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Comment le "ni droite ni gauche" nuit au FN

Les résultats du 2nd tour des départementales sont venus doucher les espoirs des militants FN, qui croyaient encore que l'UMP était exsangue, prête à exploser. Certes, le FN compte 62 élus, un record, mais l'espoir entretenu depuis 2012 de voir l'UMP se diviser s'efface. Il faut dire qu'à l'UMP ce qui rassemble (le financement électoral, les places d'élus...) est plus fort que ce qui divise (les idées).

Et la grande majorité des électeurs de droite, pourtant proches de bon nombre d'idées défendues par le FN (sur l'Europe, l'immigration, la sécurité...), a préféré continuer à voter pour le parti de Sarkozy. Pourquoi ? Simple frilosité due à la diabolisation du FN ? Auquel cas, il faut comprendre la polémique actuelle autour de Jean-Marie Le Pen comme une aubaine pour terminer la dédiabolisation du parti.

Au FN, où le débat d'idées est quasiment interdit (et c'est désormais Jean-Marie Le Pen qui en fait les frais), l'heure n'est toujours pas à la remise en question. La politique du ni-ni, tant moquée à l'égard de Sarkozy, profite plus à l'UMP que le ni-ni, ni droite ni gauche, du FN.

Dans Valeurs Actuelles, Julien Rochedy, ancien patron du FNJ, a pourtant décidé de briser le consensus obligatoire du FN en signant une tribune, dans laquelle il écrit :

"[...] Le constat est sans appel : en l’état, le FN n’a finalement pas beaucoup “mordu” sur l’électorat UMP, ou du moins pas autant qu’on aurait pu l’attendre. L’UMP, par conséquent et miraculeusement, reste en vie.

Comment l’expliquer ? Ce que les observateurs n’attendaient pas,c’est que le FN dédaigne à ce point d’envoyer ne serait-ce que des “signaux” à cet électorat. Fort de son programme antimondialiste cohérent à défaut d’être parfaitement audible, le FN a dogmatisé ses positions en comptant sur une recomposition radicale des desiderata électoraux. Il a tout misé sur le clivage patriote-mondialiste en sous-estimant la constante droite-gauche du pays. Qu’importe qu’il ait raison ou non dans le fond, car en politique — et je tiens cette maxime de Marine Le Pen elle-même — « n’existe que ce qui paraît exister ». Lorsqu’on fait si peu de clins d’oeil à un électorat, il n’est pas étonnant qu’il ne s’amourache pas.

Or, cette absence de messages est patente : en économie d’abord, domaine dans lequel le FN s’est évertué à prodiguer un discours macro économique (euro, protectionnisme, État stratège) de manière quasi exclusive, là où, justement, l’électorat dit petit-bourgeois (artisans, commerçants, entrepreneurs, etc.) ne comprend bien souvent qu’un discours microéconomique (fiscalité, économies, droit du travail, etc.), celui-ci touchant précisément à la vie de tous les jours. Pour un mouvement qui se gargarise d’être celui « de la vie des Français », proche de la « réalité », c’est assez étonnant. Alors certes, la macro détermine la micro (du cadre économique général dépend le fonctionnement des entreprises), mais tout de même : l’absence de toute communication sur le sujet, pour ne privilégier que les grandes solutions “macromiraculeuses”, limite sérieusement les percées du FN dans la sociologie du monde du travail indépendant.

De même, en parlant toujours de « l’État stratège », tout en se gardant bien d’expliquer que celui-ci serait l’inverse de l’État socialiste, bureaucratique et omnipotent, le FN a prêté le flanc à l’accusation d’être, au moins économiquement, d’extrême gauche. [...]"

 

Michel Janva

 

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