Nos chers gouvernants ont poussé le bouchon de la réforme beaucoup trop loin, jusqu’à épuiser les hommes, les sols, les bêtes et nos campagnes.
C’est une énième loi agricole sur laquelle les députés et les sénateurs viennent de s’accorder en commission mixte paritaire. Car depuis 1994 et la signature des accords du GATT (ancêtre de l’Organisation mondiale du commerce), le rythme des grandes réformes de nos campagnes s’est intensifié. Aux lois d’orientation agricole de 1994, de 1999, puis de 2006 a succédé une loi de modernisation en 2010, pour aboutir maintenant à la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt (LAAF).
On m’avait habitué, dans ma tendre enfance, au rythme triennal des jachères pour faire reposer la terre, afin qu’elle ne s’épuise pas. Les temps ont changé. Rendement oblige, on en vient maintenant à repenser, redéfinir et même réorienter les axes stratégiques agricoles tous les quatre ans ! En ce sens, l’agriculture rassemble un peu à l’Éducation nationale : un ministre chassant l’autre, il faut que le dernier arrivé impose ses vues idéologiques, qu’il marque de manière indélébile son passage au ministère dont il détient le portefeuille.