Editorial d'Aymeric Pourbaix dans Famille chrétienne :
"Pourquoi l’Europe est-elle fatiguée, vieillissante, moins féconde d’enfants et d’idées, interrogeait le pape François en novembre dernier à Strasbourg ? La réponse se trouve pour partie… dans la Grande Arche de la Défense !
Dédiée à la « Fraternité » et aux Droits de l’homme lors de son inauguration pour le bicentenaire de la Révolution française, ce cube évidé pouvait contenir Notre-Dame-de-Paris tout entière, selon les dépliants touristiques de l’époque. Comme un symbole du triomphe de la Raison humaine sur la « sainte folie » des cathédrales, ainsi que l’analysait Georges Weigel, brillant esprit catholique américain. Triomphe qui n’a donc pas empêché le « suicide démographique » de l’Europe, et sa perte de vitalité…
D’où une question de Weigel, toujours actuelle : laquelle de ces deux cultures protège le mieux les droits de l’homme et les fondements moraux de la démocratie ? L’espérance d’un monde parfait, du règne et de la volonté de l’homme, ou bien l’espérance, biblique, du règne de Dieu ? La première, celle qui prédomine aujourd’hui, a été portée depuis le XVIIIe siècle par une société philosophique, la franc-maçonnerie. Si son pouvoir réel reste difficilement mesurable, son influence sur les esprits et les lois est indéniable, comme le montre notre enquête.
Sauf qu’aujourd’hui, ce projet prométhéen d’édifier une cité sans Dieu bat de l’aile. « Le bonheur est une idée neuve en Europe », disaient les révolutionnaires en 1789. Deux cents ans plus tard, l’espoir humain d’un paradis terrestre est sérieusement écorné. Se donnant l’apparence de la fraternité, mais exaltant les droits individuels – de la contraception à la GPA – au détriment de la dignité universelle et intangible de l’homme, la franc-maçonnerie aboutit à une impasse. Le cube est vide… Et laisse béante la grande question existentielle de la mort, avec pour seul ersatz de réponse l’euthanasie. L’Être suprême de la Révolution s’avère inconsistant et incapable de changer quoi que ce soit à notre monde.
L’espérance chrétienne, elle, ouvre une autre perspective : celle de la vie éternelle, communion d’amour avec un Dieu personnel et miséricordieux. Cette hauteur de vues, cette dimension verticale, modifie la donne dès ici-bas : sur ce Dieu, et Lui seul, pourra être fondé un nouvel humanisme.
Ici, point de secret réservé à une élite, mais un salut offert à tous. C’est pourquoi les chrétiens, vrais fils de la Lumière reçue d’en haut, doivent en faire le cœur de leur annonce missionnaire, plutôt qu’un vague humanitarisme horizontal : l’Église n’est pas une ONG… Sans oublier ce que disait saint Pie X au sujet de la franc-maçonnerie : « Soyez donc inébranlable sur les principes, mais que votre charité s’étende à tous les hommes, furent-ils les pires ennemis de l’Église »."