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Congrès du PS : Hollande et Valls redoutent une sanction

Au travers du score de la motion majoritaire se joue la poursuite ou non de réformes voulues par Hollande et Valls.

C'est assurément une bonne nouvelle pour l'exécutif qui défend bec et ongles ses réformes et revendique depuis de longs mois le maintien du cap économique. Mais c'est une nouvelle qui arrive bien tardivement et semble encore trop fragile pour changer la donne du prochain congrès du PS, du 5 au 7 juin à Poitiers, modifier les équilibres et les rapports de forces au sein du parti. À entendre nombre de socialistes, le regain de croissance de 0,6 % enregistré par l'économie française au premier trimestre, sans conséquence à ce stade sur le niveau de chômage, n'aura pas de réel impact jeudi, lorsque les adhérents socialistes se rendront dans les sections PS pour départager les quatre motions en lice.

Un élu socialiste, proche du chef de l'État, estime ainsi que «les militants ne vont pas changer d'avis». «Jean-Christophe Cambadélis (le premier secrétaire du PS et premier signataire de la motion A, à vocation majoritaire, NDLR) est très lent. Ces chiffres sur la croissance ne sont pas l'argument de la dernière minute du congrès», affirme-t-il. Ce que confirme le député PS Christophe Borgel, en charge des élections au sein du PS. «S'il doit y avoir un effet sur les votes des militants, il sera assez marginal. Quand un parti perd des adhérents, beaucoup de ceux qui restent ont un avis déjà formé, une réelle inclinaison.»

À l'Élysée aussi, on ne se berce pas d'illusions. «Tout ce qui montre que la politique que l'on mène donne des résultats aide au rassemblement de tous les Français et de la gauche. Cela permet d'apaiser les choses, cela crée de l'entraînement», analyse un proche conseiller du chef de l'État. «Mais je ne pense pas du tout que cela aura un effet sur le vote du congrès», ajoute-t-il toutefois. Le vote n'a lieu que jeudi. Mais tout se passe comme si, au sommet de l'État, les dés étaient déjà jetés pour ce congrès qui intervient après trois années d'une présidence socialiste marquée par quatre échecs électoraux successifs et une dégradation sans précédent de l'emploi. François Hollande et Manuel Valls savent déjà que le score de la motion majoritaire sera, cette fois, bien en deçà de celui du congrès de Toulouse, organisé dans la foulée de la présidentielle de 2012 (68 %).

Loin du plébiscite

Benoît Hamon et Arnaud Montebourg ayant quitté le bateau amiral pour faire alliance avec les frondeurs, beaucoup jugent que la motion A réaliserait un score de 54 % à 56 %, toutes choses égales par ailleurs. Autant dire que l'on est bien loin du plébiscite. Est-ce pour cette raison que le président et le premier ministre ont choisi de se tenir à l'écart de la grand-messe socialiste, après être parvenus à sauver les meubles en réussissant à convaincre Martine Aubry de rallier la motion A? C'est en tout cas l'impression que souhaitent donner les deux têtes de l'exécutif. «Aubry, c'était il y a plusieurs semaines. Maintenant, on est dans une phase du congrès qui appartient aux militants, pas au président et à l'exécutif», souligne un proche de Hollande, en faisant valoir que celui-ci «s'est concentré sur ses déplacements présidentiels en France et à l'étranger», depuis le ralliement de la maire de Lille à la motion majoritaire. Valls s'emploie aussi à apparaître comme détaché. Si le premier ministre «militant» a participé la semaine dernière à un meeting à Cenon (Gironde), il n'en a pas fait d'autre. Et, à ce stade, aucune autre réunion militante n'est inscrite à son agenda.

Ce n'est pas vraiment une surprise. Matignon répète depuis des semaines que son statut de chef de la majorité place Valls au-dessus du grand rendez-vous socialiste. «Il ne met pas les mains dans le cambouis du congrès. Il ne passe pas son temps à négocier ceci ou cela», résume Francis Chouat, le successeur du premier ministre à la mairie d'Évry. Un élu socialiste ironise: «Il ne pouvait pas non plus rester totalement à l'écart. Il doit montrer qu'il a aussi contribué au résultat.» Ou, si le résultat est mauvais pour la motion A, ne pas être celui qui s'est le plus investi… C'est donc à Jean-Christophe Cambadélis «d'assurer le succès de la motion majoritaire et la réussite du congrès», souffle un socialiste.

À ce stade, Hollande et Valls, à l'instar de nombreux socialistes, sont perplexes sur les résultats à venir. C'est, à n'en pas douter, une source d'inquiétudes au sommet de l'État. Les enjeux sont, il est vrai, cruciaux. Le parti qui sortira de ce congrès est celui qui accompagnera le président sortant en 2017. C'est également ce parti, aux contours et au centre de gravité différents de ceux qui étaient sortis du congrès de Toulouse, qui soutiendra ou non les réformes que compte bien poursuivre l'exécutif. «Si la motion A faisait 60 %, Hollande et Valls seraient vraiment très contents», glisse un élu. Le président et le premier ministre se gardent bien évidemment de tout pronostic. «Il nous faut une majorité claire» pour la motion A de Cambadélis, martèle-t-on à l'Élysée, sans plus de précision.

Que faut-il entendre par «majorité claire»? «Plus de 50 % des voix pour la motion A», répondent bon nombre de socialistes engagés dans cette motion aux côtés de Valls. Cet objectif manque bien évidemment de souffle et d'ambition. Comme si l'exécutif voulait se prémunir d'un trou d'air dans le parti. Ou jouait à se faire peur pour mieux se réjouir une fois les résultats connus.

Anne Rovan Le Figaro :: lien

http://www.voxnr.com/cc/politique/EuFEAuplkAdSkayNqS.shtml

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