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Terrorisme : le débat autour des fiches S

Dans les mois écoulés plusieurs attentats terroristes, plus qu'abominables, commis en France ont ensanglanté le pays et bouleversé l'opinion.

Or, on a constaté que, parmi leurs auteurs, qu'il est toujours de bon ton de qualifier de "suspects", "présumés", "soupçonnés" on connaît les identités respectives de :

- Yassin Salhi "suspect" [appréhendé sur les lieux] de l'attaque à Saint-Quentin-Fallavier le 26 juin
- Ayoub El-Khazzan "auteur présumé" de l’attaque commise dans le TGV Thalys le 21 août
- Sid Ahmed Ghlam, "soupçonné" d'avoir tué une femme d'un projet d'attentat contre une église de Villejuif le 19 avril
- Amedy Coulibaly délinquant multi-récidiviste français, passé au terrorisme islamiste pour devenir l'un des auteurs des attentats de janvier 2015
- les frères Chérif et Saïd Kouachi auteur du massacre de "Charlie Hebdo" le 7 janvier.

Parmi les traits communs à ces individus on a pu remarquer qu'ils avaient tous été fichés "S" par les services de renseignement français. À l'époque de l'affaire Merah certains y avaient vu la déconnection entre le renseignement et la répression, et, pourquoi pas une guerre des polices.

La diffusion de cette information a engendré, sans surprise, des réactions d'indignation des protestataires partisans de méthodes expéditives. "Yaka" expulser tous les bénéficiaires d'un fiches S.

Moins radical que d'autres, plus moderne et technologique sans doute, le député des Alpes-Maritimes Christian Estrosi envisage l'utilisation de bracelets électroniques. Ceci aurait sans doute pour effet de signaler très officiellement à tous ces suspects qu'ils sont surveillés etc.

On les compte en principe environ 5 000, quoique le député socialiste Jean-Jacques Urvoas président de la Commission des lois, et spécialistes de ces questions au sein du parti gouvernemental, ait pu évoquer sur son blog un nombre de 10 000.

En réalité la question semble mal posée : le fichage des individus, institué en France depuis 1969 sous le sigle FPR, Fichier des personnes recherchées, touche environ 400 000 personnes réparties en 21 catégories. Ce fichier technique est exclusivement destiné à l'usage forces de police et il peut circuler en dehors de nos frontières, dont on peut rappeler aussi la faible étanchéité.

Les "S", c'est-à-dire les gens que les bureaux de la DCRI jugent susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l'État n'en constituent qu'une partie infime. Mais, dans leur cas, comme dans pratiquement tous les autres cas, il s'agit de listes administratives et non judiciaires, établies dans un but pratique sans aucune conséquence coercitive, en dehors d'exceptions comme "V", les personnes évadées, etc.

En l'état il est assez clair que ces listes ne sont pas adaptées au désir "d'expulsion" manifesté par les adeptes du "Yaka".

On peut et on doit par conséquent demander une surveillance plus active et plus opérationnelle des "S", un traitement particulier des suspects d'activités terroristes, une moindre promptitude à sortir des listes sensibles les probables "agents dormants" et une meilleure définition commune dans le cadre de l'Europe des polices.

Il existe d'excellents penseurs de la chose militaire pour nous dire que "nous ne sommes pas en guerre" car "nous sommes malades" : ce n'est malheureusement pas incompatible, d'autant plus que la maladie ronge particulièrement le cerveau des élites qui nous dirigent.

À l’époque de la guerre d'Algérie, – pardon : il fallait dire alors "les événements" – les esprits lucides dénonçaient la collusion "entre ceux qui nous dirigent et ceux qui nous combattent". Les choses ont-elles tellement changé ?

JG Malliarakis

http://www.insolent.fr/

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