Vendredi 6 juin fut fêté en grande pompe le 70e anniversaire de l’opération Overlord. Il s’agissait de rendre hommage à la bravoure des soldats et au génie des stratèges, mais aussi de célébrer un ensemble de valeurs fondatrices de nos sociétés, et qui s’enracineraient dans le sable normand.
À ce titre, la plage de Ouistreham se transforma en un parterre de roitelets, venus glorifier les idéaux qui animent leurs politiques internationales depuis 1945. Pour les dirigeants occidentaux, la connexion entre le D-Day et l’édification du monde moderne sous l’égide libérale est évidente. Ainsi, le volet politique de la cérémonie supplanta largement l’aspect militaire de la commémoration.
Ce n’est qu’à l’occasion du 40e anniversaire que présidents français et américain commémorèrent conjointement le Débarquement. Le symbole est d’autant plus fort que Mitterrand invita des soldats allemands, préfigurant la poignée de main de Douaumont quelques mois plus tard. Cela s’inscrit dans la dynamique euro-atlantiste amorcée par Mitterrand. Avec le tournant de la rigueur, Mitterrand fait le choix d’une Europe germano-tractée basée sur le commerce et la monnaie, tandis que la déliquescence de l’URSS préfigure le triomphe généralisé du libéralisme. Dans ces conditions, le rattachement à la puissance américaine est actée, le gaullisme oublié. [...]
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