Alliance VITA prend acte du nouveau rapport du Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) sur le débat public concernant la fin de vie.
[...] "Pour Tugdual Derville, Délégué Général d’Alliance VITA : « La focalisation du débat sur la question de l’euthanasie tend à occulter les vraies questions qu’il est temps de régler au sommet de l’Etat. Or, certaines assertions du CCNE nous surprennent : est-ce vraiment sérieux d’affirmer qu’ « une immense majorité des personnes en fin de vie » endurerait « une situation d’abandon », et qu’ « une très grande majorité de nos concitoyens » aurait une « fin de vie insupportable » (p.5 du rapport) ? Pareil constat outrancier alimente la peur, voire une panique devant la mort, qui déstabilise profondément notre société.
Certes, nous demandons depuis des années une politique plus ambitieuse sur la fin de vie, mais il faut aussi reconnaitre les immenses progrès faits dans la lutte contre la douleur et l’accompagnement. Pourquoi noircir à ce point le tableau ? En quoi mourir serait devenu « insupportable » dans les sociétés occidentales ?
Le CCNE semble tirer de ce constat la promotion de ce qu’il nomme la « sédation profonde jusqu’au décès ». C’est une grave dérive. Nous sommes favorables à la sédation « en phase terminale » : elle doit être prudente, réévaluée selon les critères déontologiques des personnels de santé. Ils peuvent même prendre le risque que la mort survienne plus vite. Mais nous contestons formellement l’euthanasie masquée que constitue la « sédation terminale » telle qu’elle est décrite dans le rapport, et promue en complément non seulement des arrêts de traitements (ce qui est légitime) mais aussi d’arrêts délibérés d’alimentation et d’hydratation.
D’abord la sédation terminale est une forme d’euthanasie car il s’agit d’un moyen de provoquer délibérément la mort, quel que soit le moyen employé. Les deux critères qui définissent l’euthanasie sont en effet l’intention de provoquer la mort et ce résultat.
Ensuite les promoteurs de l’injection létale auront beau jeu de dénoncer l’hypocrisie d’une euthanasie qui ne dit pas son nom. C’est déjà leur argument pour obtenir les étapes suivantes : l’euthanasie par injection létale ou le suicide assisté.
Nous alertons enfin sur l’articulation entre des directives qui deviendraient « contraignantes » et ce prétendu droit à la sédation terminale : cela aboutit à faire injonction au médecin d’administrer la mort.
Alliance VITA lancera, à partir du 3 novembre, une grande campagne d’explication dans toute la France pour alerter contre cette menace d’une euthanasie masquée. S’il le faut, nous inviterons avec d’autres mouvements les citoyens de toute sensibilité et de tout métier à descendre dans la rue, unis autour d’une même demande : ni acharnement thérapeutique, ni euthanasie, mais accompagnement des patients dans la dignité jusqu’au terme de leur vie. »"