Avec 2017 en ligne de mire, les cadres frontistes sont guidés par le slogan «Objectif 51% pour le second tour de la présidentielle».
Après le monde enseignant (collectif Racine) et celui des étudiants (Marianne), le Front national lancera, dès le mois de septembre, au rythme d'une par mois, quatre nouvelles structures, destinées à investir la société civile.
La première, consacrée aux jeunes actifs, cadres et créateurs d'entreprises, sera présentée à Fréjus lors de l'université des jeunes (FNJ) prévue les 4 et 5 septembre. En novembre, le Front national prévoit également de lancer un collectif dédié à l'espace maritime français. «Cela représente 11 millions de kilomètres carrés, souligne le vice-président Florian Philippot. Nous proposerons la valorisation politique, économique, militaire et diplomatique de la mer, source de richesses pour la France.»
Le parti frontiste envisage un troisième collectif en décembre, qui sera dédié à l'écologie et à la transition énergétique. Marine Le Pen avait demandé à Philippe Murer, proche de l'économiste Jacques Sapir et membre du groupe d'économistes franco-allemands signataires de l'appel de Düsseldorf (pour sortir de l'euro), d'animer ce nouveau groupe qui travaillera également sur les relances économiques.
Début 2015, le parti consacrera une quatrième structure associative à l'ensemble du champ social. Réforme de Pôle emploi, politiques liées à la dépendance, régime du paritarisme en matière de gestion sociale… «Nous souhaitons approcher de plus en plus des thématiques de proximité», explique Florian Philippot en promettant des positions «offensives» au fil des prochains mois sur de nombreux sujets. Non seulement le FN entend critiquer régulièrement le gouvernement, mais il souhaite apparaître «en pointe» sur divers débats, à l'image des nombreux communiqués qu'il n'a pas cessé de diffuser tout au long de l'été.
Pépinières de propositions
La lecture de cette production estivale, mêlant réactions politiques, analyses et commentaires, révèle la diversité des thèmes sur lesquels le Front national maintiendra la pression. Parmi la cinquantaine de communiqués diffusés entre le 1er juillet et le 12 août, onze sont par exemple consacrés à l'Union européenne, neuf à la politique du gouvernement, cinq aux questions internationales, quatre au monde agricole, quatre à la réforme pénale et à la sécurité, trois aux problèmes sociaux, trois à la réforme territoriale, deux aux PME, deux à l'immigration… sans oublier la défense nationale, l'éducation ou le sport.
Jusqu'au congrès des 29 et 30 novembre à Lyon, le parti de Marine Le Pen entend ainsi s'afficher comme une force de propositions tout en revendiquant une place de «principal opposant» à ce qu'il définit comme le «système UMPS».
Avec 2017 en ligne de mire, guidés par le slogan «Objectif 51% pour le second tour de la présidentielle», les cadres frontistes miseront sur une stratégie de rassemblement et d'ouverture en s'appuyant sur ces collectifs conçus comme des pépinières de propositions. Le 16 juillet, Bertrand Dutheil de La Rochère, conseiller république et laïcité de Marine Le Pen, cofondateur du Rassemblement bleu Marine (RBM), rappelait l'ambition de cette structure destinée à élargir l'assise électorale du FN. «La majorité des responsables qui se disent de gauche aujourd'hui méprisent tous les sujets qui sont au cœur du peuple de France», estimait cet ex-chevènementiste, avant d'appeler les «républicains de gauche» et d'autres à rejoindre son mouvement: «Avec Marine Le Pen, le RBM souhaite agréger tous les citoyens qui ont pris conscience du naufrage vers lequel nous conduisent les différentes composantes de l'UMPS.»
Si le Front national se croit capable de remporter la région Nord-Pas-de-Calais aux régionales en 2015, il s'appuiera sur son congrès de novembre pour déterminer les cibles des combats à venir. Et le 30 août, les «oubliés» de Brachay seront les premiers spectateurs de la rentrée politique du parti. En 2012, 72,09% des électeurs de ce village de Haute-Marne avaient voté Marine Le Pen.
Emmanuel Galiero
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