télécharger sur notre site. L’Alliance Royale présentera huit listes le 25 mai (tout comme en 2004 et en 2009) malgré la dure contrainte de la parité (paradoxe insupportable dans un pays qui promeut la théorie du genre et qui en même temps impose une rigidité normative sexiste pour décourager les insoumis !) Ce sera pour nous l’occasion de développer notre discours sur les éléments clivants que sont l’euro et cette forfaiture qui s’annonce : le traité transatlantique

Ne serait-il pas plus opportun de soutenir les listes patriotiques qui, de fait auront plus de chance d’avoir des élus, plutôt que de défendre le royalisme, c’est-à-dire une position institutionnelle hors sujet en la circonstance ? 

La monarchie que nous prônons sera traditionnelle, décentralisée et ne reposera en aucun cas sur les appareils de partis qui fondent leur légitimité sur la soi-disant « volonté générale » alors pourquoi voulez-vous que nous soutenions une liste républicaine ? Les partis républicains acceptent tous le préalable dialectique révolutionnaire et entrent dans la matrice ….Tous cherchent à légitimer leur position en protestant de leur loyauté et en adoptant les postures républicaines issues de la révolution : laïcisme, droits de l’homme, égalitarisme. Même LMPT surjoue avec ses Mariannes, ses bonnets phrygiens et ses drapeaux européens ! Mais n’oublions que la France a besoin d’un sursaut monarchiste plutôt que de spasmes républicains !

Propos recueillis par Olivier Perceval - L’AF 2884

http://www.actionfrancaise.net/craf/?Entretien-avec-Sandrine-Picot

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