L'offensive médiatique des trois principaux prétendants à l'investiture pour 2017 s'intensifie à quatorze mois du scrutin.
Simple coïncidence? «Qui le croira?, ironise un cacique du parti les Républicains. Quoi qu'ils en disent, ils ne pensent qu'à ça, ne travaillent qu'à ça, ne se préparent qu'à ça. Alors forcément les frictions vont être de plus en plus nombreuses.» Mettant un terme à une rentrée laborieuse de l'opposition, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon ont, en quelques jours, basculé dans une nouvelle phase de la primaire qui les oppose. Aux «petites phrases», dont chacun jure se prémunir, répondent des «manœuvres byzantines». Sans que rien ne soit pleinement assumé, régionales obligent.
L'initiative revient à Nicolas Sarkozy, qui, mercredi, a lancé une consultation interne au parti sur les propositions de nouvelle politique de l'immigration qu'il défend. «Tout cela est cousu de fil blanc, estime un proche de François Fillon. Il a présenté des options - bonnes ou mauvaises, peu importe - avec lesquelles il est certain d'obtenir l'assentiment des militants. Et mardi, au bureau politique, il se trouvera en position de force face à Juppé tout en ayant siphonné les idées de Fillon.» Les juppéistes, de leur côté, estiment qu'il n'y a pas malice «à consulter les militants comme Sarkozy s'y était engagé». Mais ils regrettent, tout de même, le manque de concertation et la précipitation de la procédure. «Les Républicains tiendront le premier bureau politique de la rentrée le 22 septembre, c'est un peu tard, surtout avec l'actualité du moment», regrette un parlementaire. «Il aurait été appréciable qu'on en parle au bureau politique avant que les militants soient amenés à se prononcer de manière à ce que le questionnaire soit conçu en commun et préserve l'unité du mouvement, comme Nicolas Sarkozy s'y est engagé», déplore pour sa part un conseiller d'Alain Juppé.
«Un suspense intolérable»
La copie sur l'immigration - comme celle sur les 35 heures annoncée pour dans quelques semaines - alimentera le projet d'alternance que le président des Républicains veut établir d'ici à l'été prochain et qui engagera, a-t-il rappelé samedi au Touquet, tous les candidats à la primaire. À voir. «Il n'y a pas de raison de voir les candidats contraints par un projet défini par Les Républicains, évacue un juppéiste. Imagine-t-on Nicolas Sarkozy être contraint de se soumettre au programme défini par l'UDI?»
La candidature de Nicolas Sarkozy, il n'en est pourtant pas officiellement question. «Rendez-vous en septembre 2016», explique-t-il au Parisien. «Je suis bouleversé. C'est un suspense intolérable», a ironisé Alain Juppé, quelques heures plus tard sur France Info.
Dans ce contexte, la parution du nouveau livre de François Fillon, Faire ,est peu susceptible de détendre l'atmosphère. L'ancien premier ministre y présente les grandes lignes de son projet pour la France, mais règle aussi quelques comptes avec le passé. «La liberté est une rupture», a-t-il d'ailleurs choisi pour exergue. La citation - non signée - est de François Mitterrand. Elle semble pensée pour cet ancien premier ministre qui entend aujourd'hui faire mieux que l'ancien chef de l'État et aller plus loin dans les réformes. Un droit d'inventaire qui, à l'évidence, ne plaira pas au principal intéressé.
Jean-Baptiste Garat
notes
Immigration: les militants adoptent le projet
Une approbation massive. Les 53.000 militants du parti les Républicains qui ont participé à la consultation lancée par Nicolas Sarkozy ont approuvé chacune des douze propositions soumises à plus de 90 % des voix. La proposition concernant la création de «centres de rétention, à l'extérieur de l'Europe, pour empêcher les drames en Méditerranée » a obtenu 91,4 % des suffrages. Record pour la douzième question portant sur l'obligation pour un étranger de faire la preuve, non seulement de son intégration, mais aussi de son assimilation pour obtenir la nationalité française: la mesure est approuvée à 97,4 % des voix. C'est notamment l'un des points sur lequel le désaccord était le plus patent entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé.
source : Le Figaro :: lien