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Entrevue #20: Gabriele Adinolfi à propos de l'actualité européenne

1) Le Cercle Non Conforme : La Grèce est au cœur de l'actualité. Quel est votre sentiment sur la stratégie de Tsipras et quelles solutions voyez-vous pour la Grèce et l'Europe?

292120785.jpgGabriele Adinolfi: Tsipras n'a aucune stratégie. Il répond à deux patrons: son principal sponsor, Soros, qui finance Syriza depuis 2012, c'est à dire qu'il a été transformé en un cartel electoral efficace, et puis sa base qui est formée par les fonctionnaires parasitaires. C'est plutot le FMI, que Tsipras, qui dicte la ligne en Grèce. Tsipras, commis des banquiers, en particulier des WASP, joue son rôle dans la comédie, exactement comme le font en Italie Grillo, en Espagne les harpies de Podemos et en Angleterre Farrage. Tous des fantoches de Soros et/ou de Rotschild.

Pour l'instant, gérée comme elle l'est, la Grèce n'a pas d'issue: elle sera ruinée hors de l'€uro et dans l'€uro. Comme le dit très justement l'Aube Dorée, qu'on continue de nous montrer comme un mouvement d'excités, mais qui est, tout au contraire, l'un des rares partis politiques concrets et sérieux dans tout l'Occident, il faut d'abord changer de politique économique et sociale en Grèce et après discuter du sexe des anges.

2) Le C.N.C : Êtes-vous favorable au maintien de l'€uro et comment voyez-vous l'avenir de l'Eurozone?

G.A. : Dans mon livre de poche L'Europe, sorti ce printemps par Synthèse Nationale [NDLR: lire notre chronique ICI et voire la vidéo de la conférence à Bruxelles ICI) j'écrivais:

“Quant à moi, je suis favorable au maintien de l’€uro mais avec d’autres paramètres. S’agissant ici d’une proposition dynamique, nous éviterons de nous fossiliser, en laissant place à d’autres solutions pourvu qu’elles répondent à la même logique.

Partons de la BCE et du SEBC qui représentent respectivement la locomotive de l’UE et l’organe d’émission monétaire auquel participent les banques nationales (ainsi sont-elles nommées).

Il est inacceptable que la BCE soit un organe indépendant de la politique et qui n’ait l’obligation de garantir la dette publique des nations européennes qui ne sont pas absorbées par les marchés.

Pour sa réforme nous nous approprierons quelques propositions.

On peut proposer par exemple l’élection de la majorité des membres du conseil de la BCE par les parlements nationaux, faisant ainsi cesser le mensonge de l’indépendance de la BCE alors que celle-ci est totalement dépendante de divers clubs financiers. Rappelons que la banque centrale de la deuxième plus grande économie mondiale - la Chine - est totalement soumise à une nomination politique.

En outre il est opportun de faire pression afin que l’objectif de fond de la BCE passe de « stabilité financière et contrôle de l’inflation » à « croissance du PIB », en y incluant l’équité sociale.

En réalité l’équation devrait être tridimensionnelle : croissance économique, stabilité financière et équité sociale. Le poids des respectifs coefficients devrait être à raison de 50 : 30 : 20, compte tenu de l’actuelle pondération qui équivaut à 0 : 100 : 0.

Il faut proposer également que la BCE garantisse toutes les émissions en monnaie.

Nous irons même au-delà en proposant la nationalisation effective de toutes les banques nationales et par conséquent celle de la BCE même qui, de fait, n’est qu’un conseil d’administration, les BC nationales en étant les actionnaires. Ainsi, la BCE finirait par appartenir automatiquement au peuple de l’Europe Nation.

Une logique corporative et confédérée devrait être celle de la BCE qui, comme nous l’avons déjà affirmé, devrait avoir comme objectif primaire la réquisition des titres de dette en possession étrangère afin de rendre l’Europe, ainsi que ses composantes, indépendante de l’usure et de la dictature de la caste cosmopolite.

L’indépendance se base sur la souveraineté monétaire mais également sur celle militaire, énergétique, satellitaire, environnementale et de la santé. Il n’est guère possible qu’une telle indépendance s’obtienne sans l’instauration d’un véritable pouvoir fort.”

Ce n'est pas tout, je suis favorable à une Europe à la fois impériale et confédérée, telle que l'avait imaginé de façon visionnaire Drieu La Rochelle il y a déjà quatre-vingt-dix ans. Une Europe des nations, des patries, mais surtout de l'esprit et d'un ADN pluri-millénaire qui fonda la civilisation. Aujourd'hui, plus qu'à l'époque où la France avait encore un sens et une force, il n'y a pas d'avenir sans un bloc de puissance, fondé sur de racines profondes, qui ne gèlent jamais.
Je ne suis pas du tout un inconditionnel de l'€uro mais à ceux qui s’élèvent contre lui au nom d'une comptabilité petite-marchande et très provinciale, souvent dépassée par les dynamiques historiques, je rappelle que les USA ont déclaré la guerre à tous les pays, à tous le gouvernements et à tous les hommes politiques (y compris Strauss-Kahn) qui ont essayé de donner un status important à l'€uro.
C'est contre l'Europe et non pas contre les BRICS que New York se bat en priorité. Je ne sais même pas si New York se bat réellement contre quelqu'un d'autre que l'Europe puissance en puissance.

Quant à l'avenir de l'Eurozone, c'est à voir. Il suffit d'écouter Soros lui même et les porte-parole de Rotshchild qui nous expliquent quels sont les enjeux réels de la crise, qui ne concernent pas le peuple grec, de qui tout le monde se fout, mais l'Allemagne qu'on veut obliger à renoncer à son leadership qui se montre trop autonome vis-à-vis des Etats-Unis, vu qu'elle est favorable à l’émancipation européenne dans tous les domaines, espace compris, et qui ne veut pas renoncer à l'ouverture à la Communauté Economique Euro-asiatique. La Merkel, à la veille de l'affaire de la Germanwings, était en train d'organiser une intervention navale européenne de défense dans la Méditerranée et vers l'Afrique du Nord. Or Soros l'a dit carrément: on trouvera une solution seulement si l'Europe se durcit à l'est et si sa société est plus ouverte: c'est à dire toujours plus d'immigrés. Du reste dans le programme de Tsipras, il y a la proposition de concéder la nationalité à un million d'immigrés, avec une population de onze millions de Grecs.

3) Le C.N.C. : Sur un autre sujet, mais qui n'en est pas moins important, quelle est actuellement votre position sur le conflit en Ukraine et sur la Russie de Poutine ?

G.A. : Je ne reviendrai pas sur la question ukrainienne, j'ai toujours dit que la fierté d'un peuple ne se troque pas dans une logique d'intérêt, mais qu'on peut se battre tout en ayant dans la tête une issue stratégique autre que d'être les pantins d'autrui. Pour ceci j'ai toujours soutenu Pravy Sektor et le Bataillon Azov, autant que je soutiens l'Aube Dorée. Contre Poroshenko et Tsipras d'abord, et surtout ! (Lire ICI)

Il ne faut pas trop schématiser ce qui se passe en Ukraine, ceci dit nous avons deux sujets européens qui jouent la dedans, l'un comme pacificateur: Berlin à qui nous devons les accords de Minsk, l'autre comme incendiaire: Londres qui veut pousser l'OTAN toujours plus à l'est.

La Russie de Poutine s'arrange au jour le jour. Elle a du sa puissance à son président mais aussi au prix du gaz et du pétrole gonflé par les effets de la stratégie américaine prévue en 1997 dans le rapport Cheney et dont les Russes ont bénéficié jusqu'en 2011.Par la suite, les Américains sont passés à la vitesse supérieure et aussi à l'impérialisme énergétique. Ils sont aujourd'hui en train de coloniser dans ce sens l'Europe du sud-ouest en laissant aux Russes exclusivement le nord-est via l'Allemagne. En plus l'effondrement financier russe et la grande crise économique ont joué sur les choix tactiques du Kremlin qui n'a pas neutralisé les agissement de Soros à Kiev en favorisant au contraire que la montée de tension dès qu'elle a commencé à se manifester. La Russie a accepté en revanche un partage qui lui est assez favorable car elle laisse la partie ouest ukrainienne moins riche et plus coûteuse.
Ceci dit la Russie cherche une issue, parce que sinon la Chine l'avalerait. Les États-Unis ne lui concéderont pas exactement un nouveau Yalta, vu que Moscou est largement tierce, dépassée par la Chine. Il ne lui reste que l'entente avec l'Europe parce que les contrats signés avec la Chine et maintenant la Turquie, l'Arabie Saoudite, etc. ne la rendent pas puissante. Ce qui se vérifierait si elle changeait de cap. Seulement, l'axe Paris-Berlin-Moscou a été cassé par la trahison française, qui persiste aussi à être commise par les pro-russes d'aujourd'hui, tel le Front de Marine qui, consciemment ou pas, se retrouve dans le parti anglais et non allemand, et donc est objectivement un parti anti-russe, quoiqu'il en dit. Parce que la seule prospective de l'Europe est d'avoir une entente positive avec la Russie, par la diplomatie et l'industrie allemande. Donc, en attaquant l'Allemagne on se résigne à être les vassaux des États-Unis.

4) Le C.N.C. : Quelles réflexions sur l'Europe vous inspire la situation grecque et la situation ukrainienne ? Que pensez-vous du rôle de l'Allemagne et de celui de la France ?

G.A. : Comme le dit parfaitement Soros: la Grèce rejoint l'Ukraine dans le flancs de l'Europe. Seulement à l'inverse des raisonnement simplistes qu'on a tendance à faire, c'est Syriza qui est jouée contre l'entente germano-russe et pas le contraire. Les liens entre la Russie et Syriza ne doivent pas nous duper, il s'agit d'une realpolitik de deux cotés mais à Athènes c'est Soros qui commande.Pour pacifier à l'est, l'Allemagne a du accepter de promouvoir les sanctions anti-russes, ce qui nous a nuit et qui a permis aux Américains de doubler leurs exportations vers la Russie. C'est donc une guerre contre l'Europe dans laquelle la Russie est objectivement complice mais qui est aussi contraire à ses intérêts.Or Soros nous annonce que ce n'est pas suffisant...Du reste, cette stratégie d’étouffement de l'Allemagne, qui est aussi une stratégie anti-russe, vise aussi à mettre hors-jeu le dernier pouvoir étatique, industriel et social en Europe pour assurer la domination absolue de la BCE où, personne ne le remarque jamais, les Allemands et ses alliés sont en minorité. Syriza joue contre Berlin et Moscou. Les Russes soutiennent politiquement les partis “souverainistes” anti-allemands comme le FN de Marine ou la Lega de Salvini seulement depuis qu'ils ont renoncé à la ligne euro-russe, avant ils soutenaient l'€uro et Strauss-Kahn. Les partis eurosceptiques ne sont pas payés par la Russie mais par les banques russes qui financent à un taux d'intérêt double par rapport aux taux habituels.

Il y a beaucoup des choses à faire. Il nous faut une force révolutionnaire qui oblige l'Allemagne à prendre autrement le timon de l'Europe et non pas une dialectique réactionnaire et de clocher anti-allemande et anti-européenne.

Regardez, l'histoire se répète, dans un autre système, cela va de soi, mais nous sommes à nouveau en '40. La force de l'Allemagne et le rêve de l'Europe ont été assurés, encore une fois, par l'accord germano-russe. Qui sert non seulement les intérêts allemands mais aussi les nôtres.
Les Anglo-américains mettent tout en place pour que les Allemands et les Russes se combattent.
La France, en retard historique, se divise entre un “parti” allemand et un “parti” anglais. Et c'est dommage que les nationalistes français en large partie soient séduits par une caricature gaulliste plutôt que de se comporter en “nouveau Darnand”.
L'Allemagne commet toujours les mêmes erreurs: pas de flexibilité, aucune séduction médiatique et une insistance à convaincre les Anglais à coopérer avec elle, alors que les Britanniques la dupent et la neutralisent. L'allié traître de Berlin, l'Italie, s'apprête à la trahir de nouveau. C'est Draghi qui en principe devrait assurer la victoire anglo-saxonne contre l'Europe germano-russe. N'oublions pas enfin que dans la Pologne, les pays baltes, etc. dans lesquels subsistent la plupart des mouvements de troisième voie sur une ligne ni USA ni Russie, ce qui est prometteur.
En pleine campagne à l'est les Anglo-américains ouvrent un front en Grèce. L'histoire sera maîtresse de vie comment l'on dit, mais personne n'en est l'élève.

http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2015/07/14/entrevue-20-gabriele-adinolfi-a-propos-de-l-actualite-europe-5656570.html

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