L'accord doit être validé mardi prochain par le bureau politique des Républicains. Mais la direction de l'UDI dément avoir participé aux négociations.
Annoncé dans toute la presse ce jeudi, l'accord imminent entre l'UDI et Les Républicains pour faire liste commune à l'occasion des prochaines élections régionales sème la discorde au sein du parti centriste. En effet la rue de Vaugirard a consenti à laisser la tête d'une liste à Hervé Morin en Normandie, à Philippe Vigier dans le Centre-Val de Loire et à François Sauvadet en Bourgogne. S'il est élu, François Sauvadet s'engage à laisser sa place de président du conseil départemental de la Côte d'Or au Républicain François-Xavier Dugourd, élu de Dijon.
L'affaire semble pliée et l'accord devrait être entériné mardi prochain par le Bureau politique des Républicains. Problème: ces tractations ont été menées sans que le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde n'ait vraiment son mot à dire. Et la direction du parti centriste dément formellement ce jeudi que les conditions soient réunies pour un accord au niveau national. «Lagarde n'a joué aucun rôle dans ces négociations», confirme au Scan un parlementaire UDI.
Mardi dernier, à l'occasion du bureau exécutif de l'UDI, la motion que Jean-Christophe Lagarde a fait adopter était pourtant claire: «Le bureau exécutif mandate son président, Jean-Christophe Lagarde, pour mener les négociations avec ‘Les Républicains' afin d'atteindre ces objectif». «Cette union ne peut être possible que si elle est équilibrée, juste et équitable», proclame encore la motion. Un point qui n'a semble-t-il pas été atteint: «Les conditions pour un accord ne sont pas réunies pour le moment», affirme au Scan Jean-Christophe Lagarde. «Ces conditions portent sur deux aspects: trois têtes de listes à l'UDI dans les régions où nous sommes le mieux implantés et une proportion de militants UDI dans les listes qui corresponde à nos résultats locaux. Sur le premier point, il semble que nous allions dans le bon sens, mais je n'ai pas d'information sur le reste, il n'y a donc aucune forme d'accord national. Je ne demande pas plus que ce représente l'UDI mais je n'accepterai pas moins», tranche le chef de file de l'UDI, qui indique n'avoir eu aucun échange avec Nicolas Sarkozy depuis une semaine.
Lagarde exclu du dialogue avec Les Républicains
Le député de Seine-Saint-Denis a moyennement apprécié les commentaires dans la presse qui visent selon lui à saper son autorité, et qui seraient orchestrées par Hervé Morin et Les Républicains. «Si certains veulent discuter les équilibres locaux dans leur région, ça me va très bien. Mais ni Morin, et d'ailleurs ni Vigier ni Sauvadet, n'ont été mandatés pour négocier au nom du parti», relève Jean-Christophe Lagarde.
Agacé par l'ultimatum du président de l'UDI qui souhaitait conclure «dans les dix jours», Nicolas Sarkozy a préféré négocier directement avec les candidats UDI. «Avec Sauvadet et Vigier, nous avons un échange direct avec Nicolas Sarkozy depuis un moment. Jean-Christophe Lagarde n'a pas le monopole du dialogue», admet volontiers Hervé Morin, président du Nouveau centre, et candidat malheureux à la succession de Jean-Louis Borloo. Auprès du Scan, il se défend d'avoir voulu «doubler» la direction de l'UDI. «Si j'en crois ce que dit la presse, nous sommes effectivement sur le bon chemin pour conclure un accord. Les conditions sont réunies avec une répartition des têtes des listes grosso modo 1/3 pour le centre et 2/3 pour les Républicains, qui correspond à l'équilibre des forces politiques. Après si Jean-Christophe Lagarde veut dire qu'il n'y a aucun accord, c'est sa responsabilité», s'agace l'ancien ministre.
Quel a été le prix demandé par le patron des Républicains en échange des trois têtes de listes? Hervé Morin le dévoile volontiers: «Nicolas Sarkozy nous a demandé un engagement sur notre soutien à la participation du centre à la primaire. Je pense qu'il n'y a de toutes façon pas d'autre voie possible». De quoi accroître encore l'agacement du côté de la direction de l'UDI. «C'est leur position depuis six mois, la belle concession!, tacle Jean-Christophe Lagarde. Et ils ne peuvent pas avoir pris d'engagement sur la primaire puisque la décision d'y participer ou non doit être soumise au vote du congrès, début 2016!».«Si Hervé Morin passe des accords dans son coin, c'est qu'il n'est plus à l'UDI», tranche-t-il.
Demeure une interrogation de taille: le maintien de la candidature de Chantal Jouanno en Ile-de-France. «Le sujet reste en suspens. L'arrivée de Bartolone dans la campagne change évidemment la donne. Un accord global entre les Républicains et l'UDI pourrait avoir pour conséquence notre retrait mais pour le moment elle est maintenue, j'attends de voir», indique Jean-Christophe Lagarde. Une chose est sûre, au-delà de l'accord avec Les Républicains, il restera aux centristes à trouver un terrain d'entente en interne.
Marc de Boni
source : Le Figaro :: lien