L’arrivée massive de migrants pose la question des possibilités matérielles de l’accueil, mais aussi celle de la civilisation.
Le mirage d’un Occident riche et généreux, entretenu par une paix effective et des systèmes sociaux aberrants car en faillite et injustes (un paysan français à la retraite ne touche pas, en revenus sociaux, ce que peut toucher un étranger n’ayant jamais cotisé), aboutit à transformer l’Italie, la France, l’Espagne, l’Angleterre en pays producteurs de bidonvilles, de maladies et de délinquance : est-ce le propre de nations civilisées que de permettre que des scandales à ciel ouvert comme celui de Calais, entre cent autres exemples, puissent exister ? Est-il concevable que le respect de la dignité humaine dont se prévalent nos dirigeants, rentrant en collision, avec la réalité économique et l’absurdité des règles administratives, laissent des centaines et des milliers d’abandonnés retrouver en France et en Europe la misère qu’ils fuyaient ?L’humanisme confortable perd son sens
Et en même temps, est-il concevable que toute l’Afrique subsaharienne se déverse par la Libye et les côtes méditerranéennes, profitant des conflits que nous avons intelligemment déclenchés et attisés, alors que la seule pauvreté ne suffit pas à justifier ces exodes ? Tous les migrants sont loin de fuir une vie impossible – quand bien même leur sort là-bas et ici doit nous émouvoir. Mais face à cette immigration humanitaire, l’humanisme confortable de l’Europe perd son sens : nous ne pouvons pas à la fois souhaiter recoloniser l’Afrique, livrée à tous les appétits capitalistes sous prétexte d’aide au développement et d’exploitation des "opportunités de croissance", prétendre y intervenir diplomatiquement et militairement (et à quel point !) , et accepter que ces nations se vident de leurs occupants uniquement parce que nous refusons d’établir clairement des pouvoirs forts, avec des règles précises, en transcendant les intérêts commerciaux.
L’humanisme larmoyant de l’Europe, qui déclenche des catastrophes humanitaires, est une farce : une fois encore, les élites financiarisées sont promptes à s’émouvoir mais très lentes à se réformer, promptes à condamner ceux qui s’inquiètent à juste titre d’un exode mais très lentes à financer la réception des migrants, promptes à accueillir une population qui appauvrit les nations mais très lentes à donner les mandats nécessaires à une intervention qui permettrait de mettre fin au trafic d’êtres humains. C’est tout Frontex qui doit être réformé, c’est l’espace Schengen qui doit être repensé, c’est la politique libyenne qui doit radicalement changer et, par dessus tout, c’est une question de civilisation qui doit être posée : où est le véritable bien commun ? Où est la juste charité, puisque les autorités spirituelles interviennent dans le débat ? Quel sens y a-t-il à laisser prospérer une sinistre économie de la migration, à laisser l’Afrique dans son dénuement ? L’Europe, la France, n’a pas actuellement les capacités d’accueillir réellement. C’est là-bas qu’il faut bâtir de justes conditions de vie.
Philippe Mesnard
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Immigration-l-Europe-inconsequente