Dans sa présomption et son incurable narcissisme, Nicolas Sarkozy pensait que, pour son opération « revanche 2017 », le fait qu’il ait été président était un atout ; or, c’est un boulet qu’il traîne et qui s’alourdit à mesure qu’approche l’échéance des primaires. Il croyait que, auréolé de son statut d’ancien chef de l’État, il allait naturellement s’imposer à ses rivaux, lesquels s’inclineraient devant lui tandis que le peuple rassemblé, las de Hollande et repentant pour l’avoir congédié, allait saluer le retour du sauveur. Or, lui qui croyait être à l’honneur est à la peine !
Son boulet, c’est son bilan, ce qu’il a fait comme ce qu’il n’a pas fait. Jamais, pour ce nouveau départ qu’il veut couronner d’une belle arrivée, il n’a formulé quelque autocritique. Il vient juste de concéder du bout des lèvres devant des agriculteurs en colère que, peut-être, on a un peu trop chargé la barque du Grenelle de l’environnement. C’est peu pour cinq ans de règne.
Dès lors, chaque fois qu’il présente une proposition, formule une promesse, esquisse un projet pour demain, on lui demande : pourquoi ne l’avez-vous pas fait hier ? Ce sont surtout les électeurs qui, avec bon sens, posent la question, car la presse, qui aurait là un vaste champ d’interrogations, le ménage. On ne sait jamais, l’homme est vindicatif et on ne peut totalement exclure qu’il éructe de nouveau un jour à l’Élysée.
Ainsi, dans son interview-fleuve au Figaro sur la crise des « migrants », n’a-t-il été interpellé dans ce sens qu’avec parcimonie. Quand l’ex-chef d’État explique que ceux qui sont accueillis aujourd’hui, chez elle, par son amie Merkel, seront demain chez nous, parce que « La France garde des allocations sociales supérieures à celles de ses partenaires de Schengen », il a raison, mais que ne les a-t-il diminuées quand il était au pouvoir !
Il veut supprimer l’Aide médicale d’État qui permet aux clandestins de se faire soigner gratis. Bravo ! Non seulement il n’en a rien fait lorsqu’il le pouvait, mais il a combattu ceux qui le lui demandaient, telle Marine Le Pen, pour « ne pas remettre en cause cette générosité française ». Tout le monde sait que, depuis la calamiteuse décision de Giscard, le regroupement familial est la principale source de l’immigration légale. Sarkozy veut maintenant le limiter – sans revenir sur le principe ; qu’est-ce qui l’a empêché de le faire dès 2007 ? Le souci de ne pas contrarier son ouverture à gauche, la crainte d’être stigmatisé par les intellos branchés amis de son épouse. Il se dit aujourd’hui favorable à une « adaptation du droit du sol » après avoir prôné son maintien et dénoncé violemment le Front national prônant son abolition.
Déchoir les djihadistes binationaux de la nationalité française est désormais à son programme. Bonne idée, mais qu’il a déjà eue, en 2010, lors de son célèbre discours de Grenoble et qui n’eut aucune suite : il a reculé devant le tollé suscité à gauche. Nous pourrions continuer longtemps ainsi. Les Français se souviennent de tout cela en le regardant repasser les plats réchauffés de ses promesses non tenues.
Guy Rouvrais