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Doubs : la vanités des consignes (Présent 8290)

Les républicains brevetés et les démocrates éclairés ont poussé dimanche soir un « ouf » libérateur : la République est sauvée, quoique momentanément. Il s’en est fallu de peu qu’il y ait un député du Front national de plus, augmentant les effectifs d’un seul coup de 33 % en passant de deux à trois ! Certes, ils s’y sont mis à plusieurs, et non des moindres, pour écarter Sophie Montel, car la tâche était difficile : Hollande, Valls, Juppé, NKM notamment, et à peu près tous les partis, le PS, le PC, l’UDI, les Verts, NPA… Seule contre tous, 49 % des voix c’est un succès pour le FN, même si ce n’est pas encore la victoire. Mme Montel a réussi à gagner 25 points entre les deux tours. Les socialistes ne s’y sont pas trompés, qui ont célébré l’élection de ce Barbier-là en rasant les murs, tout juste si l’élu n’a pas versé une larme, tant il avait l’air accablé…

 

Une du numéro 8290 de "Présent"

Une du numéro 8290 de “Présent”

Quant à l’UMP, on voit la vanité de ses consignes, dont les électeurs se sont moqués, du moins ceux qui y ont compris quelque chose. Car il y avait trois options : le « ni-ni », le vote PS et la position baroque de Sarkozy, la liberté de vote sans la liberté de voter FN. Leurs électeurs du Doubs en avaient, eux, une quatrième : reporter leur voix sur la candidate frontiste. Ils furent 30 % à le faire.

 

Est-ce qu’il y avait des partisans de cette solution de bon sens au bureau politique de parti de Sarkozy ? Si oui, ont-ils dû se taire, se cacher, pour éviter d’être stigmatisés comme de mauvais républicains, perdant ainsi une éventuelle investiture ? Ou cette tendance, florissante à la base, est-elle totalement inconnue du sommet ? Mais alors, quelle est la représentativité de ces dirigeants dont aucun ne se reconnaît dans le choix de 30 % des électeurs de l’UMP ? Cela ne semble pas émouvoir les hiérarques de l’UMP, qui font semblant de croire que la base votante et militante attend toujours que la lumière d’en-haut leur guide la main pour savoir quel bulletin prendre.

« L’esprit du 11 janvier » a vécu, si tant est qu’il ait existé ailleurs que dans les fantasmes de politiciens intéressés. D’ailleurs, les socialistes ne lui ont pas attribué l’élection de leur poulain. C’est à Paris, dans les états-majors avec les têtes chercheuses de la propagande UMPS, qu’on distingue le bon grain des vrais républicains et l’ivraie des mauvais Français. Dans le Doubs, ce sectarisme n’existe pas ou alors c’est une exportation parisienne. On y vote comme on pense devoir le faire, sans exiger de certificats de bonnes vie et mœurs républicaines.

 

Cette élection n’est que le début du chemin de croix électoral du PS et de l’UMP. Dans quelques semaines, lors des départementales, puis à la fin de l’année, pour les régionales, le même scénario va se reproduire, car l’ascension du Front national est continue. Tantôt, ce sera le candidat socialiste qui devra affronter celui du FN, tantôt le champion de l’UMP. Ils seront contraints de se faire la courte échelle s’ils ne veulent pas se faire évincer de ces assemblées locales. Quand le Front ne l’emportera pas seul, il y aura une forte représentation frontiste, ils devront s’allier pour dégager une majorité de gouvernement. Ce sera un nouveau bipartisme, celui qui s’est déjà concrétisé dimanche : d’un côté le Front national, de l’autre l’UMPS.

Guy Rouvrais

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