Une fois n’est pas coutume, c’est un curé qui se met à dénoncer le débarquement sans fin des « réfugiés » et à expliquer que les gens n’en peuvent plus. Le curé de San Dalmazio, à Lavagnola, dans la ville de Savone en Ligurie, l’abbé Giovanni Lupino, était, il y a peu encore, un chaud partisan de « l’accueil ». Il se faisait gloired’avoir recruté pour son église un sacristain musulman, Abdel Majid, avec lequel il avait organisé « un tournoi de foot du cœur », entre immigrés tunisiens de Lampedusa et autochtones, « pour faire comprendre que Lavagnola était prête à accueillir les amis étrangers ».
L’abbé Lupino a pourtant écrit au préfet, il y a quinze jours, pour se plaindre de la situation insupportable faite à sa paroisse, « qui a dû accueillir, de force, deux couples de Nigérians ». N’ayant reçu aucune réponse, il a transmis sa lettre à Il Secolo XIX, le grand quotidien régional, qui en publie les principaux passages.
Les « réfugiés » avaient été confiés à la coopérative « Il Faggio », une des nombreuses organisations dites « charitables » qui se partagent le juteux business de « l’accueil » en Italie – on a pu parler à ce propos d’ « un véritable marché de la chair humaine ». Cette coopérative a passé une convention avec la préfecture de Savone, aux termes de laquelle elle loge les « réfugiés » et leur assure « des services spécifiques pour l’intégration, dont le soutien socio-psychologique, l’assistance linguistique et culturelle, l’assistance sanitaire, les services d’information légale et d’orientation sur le territoire ». 14 « médiateurs interculturels » sont salariés pour cela.
La coopérative « Il Faggio » était censée loger les Nigérians dans un de ses centres d’accueil de la province, à Cairo Montenotte. Mais le maire (de gauche) « a refusé d’accueillir de nouveaux immigrés, en raison de la présence déjà massive d’étrangers, envoyés par la préfecture lors des différents débarquements » sur les côtes italiennes. Les Nigérians ont donc été installés « provisoirement » au presbytère de San Dalmazio, dans un logement prévu pour les mineurs handicapés. Comme il était à prévoir, ce provisoire est en passe de devenir permanent, d’autant plus que les femmes nigérianes sont toutes les deux enceintes – c’est leur manière habituelle de prendre possession d’un territoire.
« Je dois déclarer à présent, écrit le curé furieux, que les paroissiens de San Dalmazio sont généreux mais qu’ils ne sont pas des idiots, et qu’ils n’ont pas l’intention de continuer à entretenir gratuitement des étrangers qui, pour d’autres (la coopérative « Il Faggio », note d’Il Secolo XIX) sont une affaire ».
À Il Secolo XIX, il précise : « J’ai restructuré les locaux du presbytère, pour créer un communauté d’accueil dans la journée pour des mineurs handicapés : tout est aux normes, tout est parfait. Je veux bien repousser l’ouverture s’il y a une urgence, mais ça ne peut pas dépasser deux mois. Et il n’est pas juste que ce soit la communauté de Lavagnola qui supporte les dépenses des réfugiés qui rapportent des sous à d’autres ».
L’abbé Lupino pourrait peut-être écrire au pape François ?