C'est l'ambition de Minute :
"En politique – comme en métapolitique –, il est un principe de base : il faut achever l’adversaire lorsqu’il est à terre. Or la gauche est à terre, politiquement et surtout intellectuellement. Pour 2015, la mission est donc simple : l’empêcher de se relever. Feu à volonté ! Ce serait dommage de laisser souffrir un animal blessé… [...]
Sur le terrain électoral, l’année 2015 – avec les élections départementales de mars et les élections régionales qui se tiendront en octobre ou décembre – sera sans doute une année encore plus terrible pour la gauche.Chef de la rubrique politique de « Sud-Ouest », Bruno Dive, parlant d’un « vent de panique » parmi les stratèges du PS, écrit: «Selon l’un d’eux, qui a réalisé des projections fondées sur le résultat des dernières élections européennes, corrigées par l’implantation locale des sortants, la gauche ne conserverait que 16 départements en mars prochain. Les plus optimistes vont jusqu’à 20, ce qui revient tout de même à un effondrement: la gauche, qui dirige aujourd’hui 60 conseils généraux, en conserverait à peine le tiers.» Son article est titré: «La gauche rayée de la carte? » C’est Manuel Valls qui, en juin, avait lâché: «Oui, la gauche peut mourir.» [...]
La loi Taubira, dite « mariage pour tous », adoptée le 7 mai 2013, pourrait bien être une jolie illustration de l’effet papillon, ou l’étincelle qui embrase la plaine.L’ouverture du mariage et de l’adoption aux personnes de même sexe est venue heurter et donc réveiller des franges de la population qui se croyaient à l’abri, redonner corps à un catholicisme militant qui est parvenu à s’affranchir – en partie – du politiquement correct mais aussi de certains oripeaux quelque peu caricaturaux, et a surtout permis à des centaines de milliers de jeunes de prendre goût à la politique. Ceux et celles qui auraient pu jusqu’ici se contenter d’être de bons chefs scouts, voire d’excellents danseurs de rock dans les « rallyes » se sont retrouvés organisateurs de manifestations et ont même parfois connu les joies des gaz lacrymogènes, quand ce n’est pas carrément des cellules.Alors que les futurs cadres, intellectuels, militants, de la gauche se sont recrutés pendant des années dans les rangs du syndicalisme lycéen et étudiant et que chaque grand mouvement de contestation (Mai 68, loi Devaquet, CPE, etc.) a fourni son lot de futurs ministres, la génération Manif Pour Tous pourrait bien elle aussi porter ses fruits en politique. De l’UMP au FN, déjà, certains premiers visages apparaissent. Et les conséquences sont même bien plus larges que cela. [...]
Pour autant, des têtes au geste il y a encore une distance importante à parcourir, pour transformer la victoire culturelle en victoire politique. Ce chemin, ce n’est donc peut-être plus tant au peuple de le faire mais aux partis eux-mêmes, en adaptant leur « offre » politique, finalement bien plus tiède et molle que ce qu’attendent une majorité de Français dans de nombreux domaines, à commencer par la préservation de l’identité. Alors que la gauche est absente d’absolument tous les champs, incapable de produire le moindre discours autre que répétitif et inopérant, les deux seules expressions à avoir fait intrusion dans le débat politique et intellectuel, jusqu’à faire la une des journaux, sont le mot « remigration » et la formule ô combien parlante de « grand remplacement ». La gauche, elle, hurle, vitupère, conspue et lapide. Dans le langage des vaches, ça s’appelle regarder passer les trains."