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Sanctions contre la Russie : rien ne se déroule comme prévu

Vladimir Fédorovski répond au FigaroVox suite à la décision du président russe de suspendre le projet russo-italien de gazoduc South Stream :

S"Cette décision révèleVladimir Poutine est en train de procéder à un changement géostratégique assez significatif. La rupture de la Russie avec l'Occident aujourd'hui est comparable avec ce qui s'est passé dans un autre sens il y a plus de 300 ans sous Pierre le Grand. A l'époque, le tsar avait fait de la Russie une puissance européenne. Désormais, Vladimir Poutine est en train d'en faire une puissance asiatique. Il se rapproche notamment de Chine, avec laquelle il est en train de nouer une vraie alliance militaire, mais aussi de la Turquie. Le président russe a d'ailleurs annoncé que Gazprom allait augmenter de 3 milliards de m3 ses livraisons à la Turquie «afin de satisfaire ses besoins» et lui consentir un rabais de 6% sur ses prix à compter du 1er janvier prochain. Il a même menacé les approvisionnements de l'Europe, suggérant qu'une partie de la production russe pourrait être détournée vers l'Asie.

Cette rupture géopolitique est aussi le résultat d'un bouleversement politique intérieur. Le but des sanctions économiques américaines était d'influencer l'échiquier politique intérieur. Celles-ci devaient précipiter la chute du rouble et des capitaux et par ricochet la chute de la croissance et l'impopularité de Vladimir Poutine. En réalité, rien ne se déroule comme prévu: la multiplication des sanctions a finalement provoqué la naissance d'une aile nationaliste beaucoup plus radicale que Poutine. Celle-ci exerce une forte pression sur le gouvernement et a entrainé la marginalisation de l'opposition libérale et pro-occidentale. Poutine est donc contraint à une forme de surenchère, ce qui explique le durcissement de son discours. [...]

Les conséquences économiques sont désastreuses pour l'Europe. Je rentre d'Allemagne où les milieux d'affaires sont affolés. 40 % du gaz allemand venant de la Russie, ces derniers craignent un effet domino: augmentation des tarifs de l'énergie en Allemagne, puis décrochage de la croissance allemande et enfin décrochage de l'Europe toute entière. En réalité, les intérêts vitaux de l'Allemagne sont en jeu et par ricochet les intérêts vitaux de la France. [...]"

Michel Janva

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