Reçu hier en grande pompe au Bénin, le président de la République française poursuit aujourd’hui et demain une tournée africaine qui le conduira successivement au Cameroun, où il rencontrera son collègue Paul Biya, puis en Angola, où il sera accueilli par le président Dos Santos.
Ce faisant, François Hollande inscrit ses pas dans les traces de tous ses prédécesseurs depuis Charles de Gaulle. Sur le continent noir, il ne sera pas plus que ceux-ci le représentant des valeurs qu’est censée incarner la France, mais le commis voyageur de ses intérêts.
Il serait puéril de s’en étonner, et inutile de s’en scandaliser. La diplomatie ignore la morale et le réalisme y prévaut depuis toujours sur les considérations éthiques, humanitaires ou simplement démocratiques. Le sous-sol angolais regorge d’hydrocarbures. Le président camerounais a fortement contribué à la libération d’une famille française prise en otage par Boko Haram. Ses forces armées, aux côtés de l’armée tchadienne, participent à la lutte contre la secte djihadiste. Son pays est une base arrière de l’opération Sangaris. On comprendra aisément, dans ces conditions, que le chef de l’État français ne soit pas plus regardant que ses devanciers et que ses homologues étrangers sur les voies et moyens par lesquels M. Biya et M. Dos Santos ont accédé et se maintiennent au pouvoir, le premier depuis trente-sept, le second depuis seulement trente-six ans.