Alors que le délai de remboursement accordé à la Grèce par le Fonds monétaire international (FMI) prenait fin ce mardi soir à minuit, Athènes a fait défaut sur sa dette. Et devient ainsi le premier pays développé à accumuler des arriérés de paiement vis-à-vis de l'institution de Washington.
Au terme d'une journée riche en rebondissements, la Grèce a fait défaut sur sa dette vis-à-vis du Fonds monétaire international (FMI), ce mardi. Comme attendu, Athènes n'est pas parvenu à honorer le remboursement de 1,5 Mds€ dû avant minuit (heure de Paris), ce mardi, à l'institution de Washington.
Dans le courant de la journée, le gouvernement grec s'était avoué incapable de rembourser, demandant soudainement (et in extremis) l'extension pour deux ans de l'aide européenne et la reprise des négociations, mais aussi un report du paiement dû au FMI. Le première requête à donné lieu à une réunion de l'Eurogroupe, qui reprendra ses discussions ce mercredi. La seconde sera examinée par le conseil d'administration du FMI «en temps utile».
Athènes demande une extension du plan d'aide européen... Dans le courant de l'après-midi, après avoir reconnu qu'elle ne réglerait pas l'échéance qui échoit ce mardi minuit, la Grèce a soudainement demandé l'extension pour deux ans de l'aide européenne et la reprise des négociations, créant une confusion totale chez ses créanciers. Dans un communiqué intitulé «requête au MES» (mécanisme européen de stabilité), le gouvernement de la gauche radicale d'Alexis Tsipras a affirmé souhaiter «rester à la table des négociations». Plus particulièrement, Athènes demande un accord sur deux ans «pour la couverture complète de ses besoins financiers et la restructuration de la dette». Dans la foulée, l'Eurogroupe s'est réuni en urgence lors d'une téléconférence extraordinaire. Les ministres des Finances de la zone euro, qui ont discuté par téléphone de cette nouvelle demande de la Grèce, reprendront leurs travaux mercredi matin. Mais selon le ministre slovaque des Finances, la zone euro a d'ores et déjà refusé d'étendre le programme d'aide financière à la Grèce.
... et fait défaut sur sa dette vis-à-vis du FMI. Lors de cette téléconférence, la Grèce a par ailleurs demandé au FMI un report du remboursement de quelque 1,5 Mds€ dû d'ici minuit ce mardi. «Nous avons déposé au FMI une demande afin qu'il prenne l'initiative de reporter le paiement au mois de novembre», a confirmé le vice-Premier ministre grec Ioannis Dragasakis, au cours d'une intervention télévisée. Athènes utilise ainsi une disposition de la charte du FMI qui permet «à la demande d'un Etat-membre» et sans vote de «reporter» la date d'un remboursement dans la limite de 3 à 5 ans. Le conseil d'administration du Fonds se réunira «en temps utile» pour approuver ou non ce report. En attendant, la Grèce a fait défaut sur sa dette vis-à-vis du Fonds monétaire international, en n'honorant pas le remboursement dans le délai imparti. Athènes devient ainsi le premier pays développé à accumuler des arriérés de paiement vis-à-vis du FMI et n'a désormais plus accès aux ressources financières de l'institution qui, de son côté, essuie le plus grand défaut de son histoire.
Vers une suspension du référendum ? Selon le Premier ministre de Malte, Jospeh Muscat, Athènes a proposé de suspendre son référendum si les négociations reprenaient avec l'Union européenne. Le quotidien Die Welt, qui ne cite pas ses sources, affirme pour sa part que le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a indiqué à ses partenaires de l'Eurogroupe, lors de la téléconférence de ce mardi soir, que la Grèce était prête à suspendre son référendum «si ses collègues des finances s'entend(aient) rapidement avec lui». Une source européenne proche des discussions a par ailleurs indiqué qu'Athènes n'excluait pas une telle suspension. «Le gouvernement grec cherchera jusqu'au bout à obtenir une solution viable à l'intérieur de l'euro», précisait le communiqué des services du Premier ministre grec diffusé dans l'après-midi. Dans la journée, la chancelière Angela Merkel avait fait savoir que l'Allemagne n'était pas prête à discuter d'une nouvelle demande d'aide d'Athènes avant la tenue d'un référendum en Grèce dimanche.
Manifestation à Athènes en faveur du «oui». Alors que se tenait la téléconférence de l'Eurogroupe, au moins 20 000 personnes, selon la police, étaient rassemblées à Athènes pour soutenir le «Oui» au référendum. Ces manifestants, la plupart hostiles au gouvernement de gauche radicale du parti Syriza, se sont réunis sur la place du Parlement à l'appel d'une initiative baptisée «Nous restons en Europe». Ils ont également exprimé également leur crainte d'une sortie de la Grèce de la zone euro en cas d'échec du gouvernement à s'accorder avec ses créanciers UE et FMI.
Les marchés européens restent très méfiants. Les Bourses européennes ont clos la séance de ce mardi en baisse, toujours méfiantes sur la situation en Grèce malgré de possibles tractations de dernière minute. Au lendemain d'une séance de très nette baisse, la Bourse de Paris a de nouveau perdu du terrain. L'indice CAC 40 a perdu 79,62 points à 4790,20 points (-1,63%). La veille, il avait chuté de 3,74%, déjà plombé par les incertitudes grecques. Parmi les autres marchés européens, Francfort a lâché 1,25% et Londres 1,50%. L'euro aussi s'affichait lui aussi en recul, ce mardi. Aux environs de 23 heures (heure de Paris), la monnaie unique européenne valait 1,1139$, contre 1,1247$ lundi à la même heure.
source : Le Parisien ::lien
Commentaires
C'est vraiment l'ère des marchands de tapis...