Entretien avec Renaud Camus
L’arrestation de Mehdi Nemmouche pose de façon brûlante la question des Français partis pour le djihad en Syrie et qui reviennent complètement “endoctrinés”. Que faut-il faire selon vous ?
L’arrestation de Mehdi Nemmouche pose surtout de façon brûlante la question du sens, du sens des mots, et d’abord de ce mot de français, un Français, trois cents Français, sept cents Français, dont le pouvoir remplaciste se gargarise et dont l’absurdité dans cette acception n’est plus tolérable. Le dogme antiraciste expire. Il n’avait pour lui que la légitimité du “plus jamais ça” qui le fondait. Mais cette légitimité, que nul ne conteste, ne peut pas imposer plus longtemps l’extravagance des contenus, soumis à un nominalisme délirant qui prétend que n’importe qui ou n’importe quoi peut être appelé n’importe comment, sur un coup de tampon. Nemmouche et ses pareils sont français au sens où Germanicus était germain : parce qu’il avait conquis la Germanie. L’antiracisme est un roi légitime, mais dément. On n’a vu longtemps que sa légitimité, incontestable ; on ne distingue plus que son délire.
Certains parlent de “déchéance de nationalité”. Un mal nécessaire ?
Un mal ? Pourquoi un mal ? Il n’y a qu’à gagner pour tout le monde à rendre aux mots leur poids et leur épaisseur de sens, et à retirer aux choses, aux êtres, aux significations, les appellations abusives dont on les a revêtus. Il n’y a aucun mal, même pour eux, à exaucer les vœux des djihadistes “français”, et de tous ceux qui renient publiquement leur qualité de Français. Ceux-là, il faut les prendre au mot : la remigration est à ce prix. Le pénible Mundial de football, qui s’annonce, devrait offrir de belles occasions, avec tous les matches prévus de l’équipe d’Algérie, de faire un tri, de mieux connaître les appartenances et les souhaits des uns et des autres, et d’agir en conséquence, en respectant soigneusement les affiliations affichées.