La journaliste du Monde, Raphaëlle Bacqué, consacre un livre glaçant à Richard Descoings, ancien directeur de Sciences-Po, retrouvé mort dans sa chambre d'hôtel à New York en 2012. Extrait de l'article du JDD :
"Raphaëlle Bacqué brise les tabous en exposant au grand jour les réseaux homosexuels, racontant connexions, lieux de pouvoir, rencontres. Richard Descoings et Guillaume Pepy louent ensemble un appartement près de la place de la Madeleine, où se retrouve toute une génération de hauts fonctionnaires homosexuels venant de la Cour des comptes, du Quai d'Orsay, du Conseil d'État.
Un extrait :
"La vie avec Guillaume Pepy a pris une autre tournure. Les jeunes chargés de mission, les secrétaires entendent parfois à travers la cloison des bureaux leurs violentes disputes. Jouant avec les cœurs, Richie est sans cesse happé par d’autres conquêtes, par des orgies d’alcool.A la SNCF, Guillaume s’assomme de travail, enchaîne des longueurs de piscine le matin avant de plonger dans les réunions de travail et les négociations avec les cheminots. Personne ne se doute de l’enfer qu’il vit. 'Quand je m’endors, j’entends les trains', dit-il en souriant à ses collaborateurs. [...]
Richard a une manière de marcher au bord de l’abîme, comme s’il voulait toujours en frôler les limites, qui épuise son entourage. C’est un homme qui aime entraîner les autres dans les incendies qu’il provoque.Il fume trop, boit plus que de raison et replonge parfois dans ses anciens démons, cocaïne et ecstasy, qui lui donnent l’illusion de pouvoir vaincre le sommeil et l’adversité.
[...] Même le directeur-adjoint Guillaume Piketty s’inquiète lorsqu’il le trouve fébrile, le matin, le front moite et les mains tremblantes au-dessus de sa dixième tasse de café. Piketty convoque parfois un délégué syndical trop revendicatif pour le prier de ménager celui qu’il appelle 'le Grand'. 'Fais attention, il est fragile, tu sais. Et c’est la seule chance que nous ayons de faire changer cette maison…' Mais 'le Grand' se moque de ces précautions. C’est un séducteur qui jouit de faire souffrir ceux qui l’aiment. Il provoque, cherche à subvertir, à 'déniaiser' les garçons qui l’entourent. Les jeunes chargés de mission du directeur ont hérité d’un surnom glaçant : 'les gitons'. [...]"