Serge Abad-Gallardo, architecte français âgé aujourd'hui de 60 ans, a passé 24 ans au sein de l'obédience du Droit Humain, une émanation du Grand Orient de France. Il a publié Pourquoi j'ai cessé d'être franc-maçon (Éd. Pierre Téqui), après sa conversion au christianisme. Il déclare à Aleteia :
"Au début, certaines paroles du rituel maçonnique (rite écossais ancien et accepté) m'ont fait reconnaître des liens entre la franc-maçonnerie et l'Église. À titre d'exemple, dans le rituel d'initiation on retrouve des phrases comme : « Cherchez et vous trouverez » ou « Frappez, et l'on vous ouvrira » qui sont dans les Évangiles. Petit à petit, je me suis rendu compte que le sens n'était pas le même. J'ai entendu aussi des expressions très anticléricales. Cela ne m'a pas plu, mais je me suis adapté car j'étais éloigné de la foi, et surtout de l'Église. En outre, dans la franc-maçonnerie on parlait beaucoup de fraternité, mais j'ai pris conscience que derrière cette fraternité apparente il y avait quelques arrangements et des luttes pour le pouvoir au sein même de la franc-maçonnerie. Enfin, quand je suis revenu à la foi, j'ai compris que le catholicisme et la franc-maçonnerie étaient incompatibles. [...]
En 2012, j'ai expérimenté ce que l'on pourrait appeler « le Mal ». Je me suis trouvé face à la noirceur de l'âme humaine et face à la présence du diable dans nos vies avec la sorcellerie et magie. Cela peut paraître incroyable, mais je n'ai pas d'autre choix que de raconter les choses telles qu'elles se sont passées. Le monde s'est fermé pour moi. En quelques mois, j'ai perdu mon emploi, mon bon salaire, la maison où nous habitions, mon voilier de 12 mètres, ma voiture de sport, mes amis… Je me sentais totalement perdu et ne trouvais pas de réponses dans la franc-maçonnerie, qui ne pouvait pas répondre à la question de l'existence du mal dans le monde. L'idée m'est venue de faire une retraite quelques jours dans l'abbaye de Lagrasse ; et là, devant le Christ en croix, je me suis mis à pleurer et me suis rendu compte que ce Christ pleurait avec moi. Cet Amour fut comme une lumière. J'ai passé une semaine avec les moines, et mon cœur s'est ouvert totalement à l'Amour du Christ. [...]
A-t-elle réellement le pouvoir que lui prête sa légende ?
Oui, ce pouvoir, elle l'a ! En France, depuis 2012, de nombreux ministres sont maçons. Et les grands maîtres du Grand Orient, du Droit Humain ou de la Grande Loge veulent changer la société. Des lois comme l'avortement, l'euthanasie ou le mariage homosexuel sont des idées maçonniques. Un grand maître de la Grande Loge de France, Pierre Simon, a avoué que toutes ces lois étaient déjà pensées et mûries en loges avant d'être votées par les députés.
Et elle conspire ?
La franc-maçonnerie croit en l’« utopie » : autrement dit, tout ce qui est possible à un être humain, il doit et peut se le permettre. Il n'y a pas de limite dans une loi naturelle qui vienne de Dieu ; la morale provient du pacte social. Il n'y a donc pas d'autre mode de vie que l'hédonisme : le plaisir et le bonheur sont l'unique but, le Salut éternel n'existe pas, il faut jouir de la vie. La franc-maçonnerie conspire, alors, contre toute façon de penser qui n'est pas la sienne."
Ce conflit entre la loi, dite naturelle, et la liberté est typique de l'erreur du monde moderne, héritée de la pensée cartésienne et kantienne. On croit que la loi limite notre liberté, et même certains dans l'Eglise pensent que ce strict attachement à la loi est sclérosant (pilule contraceptive, non communion aux adultères...). Cette fausse liberté s'affranchit ainsi de la réalité naturelle et décide que l'enfant dans le sein de sa mère est considéré ainsi car il est un projet parental. Sinon il est une chose avortable. De même, chacun peut vouloir choisir son sexe, en dépit de sa nature. Cette erreur a été dénoncée et corrigée par les derniers papes, notamment Jean-Paul II dans Veritatis Splendor :
"Le prétendu conflit entre la liberté et la loi se présente à nouveau aujourd'hui avec une intensité particulière en ce qui concerne la loi naturelle, spécialement au sujet de la nature. En réalité, les débats sur la nature et la liberté ont toujours accompagné l'histoire de la réflexion morale, prenant un tour aigu au temps de la Renaissance et de la Réforme, comme on peut le remarquer dans les enseignements du Concile de Trente. L'époque contemporaine est marquée par une tension analogue, bien que dans un sens différent : le goût de l'observation empirique, les processus de l'objectivité scientifique, le progrès technique, certaines formes de libéralisme ont amené à opposer les deux termes, comme si la dialectique — sinon même le conflit — entre la liberté et la nature était une caractéristique qui structure l'histoire humaine. En d'autres temps, il semblait que la « nature » soumettait totalement l'homme à ses dynamismes et même à ses déterminismes. [...]
La confrontation de la position de l'Eglise avec la situation sociale et culturelle actuelle met immédiatement en évidence l'urgence qu'il y a, pour l'Eglise elle-même, de mener un intense travail pastoral précisément sur cette question fondamentale : « Ce lien essentiel entre vérité-bien-liberté a été perdu en grande partie par la culture contemporaine ; aussi, amener l'homme à le redécouvrir est aujourd'hui une des exigences propres de la mission de l'Eglise, pour le salut du monde. La question de Pilate " qu'est-ce que la vérité ? ", jaillit aujourd'hui aussi de la perplexité désolée d'un homme qui ne sait plus qui il est, d'où il vient et où il va. Et alors nous assistons souvent à la chute effrayante de la personne humaine dans des situations d'autodestruction progressive. A vouloir écouter certaines voix, il semblerait que l'on ne doive plus reconnaître le caractère absolu et indestructible d'aucune valeur morale. Tous ont sous les yeux le mépris pour la vie humaine déjà conçue et non encore née ; la violation permanente de droits fondamentaux de la personne ; l'injuste destruction des biens nécessaires à une vie simplement humaine. Et même, il est arrivé quelque chose de plus grave : l'homme n'est plus convaincu que c'est seulement dans la vérité qu'il peut trouver le salut. La force salvifique du vrai est contestée et l'on confie à la seule liberté, déracinée de toute objectivité, la tâche de décider de manière autonome de ce qui est bien et de ce qui est mal. Ce relativisme devient, dans le domaine théologique, un manque de confiance dans la sagesse de Dieu qui guide l'homme par la loi morale. A ce que la loi morale prescrit, on oppose ce que l'on appelle des situations concrètes, en ne croyant plus, au fond, que la Loi de Dieu soit toujours l'unique vrai bien de l'homme »."
Michel Janva http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html